Des Hommes et des Temples à Bali… Histoire de l’Indonésie en route !
Tiens, j’irais bien visiter des temples intéressants à Bali un de ces quatre…
– Ah ben si tu veux j’ai le contact d’un super guide, il connaît tout sur l’île, il est super sympa, il te conduit partout et parle parfaitement français !
– Ah oui, tient c’est une bonne idée ça, je pourrais peut être au passage un peu mieux comprendre la culture balinaise !
– Et en plus il pourra t’emmener un peu hors des sentiers battus et là où tu voudras !
– Ah ben génial !
– Et en plus il connait plein d’anecdotes et il a une super tchatche !
– Ah…
– Et en plus il est vraiment super drôle !
– …
– Et en plus mec, il a une culture de « ouf » (oui, on parle « djeun’s » à Bali), que ce soit sur Bali ou encore l’histoire de France !
– Allez, vas-y envoie moi son 08 (oui, les portables commencent par 08 en Indonésie… Et oui, il faut que j’arrête de parler « djeun’s », ça fait ridicule ! #soupirs#) !
Selamat Pagi Ami Lecteur !!!
C’est en gros plus ou moins comme ça qu’un expat’ français (merci Olivier) m’a donné les coordonnées d’Agus, LE dit guide francophone (c’est quand mieux de l’appeler par son prénom).
(petite info : toutes les coordonnées d’Agus sont disponibles en bas de ce billet…)
Sitôt donné, sitôt appelé : le rendez-vous est donc pris pour le dimanche suivant… Au petit matin !
Ainsi, partis de Seminyak, nous avons pris la direction d’Ubud, petite ville à l’ambiance très « baba cool », afin de visiter sur la même journée 3 beaux temples des environs : Tirta Empul, Gunung kawi et Goa Gajah.
Sur la route de Bali : la variété des Paysages…
Un des avantages quand on est conduit par un guide local, c’est qu’il connaît les règles de conduites (dépassement, klaxons…) et les suit prudemment, il maîtrise aussi les trajets à prendre et ceux à éviter soigneusement, réduisant ainsi les risques de se tromper d’itinéraires (pas comme lors des précédentes visites, guidées au GPS…) !
Mais surtout : on peut profiter de la beauté des paysages qui déroulent le long de la route, discuter en voiture et apprendre ainsi plein de choses intéressantes sur les coutumes, le pays, un peu de politique, de religion et tout plein de sujets qui peuvent prêter à argumentations (ou « engueulos », selon avec qui on discute) !
Et surtout en apprendre plus sur l’histoire de l’Indonésie.
Car Agus a effectivement une culture générale à faire pâlir les candidats à notre chère École Nationale d’Administration, connaissances qu’il partage avec plaisir, dans une bonne humeur toute communicative !
Bref, la découverte du pays avec lui prend – vraiment – une autre dimension !
Ainsi donc le long de la route qui s’étend jusqu’à notre destination, le long des belles rizières qui reflètent le soleil, des petits villages toujours en animation, et surtout entre 2 coups de klaxons pour s’annoncer, c’est l’occasion d’apprendre quelques anecdotes très intéressantes (si si !) concernant son étonnant pays qu’est Bali l’Indonésie !
Petit cours d‘Histoire de l’Indonésie : depuis la période coloniale à son Indépendance, et la naissance de la démocratie
Je ne ferai pas un exposé de l’histoire de l’Indonésie, laquelle est assez complexe (comme chaque histoire de pays ceci-dit), mais juste un petit résumé :
Véritable carrefour entre l’Inde et la Chine et témoin de tous les échanges maritimes entre l’orient et l’occident (la soie, les épices, le riz, l’opium…) l’histoire de l’Indonésie est ponctuée de conquêtes successives (plus ou moins violentes… Plus que moins d’ailleurs) et d’occupations par différents peuples, chacun apportant un peu de sa spécificité tels que : les Indiens (apportant l’hindouisme au pays), puis entre le 16ème et 21ème siècle par les Portugais (apportant le christianisme au pays), les Arabes (apportant l’islam au pays), les Néerlandais (apportant… heu… de la bonne bouffe ?), à la recherche des rares épices produites aux Moluques (clous de girofles, muscade…), les Japonais (apportant ses armées pendant la 2ème guerre mondiale)…
« Bip bip »… tiens, on vient de passer un carrefour !
Et à ces occupations se sont ajoutées des séries d’annexions de territoires d’Ouest en Est (plus ou moins violentes… Plus que moins d’ailleurs… oui, je me répète, mais bizarrement, tel un passe-temps ancestral, les hommes aiment à conquérir par la force les territoires de leurs voisins), avec des ethnies, des langues et des races bien différentes (on recense plus de 300 ethnies et presque autant de langues différentes).
Le nom « Indonésie » est une contraction de 2 mots grecs « Indos » (« Indien ») et « nêsos » (« île ») qui date du XIXème siècle et désigne les anciennes « Indes orientales néerlandaises ».
Mais le concept réel d’Indonésie entant que pays unifié, remonte en octobre 1928 (le pays est alors occupé par les Hollandais qui se régalent alors de « rijsttafel » – du riz cuit sec, des morceaux de viande, des légumes des épices, de la sauce très piquante… C’est dire comme elle est bonne la cuisine hollandaise !), lors d’un congrès tenu par de jeunes indépendantistes qui, après de longues et interminables discussions (pléonasme en Indonésie), définissent un slogan autour de 3 grandes idées : 1 seul patrie, 1 seule nation, 1 seule langue.
Le Sumpah Pemuda, « le serment jeune » (pas « jaune » ! « jeune », hein…) est né !
« Bip bip »… Non mais ils font n’importe quoi en mobylette là… !
Principe fondateur historique lors de indépendance de l’Indonésie : le Pancasila
Il sera repris par le président Soekarno lors de la déclaration de l’indépendance du pays le 17 août 1945 pour développer une sorte de philosophie de l’État indonésien : le « Pancasila » (prononcez : « pantchacila »), néologisme formé à partir des mots sanskrit « panca » (cinq) et « sila » (principe, ou précepte).
Dans un pays qu’il souhaite voir uni, Soekarno écrit l’histoire de l’Indonésie et justifie le nombre de cinq par différentes références symbolique telles que :
- les cinq doigts de la main, les cinq sens, les cinq piliers de l’islam (la profession de foi qui lie Allah a son prophète Mahomet.
- la prière faite 5 fois par jour en direction de la Mecque ; l’aumône annuelle faite aux pauvres ; le jeune pendant le ramadan ; le pèlerinage a la Mecque).
- les 5 frères Pandava : Yudhishthira, Bhima, Arjuna, Nakula et Sahadeva, tous les 5 demi-dieux du Mahabharata (« La Grande Guerre des Bharatas », une épopée hindoue).
- ou encore les 5 préceptes bouddhistes : ne pas tuer ; ne pas voler ; ne pas mal se conduire sexuellement ; ne pas mentir ; ne pas se droguer.
Et les références symboliques sont importantes dans un pays qui compte environ 247 millions d’habitants et a peu de chose près autant d’ethnies que d’îles… Certes, j’exagère un peu, car le pays en compte un peu moins de 14 000 s’étalent sur presque 5000 kilomètres d’Ouest en Est, s’étendant sur une superficie de 1,9 millions de kms2 (pour comparaison, la France ne représente que 550 000 kms2) !
Mais les différences culturelles d’une île à l’autre, ou au sein d’une même île, les variétés de croyances (si l’Islam est prédominant – 80% – on compte aussi des Catholiques, des Chrétiens, des Indouistes, des Animistes… chaque religion étant panachée de croyances purement locales), sans oublier les différences de façon de vivre, sont tout simplement phénoménales (70% de la population vit encore en zone rurale) ! Il était donc important d’unifier le pays autour de principes communs, qui sont : la liberté, l’égalité et la fraternité… Heuuuu….. Non, je me suis trompé de pays, pardon !
« Bip bip »… tiens, on passe devant un temple !
Enfin bref… J’écrivais que Pancasila signifiait « 5 préceptes », lesquels sont :
– La croyance en un Dieu unique, afin que tout le monde vive dans un pays dans lequel chaque religion prient son Dieu.
– Une humanité juste et civilisée, débarrassée de tout chauvinisme et risques nationalistes, qu’il considère comme dangereux (il ne faut pas oublier qu’on sort alors de la 2ème guerre mondiale qui s’est déclenchée sur le terreau fertile du nationalisme), il reprend les propos de Gandhi qui dit « Mon nationalisme, c’est l’humanité ».
– L’unité de l’Indonésie : une nation qui, au-delà des différences, est mue par un ensemble de personnes unies par « le désir d’être ensemble », comme le disait Ernest Renan à La Sorbonne en 1882.
– Une démocratie guidée par la sagesse à travers la délibération et la représentation. A l’image des mousquetaires (pas d’Intermarché, mais plutôt d’Alexandre Dumas), l’Indonésie doit être l’État d’« un pour tous, tous pour un ».
– La justice sociale pour tout le peuple indonésien : Pour Soekarno, la pauvreté ne doit plus exister, mais le capital ne doit pas tout dominer… la démocratie politique ne suffit pas, elle doit s’accompagner de la démocratie économique et sociale.
Et en ce printemps 2014 (oui, je sais, je suis à la bourre dans mes récits…), les gros titres de la presse Indonésienne portent sur la campagne électorale qui agite le pays. Et l’effervescence est à son comble depuis que Joko Widodo a annoncé sa candidature, ce qui, à les lire, semble écrire une nouvelle page dans l’histoire de l’Indonésie !
Vus de France, les noms ne signifient malheureusement pas grand-chose !
Petites questions en aparté :
Comment peut-on ignorer les noms des candidats de la 3ème démocratie du monde ? Pourquoi les médias français n’en parlent pas et font leurs unes sur Dieudonné ou sur les escapades en scooter de la seule personne en France qui possède les codes des missiles nucléaires, lequel est suffisamment inconscient pour rouler en scooter rejoindre sa maîtresse, sans service de sécurité ? Et pourquoi Jean-Pierre Pernaud ouvre son journal en parlant des trains qui arrivent à la bourre (ce qui n’est plus un scoop depuis longtemps ; le vrai scoop, c’est que les trains arrivent !) ?
– Et sinon, tu penses que NKM va être élue maire de Paris, ou que ce sera plutôt Anne Hidalgo ? Me demande Agus.
– Attends Agus, tu connais NKM ? Je ne sais même pas quel est le nom de ton président, et encore moins celui du gouverneur de Bali ! C’est dingue !
– C’est pas grave… Tu viens de Bordeaux, c’est ça ? Et tu penses que Juppé est un bon maire alors ?
– … Heuuu Agus… Tu m’as tué là !
Il donc faut croire que la liberté d’informer que défendent nos journalistes porte plus sur ce qui divertit ou fait vendre, plutôt que ce qui informe réellement!
Retour sur les Élections Présidentielles de 2014 : L’Histoire s’écrit sous mes yeux.
Enfin, quoiqu’il en soit, cette jeune démocratie, voit donc s’affronter 2 candidats aux styles radicalement différents :
D’un côté, je vous présente une figure de l’histoire de l’Indonésie, un ex-général des forces spéciales ayant fait ses classes sous la dictature de Soekarno (et accessoirement son beau-père) : Mr Bapak Prabowo Subianto ! Avec une fortune personnelle estimée à 160 milliards de dollars (j’ai la naïveté de croire que ça paie bien de travailler dans l’armée indonésienne…), il possède aussi un casier « historico-judiciaire » plutôt chargé : Il est en effet soupçonné, entant que commandant des forces spéciales indonésiennes d’avoir ordonné l’enlèvement de nombreux militants démocrates, d’avoir fait traquer et tuer plusieurs indépendantistes du Timor oriental et d’avoir orchestre les violences qui ont fait suites à la chute du dictateur. Ce candidat, qui vous l’aurez compris fait plutôt dans la finesse et la mesure, défend des idées plutôt protectionnistes et nationalistes.
« Bip bip »… tiens, un camion chargé de cultures qui sort des champs, laissant s’échapper un nuage de terre volcanique derrière lui …
Face à lui, un outsider au profil plutôt atypique dans le paysage politique, aux faux airs de Mr Bapak Barak Obama : Mr Bapak Joko Widodo ! « Jokowi », de son surnom, est un homme qui vient « du peuple » et non pas des sphères obscures de la politique « politicienne », puisqu’il a fait fortune en vendant des meubles. Puis s’est essayé avec succès à la politique en devenant maire de la ville de Solo (Java centre), ville qu’il a relancée économiquement et assainie (même si la région de Java centre est un des lieux d’Indonésie où se cachent quelques groupuscules terroristes islamistes). Élu ensuite gouverneur de Jakarta (et avec un adjoint chrétien chinois !), il est perçu ici comme un chevalier blanc, désireux de sortir le pays de la corruption (vaste programme, dans un pays ou « si tu m’aides, je t’aide » est le leitmotiv des fonctionnaires…) et avec l’envie de développer les infrastructures (ce qui ne sera pas un luxe… ça manque cruellement !). Il est d’autant plus apprécié qu’il va sur le terrain, à la rencontre des Indonésiens, sans gardes du corps, et qu’il est ouvert sur le monde. S’il cristallise beaucoup d’espoirs pour de nombreux Indonésiens, certains se demandent cependant s’il aura le charisme nécessaire pour tenir le poste.
Même si une majorité des jeunes s’est désintéressée de la politique (ras-le-bol des promesses non tenues, de la corruption, des affaires d’État… tiens, ça me rappelle un autre pays…), la campagne est très active sur Internet et sur les réseaux sociaux (Jakarta serait la ville « la plus connectée » du monde) !
Entre les 2 candidats, les débats sont assez animés et certaines pratiques, dénoncées par quelques médias, rappellent des méthodes dites « à l’américaine », c’est-à-dire pas forcément avec panache, mais plutôt jouent la carte de la diffamation, du dénigrement et de la désinformation (je vous laisse deviner lequel des 2 candidats les pratique sans vergognes) !
En effet, en jouant sur les peurs sectaires et raciales de la société indonésienne, et accusant son adversaire d’être un « chinois chrétien » (dans un pays a majorité musulmane, ou les émeutes anti-chinoises ont causé la chute du dictateur en 1998, cela revêt une signification importante) et utilisant la télévision comme relais de ses propos (90% des foyers sont équipés de télé), car il possède certaines chaînes, Prabowo un des candidats tape plus bas fort que l’autre pour rattraper son retard dans les sondages !
Ainsi, Jokowi, porté par les électeurs jeunes et citadins (ainsi que les balinais), sera élu le 9 juillet avec 53,15% des voix (130 millions d’électeurs)… Élection que Prabowo contestera bien entendu au lendemain des résultats (ou quand l’histoire de l’Indonésie rappelle l’histoire des démocraties occidentales (#soupir…)) !
« Bip bip »… tiens , un camion chargé de villageois vêtus en habits de cérémonie, les offrandes plein les bras et se rendant au temple du village…
Plus que jamais, Jokowi a voulu incarner au travers de sa campagne électorale, la devise nationale de l’Indonésie : l’«unité dans la diversité».
Cette devise, en vieux javanais « Bhinneka Tunggal Ika », signifie littéralement « Bien que divisée, elle est une ». Elle est issue du Sutasoma, un poème qui prône la tolérance entre les bouddhistes et les shivaïtes (2 courants issus de l’indouisme) et composé au 14ème siècle par un poète du roi Rajasanagara (eh bé, ça en fait des « a »…) plus connu sous le nom de « Hayam Wuruk » !
Oui, « plus connu », car son nom a été donné depuis à de nombreuses rues – « jalan » – dans les grandes villes Indonésiennes.
Et pour désaltérer votre soif de savoir, voici le quatrain du poème dont est extrait la dite devise :
« Bouddha et Shiva sont deux principes différents.
Ils sont en effet différents, mais comment peut-on le reconnaître ?
Parce que la vérité du Jina (Bouddha) et de Shiva est une
Bien que divisée, elle est une et il n’y a pas de confusion dans la vérité. »
Et sur cette anecdote, qui vient conclure le petit cours d’histoire de l’Indonésie et surtout le trajet en voiture, Agus nous dirige d’un pas bien décidé vers l’entrée du temple de Tirta Empul !
« Bip bip »… tiens, l’article devient trop long… la visite des temples sera donc l’occasion d’un prochain article…
Comme promis plus haut : pour celles et ceux qui voudraient contacter Agus (Agus Yudiarta) lors d’un séjour à Bali, voici ses coordonnées :
– e-mail (mis à jour le 17-Sept-2019) : [email protected]
– numéro de téléphone : +62 812 368 89 36
– site web : https://www.balidecouverte.fr
Je vous gâte : avec tout ça, non seulement vous êtes incollables sur l’Histoire récente de l’Indonésie, mais en plus il vous est impossible de rater votre organisation de voyage sur l’île préférée des Dieux…