« Je me souviens »… de mon Voyage et de mon Arrivée au Québec
Bon matin cher lecteur !
Vendredi 13 juillet 2018, 10h30 du matin : l’airbus A310 du vol TS 547 d’Air Transat en provenance de Bordeaux, s’immobilise à la passerelle de l’aéroport de Montréal Pierre-Elliott Trudeau, avec quelques 30 minutes de retard sur l’horaire prévu.
“ PNC aux portes, désarmement des toboggans… Vérification de la porte opposée ; Mesdames et Messieurs bienvenus à l’aéroport de Montréal, nous espérons que vous avez effectués un… ” un tonnerre d’applaudissements recouvrant la fin de l’annonce, il semble effectivement que les passagers soient soulagés d’être arrivés sains et saufs aient effectué en bon vol en leur compagnie !
Le temps de traverser les différents couloirs du labyrinthe aéroportuaire, et de ses procédures administratives, j’entre enfin officiellement sur le territoire Canadien – moins de 15 minutes plus tard (Mieux qu’à Roissy-Charles-de-Gaulle ! Oui, je sais, c’est pas dur…) – le douanier me tendant d’un geste sec mon passeport dûment approuvé qu’accompagne un “Welcome to Canada”, énoncé avec un sourire totalement absent.
Puis, ma petite valise récupérée, je retrouve une partie de l’équipe avec qui je vais passer 6 semaines d’aventure de travail dans la grande nature Canadienne !
En effet, après 2 très belles années à faire le touriste travailler dans le tourisme Bordelais, avec l’équipe (dynamique, sympathique et compétente) de Bordeaux Excellence (au cas où ils lisent ce billet…), je suis venu faire une mission au Québec.
Enfin bref assez parlé de moi…
La voiture chargée, nous prenons la route en direction d’un tout petit village de la Côte Nord du Québec, à quelques 1200 kms au Nord-Est de Montréal : Baie-Johan-Beetz !
C’est donc parti pour un périple de 31 heures dans la « Belle Province« , afin de relier notre destination finale, incluant 17 heures de voiture, 2h30 de ferry, des arrêts pipi plein d’essence, des pauses repas, des courses complémentaires et une nuit chez un ami de la famille, histoire de couper un peu la loooooooooooongue route !
En parlant de route, celle qui relie Montréal à Québec est d’une linéarité et d’une monotone platitude (à rendre jalouse l’autoroute Bordeaux-Paris), et le bitume qui la recouvre laisse apparaître un manque flagrant d’entretien entre nids de poule, fissures, trous et autres bosses qui la jalonnent ; on a l’impression de rouler sur un chemin en brail…
Et à propos de brailler, les Québécois se plaignent d’ailleur de la mauvaise qualité des infrastructures et surtout de la mafia italienne qui contrôle les constructions publiques (avec son lot de corruption, pots de vin, financements illégaux, ententes, règlements de comptes…). Et à les écouter (ou à les lire) la corruption est un vrai problème endémique au Canada.
En tous cas, de nombreux chantiers sont en cours aux alentours de Montréal (et même sur la route de la Côte Nord, avec de nombreux ponts en cours de rénovation), dont les méthodes de travail semblent inspirées de la DDE française : 3 personnes sur un chantier de 15 mètres, 2 qui regardent le 3ème travailler et on inverse les rôles à intervalles régulières… Parfois même, les 3 se réunissent et regardent ensemble si les travaux avancent tous seuls !
De part et d’autre de la route, les paysages étalés à l’infini sont ponctués, ci et là, de quelques groupes de maisons, entourées de forêts ou de champs.
C’est d’ailleurs étonnant de voir qu’en pleine campagne, les maisons sont aussi près de la route ; le son strident des voitures lancées à pleine allure tranchant le silence de la nature…
Or, les Québécois étant pragmatiques, la proximité avec la route leur permet surtout un accès direct aux axes routiers principaux, rapidement déneigés, durant les longs mois d’hiver ! Alors qu’en cette mi-juillet point de neige, un généreux soleil enveloppe le sud de la belle province d’une bonne grosse chaleur bien étouffante (et de toutes façons, il ne neige pas l’été au Québec).
Le décalage horaire du voyage s’accompagne d’un décalage des sens visuels ; c’est en effet déroutant de se retrouver sur des routes empruntées par des véhicules très “nord-américains” – des Pick-ups, grosses Jeep, Dodge, GMC et autres Chevrolets doublant d’énormes camions (dont la taille rivalise avec nos “transports exceptionnels”, certains trainant 2 remorques – et jalonnées de panneaux de signalisation en français, avertissant par endroits des traversées de Caribous, d’Orignaux (des Elans), ou même de moto-neiges !
Puis, la ville de Québec (Capitale de la province éponyme, classée au patrimoine mondial de l’Unesco) contournée, nous poursuivons sur une route devenue plus vallonnée sur la rive Est du Saint-Laurent, dans la région du Bas-Saint-Laurent.
Le Québec est une province remplie de Saints… Je ne sais pas s’ils ont tous bien existé, mais en tous cas, ils ont ont permis de nommer lacs (Lac Saint Pierre, Lac Saint Jean… Et comme à Tibériade, il est possible de marcher sur leurs eaux ! enfin, l’hiver, quand elles sont gelées), rivières, fleuves (dont le fameux « Saint Laurent »), ainsi que de nombreuses villes : Saint-Lazare-de-Bellechasse, Saint-Marc-sur-Richelieu, Saint-Joachim-de-Shefford, Sainte-Majorique, Sainte-Brigitte-des-Sots (ah non, pardon : « des Saults », pas « des sots » !), Sainte-Perpétue (l’éternelle…), Sainte-Marie, Saint Raphaël, Saint-Malachie-ne-profite-jamais, parmi tant d’autres ! Il y a même une ville qui s’appelle “Ange-Gardien” !
C’est donc par la route que je découvre le Canada, cet immense pays de 10 millions de km2 bordé de 3 océans : l’Atlantique à l’Est, l’Arctique au Nord et Pacifique à l’Ouest. Il ne possède qu’un seul pays limitrophe, un peu “bruyant” sur la scène internationale comparé à la discrétion des Canadiens : les Etats-Unis. La frontière est symbolisée par le 49ème parallèle, une des plus longue et non gardée !
Compte tenu de la porosité de celle-ci, il est tout de même étonnant que les Américains – toujours soucieux de se protéger vis-à-vis des gens venant de l’extérieur – n’aient jamais pensés à construire un mur et vivre “libres et en sécurité » dans leur pays ! Bon en fait il se trouve qu’à défaut d’un mur, suite aux attentats du 11 Septembre 2001, M. John Ashcroft, alors secrétaire à la Justice Américaine, trouvant la frontière canado-américaine un peu trop perméable à son goût, y fit patrouiller l’armée quelques temps…
Le Canada est une monarchie constitutionnelle – car rattaché à la Reine d’Angleterre – structurée en Etat Fédéral (Capital : Ottawa), constitué de 10 provinces (chacune ayant leur propre parlement) et grand comme 20 fois la France, vivent 35,6 millions d’habitants ; 1 province résiste toujours et encore à l’envahissant idiome anglais : le Québec et ses 8 millions d’habitants (sur un territoire de 1,55 millions de Km2), parlent le… Québécois ! c’est à dire Français, avec une petite teinte de sirop d’érable (hashtag mot-dièse clin-d’oeil-humour).
1 plein d’essence et 7 heures de route plus tard, nous faisons escale dans un petit village situé à proximité de Saint-Gabriel-Lalemant et de Saint-Philippe de Néri, en direction de Trou-à-Pépette (si-si, ça existe… Il y a même 11 habitants ! Mais je ne sais pas si le nom fait référence à de l’argent, ou au surnom d’une locale…) : Mont-Carmel, chez Fernand, un ami de la famille, pour une nuit d’étape !
C’est là que je retrouve 2 des initiateurs du projet sur lequel je suis impliqué – appelons les Valère et Léthéric, pour conserver l’anonymat – Valère étant établi au Canada depuis plus de 25 ans et Léthéric après avoir travaillé dans différentes capitales, vit désormais à Tokyo (et c’est mon boss). Les présentations faites, nous voilà en train de décharger le contenu du coffre d’un gros pick-up (il me faut presque une échelle pour monter à bord), pour re-charger la marchandise dans une grosse remorque (et quand je dis grosse, elle a la taille d’une caravane !) et mettre les produits congelé dans un gros congélateur ; produits que nous devrons transférer dans des glacières le lendemain matin (et quand je dis “matin”, c’est un terme technique, puisque le réveil se fera à 3h30 du matin… soit 09H00 du matin, en France ! pour moi qui suis du matin c’est une vraie grasse mat’ !).
Et donc à 3h30 du matin, je me lève « à la James Bond, après une grosse bagarre » : c’est-à-dire frais et dispo, bien coiffé et sentant bon le parfum (l’important, c’est d’avoir la classe, dès le réveil !)… C’est presque la réalité, car les yeux sont encore collés d’une nuit très (trop) courte, la trace de l’oreiller imprimée sur la joue et les cheveux élégamment coiffés en pétard.
Mais bon, à croire que nous avons été efficaces, car 15 minutes plus tard, les glacières remplies et chargées dans le coffre, la remorque bien harnachée à l’arrière de notre pick-up, nous reprenons la route dans la nuit noire (“dans la nuit noire et obscure”).
Mais pourquoi partir si tôt ?
Parce que notre objectif est d’atteindre la ville de Matane dans la province de la Gaspésie (à 250 kms au nord) avant 07h30 pour embarquer sur le Traversier (le Ferry), sous peine de risquer de perdre notre réservation, et rejoindre Baie-Comeau, un petit port situé à 3h30 de traversée sur l’autre rive du Saint-Laurent (région de la Côte Nord).
Notre but atteint avec une confortable avance de 45 minutes sur le timing, nous embarquons à bord du ferry ; Et les amarres larguées, le capitaine nous éloigne des rivages de la Gaspésie, alors que nous prenons – enfin – un bon petit déjeuner !
A mesure que nous naviguons, une épaisse couche de nuages recouvre le ciel et la brume à l’horizon peine à être dissipée par le léger vent marin…
“En général, à cette époque de l’année, on voit des baleines ici !” me dit Valère ; ni une, ni deux, je me rends sur le pont supérieur scruter les eaux sombres du Saint-Laurent. Mais le vent se faisant plus insistant, les vagues se creusant et la pluie troublant la surface de la mer finit de doucher mes espoirs, hélas, d’apercevoir tout cétacés ! Je rejoins donc la cabine principale, reprends un café et, bercé par la mer, offre quelques précieuses minutes à un bon sommeil.
Réveillés par l’annonce du Capitaine, nous rassemblons nos affaires, ré-embarquons dans la voiture et nous re-voilà partis pour 6 heures de voiture (près de 520 kms… quasiment un Bordeaux-Paris), sur une route côtière – la route Jacques Cartier – serpentant le long de magnifiques paysages, avec d’un côté la mer (en même temps, c’est normal, la route est côtière…) – « la route des baleine » – et de l’autre une belle alternance de forêts, grands lacs ou encore d’immenses étendues de tourbières.
Les villes se font de plus en plus distantes les unes des autres ; ainsi nous traversons : “Sept-îles” (une ville avec face à elle… 7 îles, dont certains noms me sont familiers : “La Grande Basque” et “La Petite Basque” ! Bien qu’il y ait des villes avec des noms de Saint, je n’ai pas vu de Saint-Jean-Luz dans le coin…), puis la dernière “grande” ville de notre périple : Havre-Saint-Pierre (3600 habitants) qui fait face aux superbe parc national de l’archipel de Mingan…
Et 45 minutes plus tard, nous arrivons enfin à Baie-Johan-Beetz !
Baie-Johan-Beetz est un petit village de 80 habitants situé dans le comté de la Minganie, dans la province Côte Nord du Québec, dont la moyenne d’âge doit être d’environ 58-60 ans !
Pas un restaurant, pas un bar et une population constituée majoritairement de… Retraités !
Seul commerce ouvert : “le Dépanneur”, « Les choix de Marguerite », un magasin Coopératif 3-en-1 qui assure les fonctions de : station-essence-supérette-bureau-de-poste et qui dépanne bien !
La route bitumée qui relie le village à Havre-Saint Pierre date de 1996 (avant, c’était de la terre…) et l’arrivée d’Internet Haut débit de 2016 (et pas partout), quant au réseau GSM, il passe très mal ! Icite (« ici, en québécois), on a comme l’impression d’être au « boute » (bout, en québécois) du monde !
Vous en conviendrez, c’est un superbe environnement pour faire la fête et se mettre une grosse mine tous les soirs bosser !
C’est donc ici, entre lacs, rivières, mer et forêts, que je viens travailler cet été, avec 2 des fondateurs du projet, et dans une ambiance très familiale (voire de tribu), puisqu’une partie de leurs enfants sont aussi là pour assurer les opérations de la pourvoirie.
Pour information, une pourvoirie est un territoire exclusif que le gouvernement a vendu à un propriétaire privé et où les clients viennent principalement pêcher et/ou chasser (selon le lieux). Il en existe un peu plus de 600 au Québec, dont l’hébergement va du camping à la cabane (plus ou moins rustique), jusqu’à un hébergement haut de gamme (généralement fréquentés par des gens très fortunés d’Amérique du Nord).
La pourvoirie acquise ici est reconnue pour ses rivières (comme les rivières « Piatchi » et « Petite Waschishou »), à Saumons Atlantique, à Truites et à Ouananiches (saumon d’eau douce) ; mais elle a quelque peu été délaissée par ses propriétaires et la magnifique maison (appelée aussi “le Château”), dont la rudesse du climat du Nord a un peu… patiné (pour ne pas dire abîmé).
Le village doit son nom à un aristocrate Belge qui s’installa ici – le village s’appellait alors “Piaste Baie” – en 1897 et fit édifier sa maison, sur un rocher face à la mer l’année suivante, maison classée depuis au patrimoine du Québec ! Il y avait alors seulement 12 familles installées. Passionné de chasse et de pêche, il étudie la faune et la flore du coin, crée un élevage de renards et contribue à développer l’économie du village grâce au commerce florissant des fourrures, en court-circuitant, par ses connaissances en Europe, l’une des compagnies les plus puissante du Québec – ayant créé une situation de quasi-monopole – la Compagnie de la baie d’Hudson. Véritable homme de science et grâce à ses connaissances en médecine il sauva le village de la grippe espagnole qui sévit alors en 1918. Il s’installa en 1922 à Montréal, puis à Québec où il dirigea un élevage d’animaux à fourrure, avant de participer à la fondation d’un jardin zoologique et en 1936 fut fait « Maitre ès Science par l’Université de Montréal. Il fut reçu la distinction de Chevalier de l’ordre de Léopold II en 1924.
En d’autres termes, il reste encore à ce jour une figure héroïque et historique du coin !
Mais que suis-je venu faire ici ?
Quel est donc le projet ?
Et que fais-je de mes journées et semaines ?
ça, c’est une autre histoire…
1 commentaire
Bonjour Pierre-Jean,
Vraiment sympa ton blog. C’est cool de partager ainsi tes voyages avec nous. Que de belles photos ! j’ai hâte de lire la suite de ton aventure car je me demande bien ce que tu es venu faire dans le trou du c.. du monde 🙂
Je suis allée à Québec, invitée chez une amie et je voulais aller en Gaspésie mais effectivement on m’avait dit que la route était longue…! Combien de temps vas-tu rester là-bas ?
Si tu ne sais pas quoi faire avant l’hiver…je t’envoie ce lien :
Traversée de la Gaspésie 2016 : 100 km en bottines : http://lesoleil.gc.media/m/2aJqa0trGx
Bises et à bientôt de te lire
Sylvie Dorey (Dalbignat)