Des Hommes et des Temples à Bali : Visite de Tirta Empul
Situé à Tampaksiring, entre Ubud et Kintamani (Mont Batur) le Temple de Tirta Empul, érigé du 10ème siècle, est l’un des plus sacré de Bali car les Balinais (et de plus en plus de touristes) viennent y célébrer les rituels de purification, en se plongeant dans les bassins d’eau bénite – Tirta Empul signifiant “Eau jaillissant de la terre” en Balinais, et donc en raccourci : “Source Sacrée” (ou “Eau Sainte”).
Récit de la visite et explications de la symbolique du temple de Tirta Empul…
Halo halo Ami Lecteur !
Après 1h30 de route depuis Seminyak, à mieux faire connaissance avec Agus, son pays et découvrir les paysages qui bordent la route, nous voici enfin arrivés devant les fameuses sources sacrées de Tirta Empul…
Arrivée au Temple de Tirta Empul
L’entrée du Temple de Tirta Empul payée (prix :15 000 rupiah, soit 1 euro en 2013), nous nous dirigeons en direction de la porte qui donne accès aux bassins et aux eaux si célèbres à Bali.
Alors d’après mes sources (eaux… sources… petit filet d’humour ! Ok, enfin bon bref, passons…), soit une inscription située sur le site, le temple aurait été érigé en 926 de notre ère, sous la dynastie des Warmadwa, pour le Dieu Vishnu (le Dieu de l’eau et de la préservation du monde) et possède d’autres sanctuaires dédiés aux 2 autres Dieux du panthéon Hindouiste (Shiva – le Destructeur – et Brahma, le Dieu Créateur), mais aussi à Indra (le Dieu de la guerre) et au Mont Batur.
Comme tous les temples hindouistes, il faut passer plusieurs portes pour accéder au cœur du temple.
Au sein d’un temple, les portes servent donc de passage symbolique entre les « mondes » bien spécifiques, organisés de façon concentrique :
– celui des Démons (“Bhur”), à l’extérieur du temple,
– celui des Hommes (“Bwah”), intermédiaire,
– celui des Dieux (“Swah”), à l’intérieur du temple, le plus important.
Les portes représentent donc la séparation entre le monde matériel et le monde spirituel.
Alors que nous nous approchons de la première porte, une femme tout-en-habits-de-cérémonie vêtue, une étole nouée autour de la taille et les bras charges d’offrandes et met un genou à terre.
Face à la porte, elle dépose un petit panier d’offrandes, allume un bâton d’encens et enserrant quelques pétales entre l’index et le majeur, tourne la main au-dessus de sa tête, en murmurant des tantras, puis avant de partir un peu plus loin répéter le même cérémonial, dépose quelques gouttes d’eau bénite.
Les offrandes, appelées « Canang Sari » (signifiant « belle intention »), sont des petits paniers en feuilles de palmier tressées chargés de fleurs multicolores.
Elles sont déposés un peu partout où une offrande est faite, autant pour les Dieux que pour les Démons.
Les couleurs et les fleurs ne sont pas choisies, ni déposées par hasard. En effet, l’orientation des couleurs choisies a une signification bien spécifique, ainsi :
- les fleurs bleues ou vertes doivent être dirigées vers le Nord (symbole du Dieu Vishnou),
- les rouges vers le Sud (symbole du Dieu Brahma),
- les blanches ou roses vers l’Est (symbole du Dieu Iswara)
- et les jaunes vers l’Ouest (symbole du Dieu Mahadeva).
Une petite pièce est ajoutée, afin de définir l’essence même de l’offrande.
Comme un peu dans tout à Bali, même les plus petits détails ont un sens caché en lien avec le divin.
Les offrandes sont donc des vraies boussoles pour aider les gens perdus à retrouver le bon chemin…
– Dis-moi Agus, pourquoi il y a des offrandes par terre à l’entrée des temples, et aussi sur des petits autels ?
– Ah ben c’est très simple : sur les petits autels, en hauteur, elles sont dédiées aux Dieux. Alors que celles qui sont parterre, elles sont offertes aux démons, parce que pour nous, les 2 cohabitent. Donc au lieu de chasser les démons, on cherche plutôt à les apaiser : on les apprivoise en quelque sorte, un peu comme pour le renard dans le « Petit Prince ».
– Ah, tu connais aussi « Le Petit Prince », Agus ? (c’est bizarre, pourquoi je ne suis pas étonné ?)
– Oui, c’est l’aviateur Antoine de St Exupéry qui l’a écrit. C’est une belle histoire… Donc pour les démons, on ne cherche pas à les chasser, mais on les respecte autant que le Dieux, comme ça ils nous traitent bien aussi.
S’il y a bien longtemps les Balinais vivaient en tenue d’Adam (enfin ici on dirait plutôt : en tenue de « I Wayan Made Adam »… J’expliquerai une autre fois les noms des Balinais, pour mieux apprécier la blague…), lors des cérémonies dans les temples en revanche, ils se couvraient d’un sarong (sorte de pantalon, ou paréo) noué autour de la taille, par respect pour les Dieux lors de leur entrée dans le monde spirituel.
Bon je vous rassure : aujourd’hui tout le monde porte des vêtements sur l’ile (sauf certains étrangers sur les plages…) et le port du sarong reste ancré dans tradition. Il est donc nécessaire de se cacher les jambes avant d’entrer dans un temple que l’on vienne prier, ou plus simplement le visiter.
Les 3 sections à l’Intérieur du Temple de Tirta Empul
Comme tous les temples à Bali, le Temple de Tirta Empul est organisé en 3 sections :
1- La cour Extérieure du temple : le Jaba Pisan
Il s’agit de la partie accessible à tout le monde ; elle est orientée en direction de la Mer.
2- La partie Centrale du temple (ici Tirta Empul) : le Jaba Tengah
Inratable – et heureusement immanquable – c’est ici que se trouve le bassin de la source sacrée, parmi d’autres bassins, dans lequel les pèlerins viennent s’immerger.
Composé de 13 fontaines différentes, seules les 11 premières sont utilisées par les Balinais lors du rituel de purification (le « melukat »), en passant sous le flux d’eau de chacune d’entre elles.
Les 2 dernières sont réservées exclusivement aux rites funéraires et donc aux pèlerins en deuil.
Remarque : Même s’ils ne sont pas de tradition hindouiste, il n’est pas rare d’y voir des touristes se joindre à la procession. Si vous, ami lecteur, êtes pris d’une crise de mysticisme lors de votre visite à Tirta Empul, demandez poliment conseil aux Balinais– ou à votre guide – avant de vous joindre aux dévots et respectez les consignes. N’oubliez pas qu’ils suivent un rituel préciset important à leurs yeux. Ce n’est pas une baignade, mais une purification, car l’eau sacrée (à l’instar de Lourdes pour les catholiques) possède, entre autres vertus thérapeutiques, la réputation d’éliminer les pensées impures.
3- La partie Intérieure, la plus sacrée : le Jeroan
Tournée vers la Montagne, elle est séparé de la partie centrale par la Candi Bentar, la grande porte symétrique (on a l’impression qu’elle a été coupée en 2 et écartée).
Située après les bassins de purification, c’est ici que les Balinais viennent prier. Elle accueille en son sein la source d’eau qui vient alimenter le bassin de purification. On trouve aussi de grands sanctuaires hindous, superbement décorés.
Car ce qui fait la spécificité de Tirta Empul, outre que le site est situé dans une nature magnifiquement luxuriante, se sont ses différents bassins alimentés par une source sacrée (Tirta signifiant « source »).
Dans le bassin principal, l’eau qui sort des entrailles de la terre donne l’impression d’être bouillonnante en remuant le sable volcanique qui s’agite en remous.
Ce bassin principal vient alimenter, au travers de 13 fontaines, un deuxième bassin rectangulaire creusé dans la roche.
C’est dans ce 2ème bassin que les pèlerins viennent s’immerger en procession, en passant sous chacun des jets d’eau (sauf les 2 derniers jets) car, selon la légende, les eaux de Tirta Empul ont des vertus médicales autant que purificatrices.
Ce qu’il y a de bien avec les légendes c’est qu’elles sont toujours terriblement réalistes et plausibles !
Bon d’accord, peut-être pas… Mais en tous cas fortement symboliques, elles ont au moins pour vertu d’ajouter un peu de magie et de poésie à notre monde.
Et comme le disait Roald Dahl, « ceux qui ne croient pas en la magie, ne la verront jamais ».
Si pour les Indonésiens la magie existe bien, il suffit de voir le nombre d’occidentaux qui viennent se mêler aux pèlerins pour se dire qu’ajouter un peu de mystère à notre monde devenu très (trop ?) matérialiste, est peut être nécessaire.
La Légende de Tirta Empul :
La légende de Tirta Empul puise sa source dans les combats épiques que se menaient les Dieux.
Ainsi, les soldats du Dieu Indra moururent empoisonnés par le Dieu des démons, Maya Danawa (sa fourberie n’a d’égale que la difficulté à prononcer son nom en ayant abusé d’Arak Madu…).
Indra, fort bien marri, mais bien loin de s’avouer vaincu (c’est un Dieu après tout !), usa d’un stratagème audacieux : il perça la roche de la montagne, d’où jailli une source magique !
“Magique”, car l’eau ressuscitât ses soldats morts (quand je disais que c’était audacieux…) !
Ainsi, revenus à la vie et revigorés au point d’être devenus immortels, les soldats de l’armée rendue invincible purent botter le c*l vaincre le Dieu des Démons !
C’est ainsi que, depuis des centaines d’années les Balinais viennent se baigner dans les bassins de Tirta Empul pour demander toutes sortes de guérisons, autant physiques que spirituelles…
Une sorte de retour aux sources donc !
Et comme pour illustrer la force et la vigueur que peut donner cette eau, on retrouve des statues et des symboles phalliques à quelques endroits du temple.
L’eau, comme dans beaucoup de civilisations d’ailleurs, est très importante dans la culture balinaise.
D’ailleurs, si la source de Tirta Empul a ressuscité des soldats et leur a donné des pouvoirs extraordinaires, la mer, elle aussi revêt une symbolique forte. En effet, elle représente l’une des 2 résidences des Dieux et est donc aussi un lieu de purification pour les Balinais (d’où les cérémonies à sur la plage). Elle a aussi pour vertu d’arrêter la magie noire.
Et si l’une des résidences des Dieux est la mer (qu’on voit danser, le long des golfs clairs….”), l’autre lieu de résidence est la montagne… Alors qu’en Inde, la montagne sacrée – le mont Meru – se situe dans la chaîne himalayenne, à Bali c’est le volcan Agung qui fait office de résidence principale.
Avec une résidence principale à la montagne et une résidence secondaire à la mer, il est bon d’être Dieu à Bali !
Agus : “Donc tu vois, notre Tirta Empul, c’est un peu comme votre Lourdes à vous…
– Notre Lourdes, mais sans Bernadette Soubirous.
– Tiens, à propos de Saint, j’ai une question pour toi : C’est qui le Saint qui est venu jusqu’en Inde, en Indonésie et même au Japon au 16ème siècle ?
– Heuuuu, attends, heuuu, c’est pas St Christophe ? …
– Non, lui c’est c’est le patron des automobilistes.
– Ben oui, c’est bien ce que j’ai dit, “c’est pas St Christophe”… (non, je ne suis pas de mauvaise foi, j’avais barré le point d’interrogation)
– Ben c’est St François Xavier ! C’est pour ça qu’ils ont donné son nom à la cathédrale de Kuta ! Et à propos, tu le trouves comment votre nouveau Pape ?
– …
Puis, le temps de passer par les petits magasins, véritables vendeurs du temple qui jalonnent le chemin jusqu’au parking (non sans avoir essayé de les gruger…), nous prenons la voiture pour partir en direction du temple suivant : Gunung Kawi.
Avant de finir cet article, voici quelques conseils afin de bien préparer vos visites à Bali et d’autres temples à visiter :
Et pour aller plus loin dans l’organisation de votre séjour, je vous conseille le Guide du Routard, ou le Lonely Planet qui m’avaient accompagnés lorsque j’habitais à Bali :
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Pour contacter Agus (Agus Yudiarta) lors d’un séjour à Bali, voici ses coordonnées :
– e-mail (mis à jour le 17-Sept-2019) : [email protected]
– numéro de téléphone : +62 812 368 89 36
– site web : https://www.balidecouverte.fr