Temples à Bali : Conseils Utiles pour les Visites
Avec plus de 50 000 temples (en incluant ceux présents dans les maisons, grottes, boutiques, restaurants, boîtes de nuit (!), hôtels, marchés…), Bali mérite bien son surnom de « l’île des Dieux ».
D’aucun considère d’ailleurs l’île comme étant un haut lieu d’énergies spirituelles en Indonésie ! À tel point, que de nombreux expatriés-habillés-en-sari vous diront que Bali est situé sur un point de convergence d’énergies particulièrement puissantes !
Alors « Energie spirituelle » et « énergies particulièrement puissantes », sincèrement, je ne sais pas, mais en revanche ce qui est sûr, c’est que l’île se situe sur une zone sismique et volcanique très active et pour le coup très puissante !
Enfin, quoiqu’il en soit une visite à Bali serait incomplète si vous omettiez de visiter quelques-uns de ses temples. En effet, la religion principale sur l’île – l’hindouisme – fait partie intégrante de l’âme balinaise. Elle est tellement ancrée dans la culture, que c’est elle qui rythme la vie de l’île, depuis les offrandes déposées au petit matin, aux processions aux temples en fin de journée…
Et l’une des forces des Balinais est leur profond respect et attachement aux traditions religieuses.
À tel point que Bali est aujourd’hui le seul endroit sur terre où, durant 36 heures, les habitants restent cloîtrés chez eux, tout comme les touristes qui ont interdiction de sortir de leurs hôtels. Les rues – à l’instar des plages, des montagnes et des rizières – sont désertes. L’île se retrouve isolée du monde : aucun avion n’atterrit ou ne décolle de l’aéroport, aucun bateau n’entre ou ne sort des ports.
Et un silence absolu règne sur l’île…
Cet évènement unique au monde s’appelle Nyepi : c’est le Nouvel An Balinais.
Il est d’ailleurs impossible d’ouvrir un business, sans y célébrer une bénédiction avant (comme expliqué dans cet article : Bénédiction Urbi et Bali) ; ou en tous cas, ce n’est pas recommandé du tout !
Enfin, pour de nombreux visiteurs visiter un temple à Bali (ou « des temples » d’ailleurs c’est vrai… pourquoi se restreindre ?) est une des meilleurs choses à faire durant son séjour (c’est d’ailleurs largement recommandé par le guide Lonely Planet).
Avant d’entrer dans les explications, je fais un petit aparté pour remercier vivement Agus Yudiarta, certainement le meilleur guide francophone de Bali (et le plus drôle), qui m’a aidé à mieux comprendre les subtilités de la culture indonésienne – et bien sûr balinaise – alors qu’il me faisait découvrir son île et ses joyaux (vous trouverez ses coordonnées pour le contacter, en bas de l’article).
“Le Pura” : Le Temple à Bali
Pura Uluwatu, Pura Ulun Danu, Pura Tirta Empul… Vous l’aurez donc deviné : “Pura” (à prononcer « Poura », en roulant le « r ») est donc le nom pour le Temple à Bali.
D’origine sanskrit, le mot signifie littéralement « espace entouré d’un mur ».
Et si de nombreux temples sont visibles (et encore, « nombreux » est un euphémisme), leur construction et leur signification n’ont rien du hasard car, comme pour beaucoup de choses à Bali, de multiples petits détails révèlent de grands symboles.
Ainsi, le temple est toujours orienté le long d’un axe montagne-mer ; la partie dirigée vers la montagne renferme le cœur sacré du temple, alors qu’à l’opposé (donc, si vous suivez bien : orientée vers la mer) se trouve l’entrée du temple.
La montagne vers laquelle ils sont orientés est le Mont Agung, le volcan sacré de Bali.
Le temple, à l’instar de la conception de l’Univers dans la culture balinaise (à noter d’ailleurs que les maisons suivent le même schéma architectural), est organisé en 3 niveaux (et vous allez voir au travers de cet article combien le chiffre 3 revêt une symbolique importante à Bali) avec, de l’extérieur vers l’intérieur :
1 > Le “Jeroan”
Orientée vers le Mont Agung, c’est la partie la plus haute, la plus sacrée et la plus sainte (donc la plus importante) du temple. Elle représente le Monde des Dieux, ou Monde Supérieur (“Swah”).
C’est ici que sont organisées les cérémonies, que les Balinais viennent prier et déposer les offrandes sur des autels.
2 > Le “Jaba Tengah”
Séparée du Jeroan par une grande porte (« Kori Agung »), cette partie centrale du temple symbolise le monde des Hommes ; le Monde Intermédiaire, ou Centre du Monde (“Bwah”), situé donc entre celui des Dieux et celui des Démons.
C’est dans cette partie du temple que les Balinais se retrouvent pour préparer les cérémonies.
Sous les « Balés » , la plage (les Balés sont des sortes d’abris sur pilotis couverts d’un toit de tuiles ou de palmes), les femmes confectionnent décorations et offrandes qui seront ensuite déposées dans le « Jeroan » lors des cérémonies.
On y cuisine aussi, et des cérémonies secondaires peuvent y avoir lieu.
3 > Le “Jaba Pisan”
Séparée du Jaba Tengah par une porte appelée “Candi Bentar”, c’est la partie qui symbolise le Monde Inférieur (“Bhur”), celui des Démons, à l’extérieur du temple (bien qu’il soit à l’intérieur des murs…). C’est donc la partie orientée vers la mer et la plus basse du temple.
Dans cette zone, on retrouve principalement des jardins fleuris, des zones libres qui peuvent être utilisés pour des danses à caractère religieux et des Bale.
Les Balinais s’y réunissent aussi pour déjeuner ensemble, jouer et organiser des combats de coqs (même s’ils sont officiellement interdits).
Permettant donc de passer d’une partie du temple à l’autre, les différentes portes (« Candi Bentar » et « Kori Agung ») servent ainsi de passage symbolique entre les différents « mondes » et représentent la séparation entre le monde matériel et le monde spirituel.
La porte Candi Bentar serait une représentation du Mont Meru, qui aurait été séparé en 2 parties symétriques par le Dieu Shiva, pour devenir ainsi le Mont Agung et le Mont Batur (les 2 volcans de Bali).
Les parois intérieures de la porte étant lisses, la porte Candi Bentar permettrait d’écraser les démons qui souhaiteraient rentrer dans la partie sacrée du temple…
– Tu connais l’histoire de “Paf le Démon” ?
– Heu non…
– Alors, c’est l’histoire d’un démon qui voulut rentrer dans le temple et paf le démon” (variante balinaise de “Paf le chien… voilà, voilà, voilà… Désolé !”).
Ainsi, les temples les plus sacrés sont construits sur les parties les plus hautes de l’île, donc dans des lieux correspondant au Swah, soit le Monde des Dieux.
Et grâce aux arbres, aux fleurs, et aux différentes offrandes déposées, les temples sont très colorés et parfumés. Porteurs de symboles, ombrelles et divers tissus viennent ajouter un peu plus de couleur. Symboles de la trinité hindoue, 3 couleurs dominent d’ailleurs :
- Le Rouge, qui représente Brahma, le Dieu créateur de l’univers
- Le Noir, qui symbolise Vishnou, le Dieu gardien, celui qui maintient et protège l’univers
- Le Blanc, qui est la couleur de Shiva, le Dieu destructeur du monde mais visiblement aussi de la recréation et de la fertilité.
On trouve aussi du Jaune, pour symboliser le Dieu Iswara (c’est lui qui aurait donné naissance à Vishnou, selon la mythologie Hindoue… mais à ce niveau-là, je suis un peu perdu dans leurs Dieux et leurs rôles).
Un peu partout dans le temple, on retrouve un tissu en damier noir et blanc imbriqués, le « Poleng ».
Décoratif, les Balinais l’utilisent pour entourer, entre autres, des arbres, des autels, des temples… Ce motif symbolise le fait que dans la vie, le bien et le mal, le faste et le néfaste sont étroitement imbriqués.
Et donc pour que pour règne l’harmonie, il est important de maintenir un équilibre entre les 2 forces.
Enfin, on trouve aussi beaucoup d’ombrelles dont la couleur est juste leblanc décorative.
À l’origine, les temples étaient construits en briques rouges et pierres blanches. Pendant longtemps, ils étaient maintenus en utilisant les mêmes matériaux. Mais les techniques, les matériaux et les technologies évoluent… Mais désormais les briques rouges et les pierres blanches sont remplacées par de nouveaux matériaux : les pierres de lave ! Celles-ci ont la particularité non négligeable d’être bien plus résistantes au temps. Mais elles sont bien plus sombres aussi (l’esthétique du temple n’est donc pas la même, alors que la symbolique reste la même).
Cela s’inscrit d’ailleurs selon un principe fondateur de la religion hindouiste : la construction – le maintien – et la destruction (pour être ensuite reconstruit)… Une symbolique portée par les 3 Dieux.
Le Meru du Temple
En complément des autels, un des édifices les plus importants du temple, et particulièrement visible (souvent depuis l’extérieur du temple) est le Meru (prononcez « Mérou », oui, comme le poisson).
Situé dans la partie la plus sacrée du temple, le Jeroan, il s’agit d’une tour en bois érigée sur une base carrée construite en briques. Telle une flèche qui pointe en direction du ciel, la tour est composée de multiples toits superposés, fabriqués en fibres de palmier. Il symbolise la mythique Montagne des Dieux de la religion Hindoue : le Mont Méru.
Le nombre de toits est toujours impair et varie selon l’importance du Dieu ou de la personne à qui il est dédié. Cela va jusqu’à un maximum de 11 étages. Il se trouve au Temple Ulun Danu Beratan et est dédié au Mont Agung – le Volcan Sacré de Bali – et à Shiva (alors que les Dieux Brama et Vishnou n’ont droit, eux, qu’à 9 étages).
Dans les temples le Meru est donc dédié, soit aux Dieux Suprêmes du panthéon Hindou, soit à une personnalité locale déifiée. Selon les Balinais, le Meru sert de « Palais temporaires » aux Dieux lors de leurs visites pour certaines cérémonies. Cependant, on ne trouve pas dans les temples de statue du Dieu, ou de la Déesse, vénéré(e).
Enfin, du fait de son caractère sacré, la construction est érigée sur une base très, très solide pour éviter que le Méru pète (oui, je sais, j’ai déjà fait cette blague dans un précédent article, mais je me suis engagé dans une démarche écologique : je recycle les blagues…) !
Et comme « la vie est une fête et un désastre » (Jean d’Ormesson) et que les temples à Bali sont considérés comme des êtres vivants, chaque temple célèbre tous les 6 mois son « semi-anniversaire ». C’est la cérémonie de l’Odalan, au cours de laquelle de multiples activités célèbrent la descente sur terre des ancêtres venus de l’Odelà (heu… au-delà, pardon !).
En plus des temples familiaux, chaque village possède 3 types de temples :
- Le Temple des Origines (Pura Puseh), le plus important, dédié au Dieu Brahma (le Dieu Créateur) et aux fondateurs du village. Il est situé en direction du Mont Agung.
- Le Temple du Village (Le Pura Desa), dédié à Vishnou (le Dieu Protecteur) est situé au cœur du village ; les habitants y viennent pour y vénérer les esprits qui protègent la communauté.
- Le Temple de la Mort (le Pura Dalem), situé au bout du village, en direction de la mer. C’est aussi le temple des « mauvais » esprits (non pas ceux qui font des blagues de mauvais goût) et des démons. En effet, les Balinais respectent aussi les démons afin de maintenir un équilibre entre les énergies positives et négatives. Il est dédié à Shiva, le Dieu destructeur et régénérateur.
Chose étonnante : les temples à Bali n’ont jamais de toit qui recouvre l’ensemble de la structure. En effet, le temple est un lien entre l’au-delà et le monde des vivants : il permet donc aux Dieux et ancêtres qui voudraient rendre visite aux vivants, de venir directement de l’au-delà. Là où un toit couperait donc la communication…
Il existe aussi des temples plus importants : certains sont situés dans les montagnes (comme le temple de Besakih, dit le temple « mère », car construit sur une des pentes du Mont Agung) et d’autres situés en bord de mer (comme par exemple Uluwatu, ou encore Tanah Lot), lesquels créent donc une sorte de protection spirituelle qui encercle et protège Bali.
Les temples à Bali sont donc des endroits importants pour la vie du village : bien décorés, garnis de fleurs et d’arbres, ce sont des lieux de rituels où ont lieu des processions quotidiennes. Au travers des différents temples et des offrandes déposées au quotidien, les Balinais s’attirent ainsi les bonnes grâces des Dieux et apaisent aussi les Démons.
Le Corps Humain comme un Temple
Dans la religion hindoue à la mode balinaise, l’Être Humain fait partie intégrante du Cosmos, dont il est à la fois un élément constitutif et un miroir.
Ainsi, tout comme le cosmos est divisé en 3 parties, le corps humain est donc lui aussi (et à l’image du temple) divisé en 3 parties:
- La Tête (dirigée vers le ciel, donc les Dieux ; le Swah), donc la plus pure (c’est pour cela qu’il est recommandé de ne pas toucher la tête de quelqu’un) ;
- Le Tronc (zone intermédiaire), partie « neutre » ;
- De la Taille aux Pieds (dirigée vers le sol, donc les Démons, le Bhur), la zone impure (c’est la raison pour laquelle il est recommandé de cacher ses jambes lors des visites).
Dans la culture balinaise, l’Univers (et donc le monde) est considéré comme un ensemble vivant.
Les éléments matériels (principe féminin) et spirituels (principe masculin) y sont liés au sein d’un processus de transformation éternel qui unifie 3 forces :
– celles de la création (via le Dieu Brahma),
– celle de l’équilibre (le Dieu Vishnou)
– et celle de la destruction (la Déesse Shiva).
On retrouve d’ailleurs cet équilibre dans un symbole très présent à Bali : la svastika, ou croix gammée hindouiste.
Toujours selon la croyance balinaise, la condition de l’être humain évolue au cours de cycles de réincarnations, conditionnés par le karma. Ces cycles transmigration de l’âme, succession de naissance, mort, puis de renaissance (l’âme se retrouve liée au corps) sont appelés : « Samasara ».
De cette façon, l’être humain s’intègre totalement au processus de transformation de l’Univers.
L’incarnation est donc vécue comme une condition de souffrance que l’homme doit s’évertuer à dépasser, pour atteindre la « Moksa », à savoir la délivrance – ou révélation – ultime (l’équivalent du Nirvana chez les bouddhistes) : âme et corps regagnent alors en paix leur équivalent cosmique.
La pratique du Yoga, de la méditation et le respect de certaines règles permettraient d’atteindre cet état éveillé.
Quelques Conseils avant de Visiter un Temple à Bali
Lors de vos visites de temples à Bali, n’oubliez pas qu’il s’agit de lieux sacrés, et que les Balinais les considèrent comme étant « vivants ». De plus restez silencieux lors de cérémonies, respectez les sources d’eau (bassins, fontaines), les offrandes ou tout artéfact religieux, car la religion est extrêmement sacrée pour les Balinais.
Afin ne pas offenser les Balinais, voici quelques règles de bonne conduite et d’éthique à suivre, quel que soit le temple :
- Épaules et hauts de bras couverts (donc : pas de torse nu ou de « marcel »),
- Genoux couverts, soit par un pantalon, ou sinon le port d’un sarong noué à la taille (pas de short au-dessus du genou donc). Le sarong une sorte de paréo à nouer autour de la taille. Vous pourrez facilement en acheter à Bali, sinon vous pourrez toujours en louer un à l’entrée du temple (si cela ne vous dérange pas qu’il ait été porté par plusieurs personnes avant vous…).
- Idéalement, nouer une écharpe ou un châle autour de votre taille (à l’image de la ceinture des tenues Balinaises : le « sash »)
- Portez des chaussures ou des tongs, mais ne marchez pas pieds nus.
- Ne marchez pas sur les offrandes déposées au sol.
- Bien entendu : ne crachez pas, ne jetez pas vos déchets par terre, ne fumez pas, ne criez pas et ne jurez pas.
- Ne marchez pas devant les fidèles lors des prières, pour éviter de les déranger et leur manquer de respect. Restez donc en retrait, ou sur le côté.
- Ne vous placez pas au-dessus du prêtre durant les cérémonies, car se mettre plus haut que lui est un manque singulier de respect.
- Enfin, si vous êtes une femme, deux règles plus spécifiques vous concernent :
- Durant les périodes de menstruation – laquelle est considérée comme impure (risquent d’induire un déséquilibre du monde, selon les Balinais) – il se peut que l’accès au temple vous soit tout bonnement interdit (calculez donc bien votre coup Mesdames pour visiter les temples à la bonne période… ou en tous cas entre 2 périodes !).
- Vous ne pouvez pas entrer dans l’enceinte d’un temple si vous êtes enceinte.
Remarque : lors des cérémonies et processions, les hommes Balinais se couvrent la tête à l’aide d’un « udeng ». Sorte de chapeau, ou de turban, il permet d’empêcher les cheveux de tomber et ainsi de souiller le temple.
J’espère que ces informations vous seront utiles afin de visiter les temples à Bali en respectant les croyances de ses habitants.
Et dans un prochain billet je vous listerai mes temples préférés, ceux que je considère comme incontournables lors de votre séjour à Bali !
Pour aller plus loin dans l’organisation de votre séjour, je vous conseille le Guide du Routard, ou le Lonely Planet qui m’avaient accompagnés lorsque j’habitais à Bali :
(pour info et être transparent avec vous, ce sont des liens affiliés ; en les achetants via ces liens, vous ne payez pas plus cher et permettez de récompenser cet article)
Enfin, comme promis plus haut : si vous souhaitez contacter Agus Yudiarta pour faire des excursions avec lui lors de votre séjour à Bali, voici ses coordonnées :
– e-mail : [email protected]
– numéro de téléphone : +62 812 368 89 36
– site web : https://www.balidecouverte.fr
Voici d’ailleurs quelques visites faites avec Agus :
Enfin, pour aller plus loin, avec d’autres conseils concernant l’Indonésie, Bali et les Temples :