Et sinon, Java bien !
Salemat Pagi (enfin, « pagi », c’est selon l’heure à laquelle vous lisez le blog – là on va dire que c’est le matin, donc : Pagi !) Ami Lecteur !
Il parait que les meilleurs souvenirs d’un voyage proviennent des plus grosses galères…
Et celui-ci promet de laisser donc un souvenir fantastique !
En effet, après avoir quitté le bureau – un peu précipitamment – le vendredi soir, un rapide détour chez moi, une correspondance courte (mais réussie) à Roissy (je précise « réussie », car Roissy est quand même le meilleur aéroport du monde pour se tromper de terminal, courir dans les couloirs à la recherche de son vol, ou encore avoir ses bagages qui arrivent sur le vol d’après… voire le vol après le vol d’après ! et encore quand ils arrivent entiers… comment ça j’exagère ?), j’arrivai le samedi soir à 18h30 à Singapour aussi frais que le permettent 12h de vol en classe éco (bien tassée), un petit décalage horaire de 7h et le passage en douane (assez efficace, enfin sauf dans ma file d’attente, bien sûr…) qui s’impose !
Juste le temps de profiter d’une courte pose à Singapour (encore merci Sophie et Stuart pour votre super accueil !!!), me revoici à l’aéroport le dimanche matin tôt et en super forme (heuuuu), direction Jakarta, capitale de l’Indonésie !
Aaaah L’Indonésie… La partie ouest de la ceinture de feu du Pacifique !
Mais avant d’aller plus loin dans le récit de mes « aventures », une petite présentation géographique rapide, juste pour situer : Véritable trait d’union entre le sud-est asiatique et l’Australie, soit entre l’équateur et le tropique du capricorne, l’Indonésie est composée de milliers d’iles volcaniques (il y a entre 17 et 20 000 iles !), dont certains volcans sont toujours en activité, en particulier un, le Merapi, qui trouve le moyen de faire le malin avant mon départ et s’illustre dans l’actualité depuis quelques semaines (oui, j’ai failli ne pas partir). Avec plus de 240 millions d’habitants – parlant plus de 300 langues – elle arrive 4e au classement des pays les plus peuplés.
Java, l’île centrale, est la plus dense avec 134 millions d’habitants (soit 1000 personnes/km²), mais elle est bien aidée en cela par la capitale, puisque Jakarta regroupe à elle seule 12 millions d’habitants… Et si on compare avec la Papouasie (Nouvelle Guinée) et ses 4 personnes par km², ça illustre bien les contrastes du pays.
Mais ce qui est le plus intéressant (si si…), c’est la diversité qu’elle propose : aussi bien en termes de paysages (de la dense forêt tropicale à l’aridité des flancs volcaniques, sans oublier les plages de sable blancs aux eaux limpides), qu’ humaine (chaque île, depuis Sumatra a la Papouasie en passant par Java ou encore Bali, a ses spécificités), que végétale (rien que 28000 espèces de fleurs identifiées, et encore, il en reste), qu’animale terrestre (donc les célèbres dragons de Komodo, les orang-outangs et le tigre de Sumatra – en voie de disparition…), voir sous-marine (c’est dans cette partie du monde qu’apparaissent la plupart des espèces, avant de partir coloniser, avec plus ou moins de succès, les océans).
Quand à l’histoire du pays, entre présence des Portugais, des Hollandais (dont la présence tardive a laissé de nombreuses constructions encore visibles et utilisées, telles que des routes, des bâtiments années 30…), des arabes (venus pour le commerce et qui ont fortement converti la population a l’Islam) et par les Japonais, avant d’avoir leur indépendance, elle est trop compliquée pour la résumer ici (et en plus, ce n’est pas l’objet du blog…).
Enfin, ce petit aparté effectué, retournons donc à des considérations nettement plus importantes : Moi !
La correspondance et les formalités douanières faites à Jakarta (et, coup de bol, en un temps record), nous embarquons à bord de l’avion qui doit nous conduire à Malang, petite ville au sud de l’île de Java, à quelques 350 kms de Yogyakarta, dont la proximité avec le volcan Merapi lui vaut un regain d’intérêt international.
Heureusement, nous ne sommes pas impactés par les régulières éruptions du volcan (visiblement, il est moins fort qu’Eyjafjoll ! Islande 1 – Indonésie 0… quoique malheureusement plus meurtrier… bon, je retire la blague !).
Alors que tout le monde est bien installé et que le comptage est effectué (enfin, j’imagine), une annonce du capitaine m’arrache de mon demi-sommeil : pour cause de fortes pluies qui s’abattent sur Malang, l’avion ne décollera pas dans l’immédiat. Il nous invite donc à patienter… en salle d’embarquement ! (et hop, on vide l’avion, on re-rempli les bus, puis la salle d’embarquement, qui devient donc la salle de débarquement-pour-ré-embarquement…).
Voila, voila, voila… Un petit point sur la situation s’impose : je me retrouve donc bloqué dans l’aéroport d’une ville – et d’un pays – dont je ne connais pas la langue, avec un vol retardé (et peut être annulé) et des gens qui m’attendent à destination (oui, pour les volontaires de Planète Urgence, il y a un comité d’accueil…), mais que je ne peux pas joindre !
Et la première pensée qui me vient à l’esprit (mais qui n’aide pas beaucoup) : Mais qu’est-ce que je fous ici ?
Je dois avoir l’air intelligemment perdu, car ma voisine, revenant du comptoir, me précise que le vol était simplement suspendu. Parlant un très bon anglais – elle avait fait ses études au Texas, où elle avait rencontré son mari (un chinois originaire de Malang) avant de revenir vivre en Indonésie (son mari dirige une entreprise de plastique) – elle me propose aussi de contacter les personnes qui devaient me récupérer à l’aéroport…
Enfin vient le moment de ré-embarquer tout le monde dans l’avion… et… une annonce raisonne dans l’appareil : Alléluia, on va décoller !!! Ouf…
Enfin, presque-ouf, parce que – nouvelle annonce du pilote – il s’est remis à pleuvoir fortement sur Malang et donc il nous est impossible d’y atterrir ! Nous sommes donc invités à aller nous poser à Surabaya, ville située à une centaine de kilomètres au nord de Malang (et dire que je croyais avoir du bol à la douane de Jakarta…) !
Bien sûr l’arrivée est assez chaotique : les uns cherchant des informations, les autres le tapis de leur bagage et moi au milieu, essayant de comprendre où aller, une tape sur mon épaule me fait retourner : ma voisine de la salle d’embarquement a eu son mari au téléphone : ils ont été informés du retard. Elle m’invite à la suivre, après avoir récupéré mon bagage : en effet, la compagnie a affrété des taxis pour relier les 2 villes…
Et, un peu moins de 2 heures de route plus tard, nous arrivons enfin à bon port (où bien sûr, il ne pleut plus depuis au moins
1 heure !).
Je retrouve donc les membres de l’ONG avec environ 6 heures de retard !
Entant que premier contact, je dois avouer que les Indonésiens sont vraiment sympas et prêts à aider (et je pense que j’ai 1 bon ange gardien)…
Malang : ses bâtiments des années 30… Et le drapeau indonésien, Dwirwarna, formé de 2 bandes : Rouge sur blanc, tout fout le camp il symbolise la vie avec le rouge pour le corps et le blanc pour l’âme.
Accueilli par Atik et Aan de Pro-Fauna, nous prenons la direction du centre, situé à une dizaine de kilomètres de la ville, soit environ 30 min de voiture eu égard à l’état de la route ! Il fait nuit noir quand nous arrivons et les dalles, rendues glissantes par la pluie, ne facilitent pas l’accès a ma chambre et pour couronner le tout il y a des bruits d’animaux bizarres tout autour (dont un put*** de grillon qui fait le bruit d’une scie circulaire toute la nuit ! Punaise, celui-là, si je le chope, je le grille !!!) !
Visiblement la saison des pluies a commencé plus tôt cette année : aux 28 degrés, viennent donc s’ajouter un fort taux d’humidité (et les insectes qui vont avec), des orages et de grosses pluies qui durent presque la moitié de la journée, je n’aurais qu’un mot pour résumer : le bonheur !
Ce n’est pas grave, soliloquais-je, une bonne douche accompagnée d’une bonne nuit de sommeil et ça ira mieux demain…
Oui, mais voila, il me reste quelques petites surprises à découvrir : le lit est compose d’un matelas à même le sol, d’un drap et d’une couverture (assez utile, car nous sommes à 500 mètres d’altitude et il fait un peu frisquet la nuit), quand à la salle de bain (commune), elle est – elle aussi – dans la pure tradition indonésienne : un bac rempli d’eau (froide, il va sans dire) dans lequel on puise de l’eau à l’aide d’une sorte de seau pour se la verser dessus. Quand aux toilettes (situées dans la même pièce), elles sont elles aussi traditionnelles : à la turc ! (et pour le papier –luxe d’occidental – ben il faudra attendre demain !).
Note pour plus tard : toujours, mais alors toujours, se méfier des traditions (à fortiori quand se ne sont pas les miennes…) !
Et en écho à ce matin une pensée me revient en tête, avec un peu plus d’intensité : Non mais sérieusement, qu’est-ce-que-je-fous-ici ?
(tient ça fait 2 fois aujourd’hui… quelle belle journée, riche en surprises !)
Et la réponse, la voici : volontaire de l’association Planète-Urgence, je viens passer 2 semaines (vive les RTT…) pour travailler avec Pro-Fauna, une ONG locale (et visiblement bien connue ici, depuis la douane de Jakarta, jusqu’aux habitants de Malang), qui lutte pour la protection des animaux (pas les canaris, ni les chats, ou les chiens… mais plutôt les espèces locales en voie de disparition, du fait des trafics d’animaux) et autres problèmes de déforestation.
Mais bon, le détail de ma mission fera l’objet d’un autre chapitre…
A suivre, donc !
2 novembre 2010