Randonnée au Cirque de Troumouse … Mais Qu’est-ce Que C’est Que Ce Cirque ?
Situé dans le massif du Mont Perdu et plus précisément sur la commune de Gavarnie Gedres, à 1 heure de route de La Mongie, le cirque de Troumouse est certes moins couru connu que son illustre grand frère – le cirque de Gavarnie – mais néanmoins très beau.
Car, bien ancrés à 2200 mètres d’altitude, il offre aux randonneurs qui viennent lui rendre visite, une très large prairie – de 4 kms de diamètre – vallonée traversée par un petit ruisseau et ouverte partiellement sur les sommets Pyrénéens, un lac, des vaches, des moutons, des marmottes, des gypaètes, une statue de la Vierge Marie, le tout entouré d’une haute muraille rocheuse culminant à 3000 mètres qui sépare la France de l’Espagne.
C’est spectaculaire ! Et c’est magnifique !
A l’instar du cirque de Gavarnie, le Cirque de Troumouse est aussi classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO.
Enfin, et avant de débuter le récit, sachez que cette randonnée peut être entreprise depuis La Chapelle de Héas pour les plus sportifs (boucle d’environ 12 km mais sans grande difficulté), ou en prenant le petit train depuis le parking de l’Auberge de Maillet plus en amont. Cette alternative fait d’ailleurs que la randonnée au Cirque de Troumouse est bien adaptée pour les familles avec des enfants.
Ainsi donc, et sans plus attendre, voici le récit – suivi de conseils – pour entreprendre la randonnée au Cirque de Troumouse depuis la chapelle de Héas (pour les plus sportifs donc !)…
La Mongie, Vendredi 15 juillet 2022.
Bonjour ami randonneur !
Après une bonne petite 1ère journée de randonnée « remise en jambe » en direction du Lac de Gréziolles et au Lac de Campana de Cloutou, suivie d’un bon dîner et d’une nuit réparatrice (il faut dire que le Ti-punch est un bon médicament pour apaiser les douleurs musculaires, mais pas que…) à La Mongie, nous avons décidé que pour le 2ème jour de week-end prolongé du 14 juillet nous ferions une marche plus facile, mais néanmoins très belle : à savoir randonner au Cirque de Troumouse.
Situé à 1 heure de route depuis La Mongie, mais surtout à une altitude de 2200 mètres, le cirque de Troumouse est moins connu – et donc moins arpenté – que son grand frère à l’ouest, le fêlé de la brèche de Roland : le Cirque de Gavarnie (et avec le Pic du Taillon qui pointe à plus de 3000 mètres d’altitude).
Mais à en croire de nombreux adeptes de randonnées pyrénéennes, le Cirque de Troumouse serait même plus beau (il faudra que j’aille à Gavarnie pour comparer… tiens, je fais quoi le 14 juillet prochain ?).
Départ de La Mongie, direction le Cirque de Troumouse.
Ainsi, le petit déjeuner pris, les courses faites au Carrefour Montagne pour le pique-nique et les sacs – bien remplis – chargés dans la voiture, nous partons pour 42 petits kilomètres, qui se traduisent en 1 heure de route grâce à la magie des routes sinueuses de montagne, mais aussi grâce à la présence sur la route de moutons, vaches ou encore de lamas (si si… Et non, pas Serge !).
Ah et des cyclistes aussi !
Car au départ de La Mongie, la route nous fait passer d’abord par le mythique col du Tourmalet (mythique pour les cyclistes. Et pour les skieurs !), puis Barèges, puis Luz St Sauveur, à la sortie duquel nous apercevons le Pont Napoléon (un pont en pierres très vertigineux construit en 1860, sous Napoléon III, où se pratique le saut à l’élastique au dessus de la forêt et d’un ruisseau), avant de traverser le village de Gavarnie – Gedres pour arriver enfin au village d’Héas.
Depuis le village de Gavarnie-Gerdes, il est possible d’accéder non pas à 1, ni 2, mais à 3 cirques qui se succèdent, d’ouest en est :
⁃ Le Cirque de Gavarnie
⁃ Le Cirque d’Estaubé
⁃ Le Cirque de Troumouse.
Il faut donc faire attention de prendre la bonne direction en sortant de Gavarnie(donc prendre la direction « Troumouse »… Qui a dit d’Estaubé ??) !
A mesure que la route s’enfonce en serpentant dans les gorges profondes pyrénéennes, les paysages de montagnes virent au sublime : les vertes forets de sapins dévoilent leurs couleurs contrastées à la faveur du soleil naissant, caressant de ses rayons d’or les cimes des montagnes.
Enfin arrivés au village d’Héas nous nous garons las là, sur le parking (gratuit) situé à proximité de la Chapelle.
Hélas à Héas, Agnan (prénom changé pour conserver l’anonymat) nous quitte car, appelé par le « devoir », il doit rentrer dare-dare à Bordeaux.
Les enlacements et salutations de circonstance faits, nous laçons nos chaussures, hissons nos sacs sur nos dos, traversons la chaussée et quittons Héas par un petit sentier qui serpente en direction du cirque de Troumouse (punaise, ça en fait des « s » dans une même phrase !).
Au départ de la Chapelle d’Héas : La longue – et lente – ascension vers le Cirque de Troumouse.
Le départ du sentier de randonnée vers le Cirque de Troumouse est bien indiqué (d’ailleurs, toute la randonnée est bien tracée avec des panneaux aux intersections… impossible de se perdre !) : sur la gauche, à l’ombre d’un arbre et proximité d’un rocher, des panneaux directionnels jaunes listent pas moins de 7 destinations de randonnées, dont le Cirque de Troumouse (donné pour être rejoint en 3 heures).
A proximité, un panneau nous indique que « dans 45 minutes vous serez au coeur du parc national » assorti d’un certain nombre de règles à suivre (je vous les ai listées en fin de cet article).
La randonnée commence « sobrement » par un petit sentier dans un grand champs fleuri relativement plat, avant de et se prolonger sur une pente douce parsemée de gros rochers, en longeant sur notre droite le gave de Héas issu du cirque.
De l’autre côté de la rivière, la montagne rocheuse plus abrupte, surplombe des pentes vertes raides, que sillonne la route en direction de l’Auberge du Maillet, entrecoupée de cascades et torrents qui viennent alimenter un petit gave.
D’ailleurs, arrivés à hauteur de la prise d’eau du gave des Touyères (une sorte de barrage en béton en contrebas du sentier) – le gave étant formé par la réunion du gave d’Haas et de la rivière du Maillet – nous entrons alors officiellement dans le Parc National des Pyrénées.
La barrière passée, nous croisons des randonneurs qui descendent d’une nuit passée dans le cirque.
Nous traversons alors une grande prairie dans laquelle sont disséminés des pierres de toutes tailles, de gros rochers rochers et des iris, pâquerettes, circes des ruisseaux, campanules, pissenlits et autres oeillets des Pyrénées dont la croissance est favorisée par la présence engrais naturel déposé en quantité : les bouses de vaches.
Sur cette partie du chemin, à défaut de signalétique indiquant un chemin GR ou PR, des kerns indiquent la direction.
Ceci dit, vue la configuration encaissée du lieu, il faudrait vraiment mettre une sacré dose de mauvaise volonté pour se tromper !
Au loin, sur les sommets pointus du cirque, nous apercevons de beaux et gros de gros nénés névés qui descendent le long des flancs des montagnes.
A mesure que nous avançons, nous quittons la prairie pour monter à flanc de montagne. Et plus nous prenons de l’altitude, plus le sentier se poursuit alors en de très, très très nombreux et grands lacets.
Si les 2-3 premiers sont sympas car les paysages deviennent progressivement de plus en plus beau, les 50 suivants sont un peu longs… (comment ça, il n’y en pas 50 ? Ok, je ne les ai pas comptés, donc j’exagère peut être un petit peu…), voir semble faire toucher l’éternité et comme le disait Woody Allen :
« L’éternité, c’est long, surtout vers la fin ».
Bref : ce flanc de montagne en direction du cirque est très enlacé de lacets (Pire qu’une chaussure montante de clown ! et pire que le niveau de ce calembour).
Et il y en a beaucoup.
Beaucoup, comment ?
Très beaucoup !
En tous cas, à mesure que nous montons en lacets (et pas enlacés – qui a dit que j’ai mangé du clown avant d’entamer l’ascension du cirque ?), la vue offerte sur la vallée et sur la montagne du cirque est de plus en plus belle.
Le long du chemin de randonnée, une multitude de fleurs colorées – Iris, œillets, pâquerettes, églantines, aconites violettes (comme les digitales), hellébores (ou roses de noël), chardons, campanules – viennent ajouter autant de touches violettes, jaunes et blanches au vert des herbes et genévriers alors que des papillons aux ailes bleues, coccinelles rouges et gros bourdons jaunes et noir voltigent de fleur en fleur.
Sur les rochers de granits, des succulentes sauvages se développent dans les interstices.
C’est incroyable de voir combien, en dépit de la rudesse du climat, la vie végétale se développe en une riche diversité.
Nous passons entre de gros rochers, franchissons des petites coulées d’eau, dans lesquelles se cachent des petites grenouilles, et d’autres plus verticales qui descendent en jolies petites cascades, dont les éclats d’eau jouent avec les rayons du soleil.
Les chants des grillons, mêlés à ceux des oiseaux nous encouragent à poursuivre l’ascension en lacets.
Puis d’un lacet à l’autre, l’ascension devient doucement, mais sûrement, plus raide.
Et après de nombreux lacets (j’ai arrêté de compter après 8), un carrefour se présente à nous avec des panneaux jaunes directionnels (c’est un chemin de PR) qui proposent 2 options :
– soit continuer tout droit en direction du « lac des Aires » (0h30 de marche), du « cirque de Troumouse » (0h45) et du « plateau du Maillet » (1h15).
– Soit aller à gauche vers la « cabane des Aires » (0h15).
Nous prenons donc tout droit…
Le chemin à flanc de montagne fait traverser un dernier ruisseau, longer une cascade, et passer au travers de gros rochers.
Le chemin en terre cède progressivement la place aux cailloux et aux rochers.
Avec l’altitude et la rudesse du climat, il y a peu de végétation sur les derniers mètres : la fin de l’ascension est très minérale (on se croirait sur une place bordelaise).
Puis, à mesure que nous nous rapprochons au fond du Cirque de Troumouse, le sentier s’aplanit progressivement et laisse deviner un plateau entouré de montagnes et duquel s’échappe un torrent d’eau.
Ainsi, après une ascension de près de 2 heures avec un dénivelé de 640 mètres (environ), le sentier à flanc de montagne s’ouvre alors, non pas sous le plus grand chapiteau du monde, mais sur un large plateau situé à 2098 mètres d’altitude, qu’entoure une gigantesque montagne qui, telle une muraille, nous sépare de l’Espagne.
On longe à ce qui ressemble deux lacs, lesquels sont malheureusement à sec, les mois de juin et juillet ayant été bien secs, avec des températures quasi caniculaires. La cascade observée sur les derniers mètres de l’ascension vient donc d’un autre point d’eau.
Mais d’où ?
Quel insoutenable suspens…
Il faudra donc explorer le Cirque de Troumouse pour percer ce mystère bien… mystérieux Étonnant !
Randonnée au coeur du Cirque, entre Ruisseaux, Vaches, Monticules et… Statue de la Vierge de Troumouse.
Nous poursuivons alors notre marche sur le grand plateau du cirque de Troumouse, perché à 2200 mètres d’altitude.
Encerclé par une grande barrière montagneuse, s’étend un immense alpage parsemé de rochers, dans lequel paissent paisiblement des vaches et moutons autour de petits lacs d’où serpentent des cours d’eau.
Le paysage est vraiment spectaculaire : d’un côté, la montagne s’érige comme un croissant de lune – avec au sud-ouest le Pic de Bouneu et au nord-est le Pic de la Sède (2 694 m) – et l’énorme muraille de sommets (dont le plus haut est le Pic de la Munia culminant à 3133 m), enserre entre ses mains un grand plateau qu’elle semble offrir de l’autre côté à la vallée en contre bas, à l’horizon de laquelle les sommets dessinent la séparation avec le ciel.
En différents endroits de la montagne, des névés entourent les pics tels des écharpes blanches.
Et nous, minuscules bipèdes, sommes comme perdus, plongés dans l’immense beauté du paysage.
En effet, situé dans le massif du Mont Perdu, le Cirque de Troumouse est donné pour être le plus vaste et le plus ouvert des trois grands cirques glaciaires de la vallée de Gavarnie.
Car avec un diamètre d’un peu moins de 4 kilomètres, il présente une circonférence d’environ 11 km (je vous laisse avec pi pour vérifier le calcul, si le coeur vous en dit), faisant du Cirque de Troumouse le plus grand des cirques d’Europe.
Bien qu’il n’y ait ni buisson, ni arbre – à cause de l’altitude du plateau et au climat rigoureux à cette altitude – force est de constater que la démesure des paysages qu’offre les montagnes du cirque de Troumouse, alliée à une ambiance pastorale, paisible et verdoyante, lui confèrent un charme austère unique.
Le long du sentier des tertres de terres érigés tels des pyramides viennent ponctuer le paysage.
Nous montons sur un des tertres pour tenter d’apercevoir des marmottes, dont les sifflements résonnent au sein du cirque du Troumouse.
Mais nous avons beau essayer de fixer avec attention les rochers, force est de constater qu’elles ont dû bien se cacher.
Tout comme les isards d’ailleurs.
En effet, le silence apaisant de la montagne est rompu par un groupe de randonneurs allemands à la logorrhée guturalement bruyante (en tous cas, plus bruyant que nous ! Si si…) qui nous dépasse en pas cadencé.
Et leurs paroles fortes couvrent à peine la musique (ou plutôt le bruit, à en juger la qualité de la « mélodie ») qui s’échappe d’une enceinte connectée (Aaaaah la délicatesse allemande…). Non mais quelle plaie parfois la modernité !
— Petit aparté :
Heureusement en hiver, les skieurs sont plus disciplinés sur les pistes, eux, et ne font pas subir aux autres leurs musiques… heuuuuuuu… Ah merd*&% ! Ah bah si en fait ! Pffff, bon, force est de constater qu’il y a vraiment des c*ns partout, de toutes nationalités et quelque soit la saison ! Probablement les mêmes qui roulent en vélo sur les trottoirs et en sens interdit en ville… oui, ça n’a rien à voir non plus avec le sujet, mais bon !).
Fin du petit aparté —
Nous les laissons donc prendre un peu d’avance et poursuivons notre exploration en suivant le chemin de terre qui longe alors à ce qui reste du lac des Aires.
Ce chemin nous mène ensuite le long d’une petite ascension vers un promontoire du haut duquel nous avons bien la confirmation que le lac en contrebas est presque sec (ça valait bien le coup de monter, tient !).
Il se prolonge ensuite en gave des Touyères, qui se jette du haut du Cirque de Troumouse en une belle cascade !
C’est donc de lui d’où venait la cascade… Le mystère est résolu !
Du haut du promontoire, un autre grondement sourd se fait entendre.
Impressionnés, nous nous regardons et levons les yeux vers le ciel qui est d’un bleu pur, sans l’ombre d’un nuage.
A nos regards étonnés, Théophile répond alors qu’il a faim et qu’il serait largement temps de déjeuner.
Il est en effet 13h30 et nous mettons alors en recherche d’un lieu « sympa » où se poser pour déjeuner.
Nous quittons le promontoire et poursuivons alors notre marche en direction du Sud-Ouest du Cirque de Troumouse – donc vers le Pic de Bouneu (pour ceux qui ont compris la description plus haute), nous apercevons au loin les méandres d’un cours d’eau qui semble parfait pour se poser et déjeuner.
Nous longeons un petit lac peu profond aux herbes hautes, dans lequel les vaches paissent, se prélassent et se plaisent à nous voir passer.
Et, les dépassant, nous approchons d’un petit ruisseau d’eau claire, le ruisseau du Cot, dont les méandres dessinent, de jolies courbes au cœur de la large prairie du Cirque de Troumouse, dans ce paysage montagnard contrasté.
Et après avoir repéré un emplacement (presque) vierge de bouses de vaches (ou en tous cas, là où il semblait y en avoir le moins…) et de randonneurs (et assurément loin des allemands), nous finissons par poser nos affaires en bord de ruisseau, dans un lieu qui nous parait idéal pour faire une petite pause technique pique-niquer, au cœur de cet immense amphithéâtre rocheux, face au Pic de la Munia qui, culminant à 3133 mètres, en fait le pic plus haut du Cirque de Troumouse.
Les plus motivés délassent alors leurs chaussures pour se rafraichir (le mot est faible) les pieds dans l’eau glacée du ruisseau (pauvres poissons et têtards… pas pour la température, mais pour l’odeur !).
Elle est si froide, qu’on a l’impression de se faire poignarder les pieds.
Il faut dire qu’elle sort en résurgence des entrailles de la montagne et n’a pas eu trop le temps de se réchauffer.
Mais quel délice de sentir le courant caresser la peau et apaiser les douleurs.
Il faut dire aussi que nous sommes bien aidés par les verres de Ti-punch que Nicolas (prénom presque pas changé pour conserver un semblant d’anonymat) nous a généreusement préparés, son sac-à-dos à peine défait !
En effet, il trouvait que la veille au Lac de Gréziolles, il manquait quelque chose pour l’apéro avant d’entamer le pique-nique…
Donc, en plus des bouteilles de rosé, Nico a porté dans son sac une bouteille de rhum, du sucre roux et des citrons verts. Soit tous les ingrédients nécessaires pour préparer de bons ti-punchs (Non mais sérieusement : comment fait-il pour porter autant de bouteilles dans son sac ? … En plus être le premier de cordée, vu qu’Agnan n’est pas avec nous aujourd’hui) !
Il semblerait que nous ne soyons pas les seuls a avoir trouvé l’endroit magnifique, car une équipe d’archéologues a découvert en 2015 que le Cirque de Troumouse a été habité à l’âge de Bronze (entre 2300 et 2000 avant notre ère).
Des fouilles réalisées entre 2016 et 2019, sur le site de La Haille de Pout, ont révélé la présence de plusieurs habitations construites, et donc qu’un petit hameau protohistorique s’élevait là, sur un replat en bordure de ravin.
Et entre les ti-punchs, le rosé, les blagues pourries qui en découlent, les rires qui les accompagnent, les endorphines qui viennent apaiser les douleurs musculaires de l’ascension, nous sentons monter progressivement un léger sentiment d’ivresse…
Ivres de contempler la beauté presque irréelle du Cirque de Troumouse et de se sentir tout petit plongés dans cette immensité.
Ivres du plaisir d’être ensemble.
Et tout simplement, ivres d’être en vie !
Le pique-nique terminé, le lieu est aussi idéal pour faire une bonne petite sieste, invités par les verres de ti-punch et de rosé le son apaisant du clapotis de l’eau courant le long du ruisseau, qu’accompagne un vent doux qui, descendant de la montagne, caresse les hautes herbes.
C’est calme. Et c’est beau.
Quelle sensation agréable de se sentir libre en pleine nature face à l’immensité des montagnes !
Alors que nous digérons notre délicieux pique-nique, au dessus de nos têtes, gypaètes, aigles royal et autres rapaces, fendent le bleu du ciel à la recherche de leur repas.
Et alors que je m’apprête à fermer mes yeux, une idée vient frapper mon esprit : pourvu qu’ils ne nous confondent pas avec quelques surmulots qui pourraient traverser le cirque !
Malheureusement, ce plaisir sera de courte durée, car nous sommes vite tirés d’un état semi-somnolent par le passage d’un groupe de randonneurs qui hurle et tempête : un père de famille et ses 2 enfants (soit 3 personnes, ressenti 15) passent littéralement à 3,5 mètres de nous…
Le petit dernier pleure de s’être mouillé les pieds dans la rivière, moqué par son aîné, les 2 étant fortement réprimandés par le père !
C’est pas comme si nous étions plongés dans l’immensité de paysages sublimes et qu’ils auraient pu passer ailleurs, loins de nous !
Et c’est pas comme s’il aurait pu dire à ses enfants de se taire, alors qu’ils s’en venaient à notre immédiate proximité !
Non mais… Qu’est-ce que c’est que ce Cirque de Troumouse bord*l-c’est-vrai-c’est-quoi-à-la-fin-ce-besoin-de-faire-ch*er-les-honnêtes-randonneurs-sans-blague-m*rde ! (En tous cas, le titre de cet article est finement amené…)
On se croirait presqu’à la plage, quand, alors que vous êtes seul (ou juste avec vos amis / votre moitié) sur une plage vide et qu’un groupe vient fêter un enterrement de vie de garçon – ou de jeune fille (rayez la mention inutile) – juste à côté de vous. Alors qu’il n’y a personne à la ronde (Aaaargggh… Vive l’instinct grégaire !)
Puisque nous sommes réveillés de la trop courte sieste, nous rassemblons alors nos affaires et quittons ce lieu presque vraiment paisible, en direction d’une petite butte, au sommet de laquelle trône la Vierge de Troumouse.
Comme il fait chaud, sous le soleil et à la faveur d’un petit vent très doux qui remonte depuis la vallée, nous mouillons casquettes et t-shirts pour se rafraichir le temps de la marche.
– Dis donc Marie-Edwige (prénom changé pour garder l’anonymat), c’est sympa pour nous d’avoir mis un t-shirt blanc ! Et force est de constater que mouillé, il te va encore mieux !
– ….
– Bah, non mais c’est quoi ce majeur levé ?! Je te fais un compliment et voilà comment tu l’interprètes… C’est triste !
Et quelques enjambées plus tard (10 minutes), nous nous trouvons au pied du promontoire de la Vierge de Troumouse dont nous apercevons la statue blanche.
Le groupe se sépare en deux sous-groupe : ceux qui s’assoient sur le banc du refuge au pied de la butte et ceux qui montent.
L’ascension est rapide, car en moins de 10 minutes, nous nous retrouvons face à la statue de la Vierge Marie sur son piédestal en pierre qui, les mains jointes, et tournée vers la vallée, semble prier pour le pèlerin randonneur venu lui rendre visite.
Aux pieds de la statue de la Vierge de Troumouse, nous sommes sur le point le plus haut de la randonnée dans le Cirque de Troumouse à 2137 m (après, pour ceux qui veulent faire l’ascension des pics, on est plus sur de l’alpinisme que de la randonnée).
Au niveau du belvédère une table d’orientation, située derrière la statue, permet de repérer les différents sommets qui ceinturent le cirque, depuis le Pic de Gerbats (le plus à gauche, culminant à 2904 m) au Pic de Gabiedou (le plus à droite du cirque, culminantt à 2809 m), sans oublier bien sûr le Pic de La Munia (3133 m… je sais, je l’ai déjà écrit) – ainsi que le col de la Munia – et le Pic de Troumouse (3085 m) éponyme au site.
La table donne aussi une explication sommaire sur la formation du site : ainsi les différentes couches rocheuses – migmatites (les plus profondes et plus anciennes, environ – 500 millions d’années), mais surtout calcaires clairs, schistes sombres (couche de la partie supérieure des montagnes) et carburés – se sont formées entre le Silurien (- 430 millions d’années, pour la couche de schistes sombres) et le Dévonien (-350 à -400 millions d’années, pour la couche calcaire).
A la formation géologique, vient s’ajouter une influence climatique importante avec une longue période de refroidissement.
Ainsi, j’y apprends que « pour comprendre la formation de ces cirques, il convient d’imaginer le comportement des roches calcaires profondément fissurées lors de la mise en place de la nappe de Gavarnie et gorgées d’eau. Sous l’effet du gel, la roche éclate et se découpe en blocs emportés par le glacier vers l’aval. Répété au fil du temps, ce phénomène conduit à une « érosion remontante » qui affecte les parois du cirque pour atteindre les crête frontalière » (merci aux géologues pour l’explication).
Et là, dominant les lieux, pris dans le vertige du temps géologique, je prends pleinement conscience de l’immensité du site et du temps, me sentant alors tout minuscule !
C’est alors que, me retrouvant là, respirant à plein poumons l’air frais des montagnes, à contempler de sublimes montagnes et paysages contrastés, saisi par la beauté des lieux, je suis parcouru par frisson le long de la colonne vertébrale et une drôle d’impression avec un sentiment de « déjà-vu ».
Non pas celui d’être déjà venu, mais le souvenir diffus d’avoir eu le plaisir de contempler des paysages similaires mais plus lointains…
Lointains car, en un flash d’évidence, je me suis souvenu de l’Indonésie et des randonnées au coeur des caldeiras des volcans : que ce soit à Bali avec le Mont Batur, ou sur l’île de Java avec le Mont Bromo, et d’une certaine façon le Kawah Ijen.
Je regarde derrière moi la vallée et symboliquement me fait prendre conscience du chemin parcouru ces 10 dernières années, depuis ma reprise d’étude, à mon expatriation en Indonésie, mon retour à Bordeaux et jusqu’à aujourd’hui en haut des Pyrénées !
Et pris d’un sentiment de plénitude, je me sens étrangement tout petit bien !
Car “La marche ramène le regard à une juste dimension, apprend à gouverner le temps. Le marcheur est un roi. Un roi qui souffre d’être à contre courant mais qui a choisi, pour aller mieux, les grands espaces plutôt que le divan des rebouteux” (Bernard Ollivier).
Cette impression fugace passée (oui, elle était vraiment « fugace… ») et de retour au moment présent, force est de constater qu’il est une heure déjà bien avancée dans l’après-midi (15h30).
Il est donc grand temps de retrouver le reste du groupe pour entamer la descente afin de « boucler la boucle » de la randonnée au Cirque de Troumouse.
Le Retour : Descente du Cirque de Troumouse en direction de l’Auberge du Maillet, puis vers la Chapelle d’Héas.
A quelques pas du refuge, un panneau directionnel indique que le plateau du Maillet se situe à « seulement » 40 minutes de marche.
Le sentier fait passer par un petit pont qui enjambe rivière – celle auprès de laquelle nous avons pique-niqué – pour déboucher sur le parking où s’arrête le petit train.
Là des panneaux jaune en bord de route nous indiquent la direction à prendre (le plateau du Maillet ne serait plus qu’à 30 minutes…) et, nous faisant traverser la route, à défaut de la suivre, nous conduit le long de chemins de traverses.
La descente, si elle reste belle, est moins spectaculaire que l’ascension, et fait croiser – et donc traverser – régulièrement la route en lacets.
Heureusement, il n’y a pas de voitures qui y circulent, mais seulement un petit train tiré par un tracteur reliant le Cirque de Troumouse à l’Auberge du Maillet.
Le sentier débouche alors que un torrent que l’on traverse grâce à une passerelle métallique, avant de rejoindre sur l’Auberge du Maillet et son immense parking.
Arrivés à l’auberge, nous trouvons l’endroit idéal pour faire une petite pause technique. Et surtout pour profiter de la terrasse, face aux montagnes dont on devine au loin de belles cascades, s’assoir à table et se désaltérer d’une bonne bière bien fraîche !
Mais la pause à l’Auberge du Maillet n’est de courte durée, car nous avons laissé les voitures sur le parking de la Chapelle de Héas, et non pas à celui de l’Auberge.
Il faut donc rejoindre Héas, depuis le Maillet.
Le petit hic, c’est qu’à cet endroit, les indications du chemin à prendre ne sont pas super claires…
C’est à dire qu’il n’y a pas de panneau qui indique la direction à prendre ; nous demandons donc notre chemin aux serveurs de l’Auberge afin de savoir comment rejoindre Héas.
Enfin, quand je dis « nous », j’avoue que ce sont plutôt les filles qui, face aux hésitations masculines occupés à repérer les lieux, et surtout parce que les hommes du groupes sommes trop fiers pour demander notre chemin (de toutes façons, nous ne sommes jamais réellement perdus, c’est plutôt qu’on souhaite découvrir un autre chemin) prennent l’initiative d’aller demander le chemin à prendre.
Il se trouve que le sentier se situe juste derrière l’Auberge du Maillet.
En effet, il y a une brèche dans le muret le long de la route qui donne accès au sentier. Il est situé à proximité d’un poteau électrique. Le sentier descend d’ailleurs le long de la ligne électrique.
Les filles reviennent nous informer pile au même moment où les hommes avons découvert le chemin !
Comment ça « Non mais quelle mauvaise foi » ?
Pas du tout…
Bref ; nous poursuivons sur ce petit sentier qui coupe la route à quelques reprises, et dont certaines portions sont assez raides (oui, c’est vrai : on s’est parfois aidé des mains… Et alors ? Au moins on n’est pas tombé) !
Par endroits, nous nous régalons de délicieuses mures et myrtilles qui jalonnent le chemin (éh mais c’est bon les fruits en fait !).
Et après une bonne heure de descente, nous retrouvons le parking de Héas et surtout les voitures !
Il est 18h30 quand nous délaçons nos chaussures de marche et les ôtons pour retrouver le confort de nos sneakers.
Les affaires rangées dans les voitures et apprêtés de vêtements plus propres (et surtout non malodorants), nous reprenons la route direction l’Auberge du Lienz – “Chez Louisette” – où nous avons réservé une table pour dîner.
Et 45 minutes plus tard, nous nous asseyons sur les tables du restaurant, dressées face aux remontées mécaniques de l’Etoile qui semblent s’ennuyer sans les skieurs.
Le dîner servi, nous levons alors nos verres pour trinquer aux aventures de la journée, à la faveur de la douceur des rayons du soleil qui viennent caresser les cimes de la forêt face à nous et teindre en orange l’observatoire du Pic du Midi qui domine la vallée du haut de ses 2876 mètres, en un moment suspendu au coeur de l’éternité des montagnes.
Puis, le succulent repas de « Chez Louisette » terminé (aaah la truite des Pyrénées accompagnée de petits verres de Jurançon… Et les glaces maison !), nous remontons à bord des voitures, direction La Mongie, en passant par le col du Tourmalet pour rejoindre l’appartement… Et surtout nos lits, la fatigue commençant à bien se faire sentir !
Alors si le matin nous partagions la route avec des cyclistes, la nuit, en revanche, celle-ci est empruntée par d’autres types grimpeurs, plus patauds et qui rendent la route de montagne un peu plus hasardeuse, à fortiori dans une demi-pénombre : la présence régulière de troupeaux de vaches et de moutons au détour de virages nous font redoubler de vigilance !
D’autant plus que certains troupeaux occupant la route, il nous est impossible d’avancer, nous obligeant à attendre qu’ils daignent enfin nous laisser passer, après quelques longues minutes d’apprentissage de patience !
Les appels de phare ne les impressionnant pas, mais alors pas du tout, les bras de Morphée dans le confort du lit attendront un peu…
C’est assez fun déroutant !
Fort heureusement le soleil se couchant tard en juillet, nous les repérons bien sur la route et aucune voiture vache n’a été blessée durant notre trajet.
Ni mouton d’ailleurs.
Il est 22h30 quand nous rejoignons enfin l’appartement à La Mongie.
Et après une belle sortie de 8h30 en plein air, et avoir retrouvé l’appartement quelques 14 heures après l’avoir quitté, il ne faut pas attendre longtemps pour que, ayant regagnés nos pénates, le silence de la nuit ne soit interrompu par les ronflements du groupe…
Car demain, une autre belle randonnée nous attend : la vallée d’Aygues Cluses à Barèges !
Quelques Conseils Utiles pour préparer votre Randonnée au Cirque de Troumouse.
Informations Générales sur le Cirque de Troumouse :
- Difficulté : Moyen.
- Durée : donnée pour 4h30 (sans interruption), prévoir plutôt 6h15 (avec les pauses… et d’après ma Suunto).
- Distance : 12,5 kms.
- Dénivelés : 657 m (Ascension) 719 m (Descente)
- Altitudes : 1537 m (point de départ) à 2137 m (Altitude max)
- Quand : de début Juin à mi-Octobre
- Point de départ : Parking de La Chapelle du village d’Héas.
- Retour : en boucle, via l’Auberge du Maillet.
- Visite du Cirque de Troumouse avec des enfants (randonnée au Cirque de Troumouse facile) : si vous venez avec des enfants, ou que vous ne voulez pas faire la « grande boucle » depuis La Chapelle d’Haas, vous pouvez monter en voiture jusqu’au parking (gratuit) aménagé sur le plateau du Maillet (250 places), situé à 3 kms en aval du Cirque. De là, vous pouvez soit monter à pieds, soit prendre en été la navette (le petit train), pour accéder au Cirque.
- Prix du Petit Train (Auberge du Maillet <-> Cirque de Troumouse) :
- 9€ Aller-Retour par adulte
- 6€ Aller-Retour par enfant.
- Prix du Petit Train (Auberge du Maillet <-> Cirque de Troumouse) :
- Autres sites utiles à consulter avant le départ :
Conseils pour la randonnée au Cirque de Troumouse :
- Prendre de l’eau (en plus du pique-nique).
- Je vous conseille d’ailleurs en complément l’utilisation d’une super gourde : la Lifestraw ! Elle vous permet de boire de l’eau de n’importe quel point d’eau, sans risque, grâce à son filtre qui élimine plus de 99,99 % des bactéries et autres protozoaires contenus dans des eaux non potables; je l’ai utilisée à plusieurs reprises, dans différents points d’eau (sauf des flaques…) et n’ai eu aucun problème digestif (ou pire…) !
- Vêtements à prendre en Juillet – Août : Short et T-shirt suffisent si le temps est beau (le temps changeant vite en montagne, prévoir quand même de quoi se couvrir pour les passages à l’ombre, ainsi qu’un coupe-vent).
- Prendre des chaussures de randonnée imperméables équipées d’une membrane Vibram. Je vous conseille les Lowa Renegade (les miennes)
- Prévoir de la crème solaire.
- Prévoir des sacs pour rapporter vos déchets
- Bâtons de marche recommandés (perso, je préfère).
- dans la zone pastorale : marchez à distance des troupeaux.
- Comme le Cirque de Troumouse fait partie du parc national des Pyrénées, des règles s’appliquent :
- Les chiens, même tenus en laisse, sont interdits sur le site.
- Il est interdit de faire du camping, d’allumer des feux et le bivouac est réglementé.
- Il est interdit de faire de la cueillette de plantes ou de rapporter quelconques minéraux ou fossiles.
- Il est interdit d’y faire du VTT ou de rouler en voiture et d’y faire du parapente.
- Les armes sont aussi interdites (pas de chasse donc)
- « Ni bruit ni dérangeant pour la quiétude de tous »… (bon, je pense que nos amis allemands n’avaient pas lu les règles… Ils ne font pas honneur à leur réputation !).
- Vérifiez les conditions météorologiques avant de partir en montagne.
Et pour découvrir d’autres belles randonnées dans la région, voici le topo-guide papier que j’aime utiliser pour mes randonnées :
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1 commentaire
Bonjour Pierre-Jean.
Encore un récit teinté d’une bonne dose d’humour !
Nous ne connaissons pas ce cirque et vous nous avez donné une folle envie d’aller lui rendre visite.
Nous allons donc faire cette boucle en 2024. Promis !
Amicalement.
Michel