Randonnée à la Première Chute du Carbet : Plus Belle sera la Chute !
La Guadeloupe est une destination idéale pour les amoureux de la nature, avec des paysages grandioses et variés entre mer, forêts et montagnes. L’île réserve aussi de très belles plages, de beaux petits îlets (comme l’îlet Caret) des fonds sous-marins riches en vie et en couleurs, des forêts sauvages nées sur les flancs d’un ancien volcan (« qu’on croyait trop vieux »), parmi d’autres belles surprises… Et entreprendre une randonnée aux Chutes du Carbet, en plein cœur du Parc National de la Guadeloupe en est une (de belle surprise) ! Récit-pas-si-concis-que-ça (Et en complément, retrouvez en fin d’article des conseils et informations pour organiser votre randonnée aux Chutes du Carbet)…
Bonjour Ami lecteur,
Alors d’après le Guide du Routard, « En débarquant en Guadeloupe, Christophe Colomb (à Capesterre-Belle-Eau en Novembre 1493) fut impressionné par ces chutes. Dieu seul sait s’il les a vues les 3, mais il en fit une description enthousiaste dans son journal de bord ». Il les décrit d’ailleurs comme étant “une très grande source qui répandait l’eau de tous côtés de la montagne”».
Bon pour être tout à fait honnête : je n’ai pas lu le journal de bord de Christophe Colomb ! Mais j’avoue que la randonnée à la 1ère chute vaut, à elle seule, de supporter le masque durant les 8 heures de vol qui séparent la Guadeloupe à la France ! Certes, j’exagère – peut être – un tout petit peu (ah bon ?), mais cette balade vaut vraiment le coup d’être entreprise et saura récompenser qui s’y aventurera !
D’ailleurs, après quelques hésitations discussions, Vincent et moi abandonnons finalement l’idée de faire l’ascension de la Soufrière. Principalement parce que la météo est trop incertaine en cette mi-août et donc il serait dommage de grimper à 1467 mètres, pour finir la tête dans les nuages !
10 jours, c’est court pour un séjour !
Il faut donc choisir… Et comme « choisir, c’est renoncer » nous avons finalement opté, avec « Mon Doudou » (pour comprendre l’origine du surnom de Vincent, rendez-vous ici) pour faire une randonnée en direction de la Première Chute du Carbet (pour l’ascension de la Souffrière, ce sera donc l’occasion de revenir ; il faut bien en garder pour une prochaine fois !).
Comment Se Rendre au Départ De La Randonnée Vers Les Chutes du Carbet :
Parti de Petit-Bourg à bord de notre « magic-pick-up », (« magic », ce n’est pas parce que ça sent la weed, c’est que, vu son état, je me demande comment il arrive encore à rouler…), nous prenons la N1 (Route Nationale qui passe à l’est de Basse-Terre) en direction de « Capesterre-Belle-Eau », sortons à hauteur de « Saint Sauveur », puis poursuivons sur la route D4 (je vous donne les détails au cas où vous voudriez vous y rendre et si vous vous demandez : mais comment se rendre aux chutes du Carbet ? Bon bah voilà, maintenant vous savez !).
A mesure que nous prenons de l’altitude, la route se fait plus étroite, plus sinueuse et plus densément verte : en effet, les dernières habitations en lisière du village cèdent finalement place à la très verte et épaisse forêt tropicale. Là, notre « magic-pick-up » épouse, avec plus ou moins de fougue, les courbes chaloupées de la route, puis s’enfonce vigoureusement dans l’épaisse forêt (Toute allusion sexuelle dans cette phrase ne serait pas purement fortuite… pffff fait chaud en Guadeloupe !).
Heureusement, la route est facile à suivre pour se rendre jusqu’au parking du point de départ sans trop se perdre : comptez environ 9 kms et une 20aine de minute depuis la sortie de la N1.
La voiture enfin garée sur le parking, nous laçons nos chaussures de randonnée, prenons nos sacs à dos et partons le long du chemin, en direction de… La boutique à l’entrée, pour y acheter les tickets d’accès au Parc National de la Guadeloupe.
Petites informations :
- L’accueil du site est ouvert de 8h à 16h00 ;
- le prix d’entrée est de 3 euros par personne (en 2020).
En arrivant avant 16h00 il est encore possible d’aller à la 2ème chute du Carbet (cela prend une petite 15aine de minutes, en marchant sur un chemin bien aménagé).
En revanche, pour aller à la 1ère chute, je vous conseille fortement d’entreprendre la randonnée avant 13h, car il faut compter aisément 3h30 de marche aller-retour depuis le centre d’accueil. Cela vous permettra donc de rentrer avant la tombée de la nuit. Et comme il est interdit de camper dans le parc national, c’est quand même mieux…
Donc, vous l’aurez compris : pour revenir avant la nuit, il faut donc entreprendre la balade avant 13h.
Avant d’entamer la randonnée en direction des cascades du Carbet, nous nous arrêtons en retrait du chemin, au bord de la forêt, où une petite plateforme découvre une vue splendide sur 2 des 3 cascades !
Côtoyant les nuages, au sommet de la montagne et jaillissant de son flanc, le panache blanc de la première chute du Carbet déchire la forêt en se jetant dans le vide, sur une hauteur de 115 mètres.
Un peu plus bas, et près de nous, la deuxième chute du carbet est plus distincte : si sa hauteur de 110 mètres n’a rien à envier à la première, sa facilité d’accès depuis l’entrée du site l’est beaucoup plus.
Hors du cadre, la rivière née de la 2ème cascade donne naissance ensuite à une 3ème chute d’une hauteur plus modeste (20 mètres).
Ce spectacle de cascades est à tel point magnifique que je comprends mieux pourquoi les Amérindiens (NDR : les premiers habitants de l’île, bien avant l’arrivée de Christophe Colomb) avaient donné comme nom originel à l’île de la Guadeloupe : Karukera, qui signifie « l’île aux belles eaux » !
Début de la Randonnée en direction Des Chutes du Carbet
D’après le Guide du Routard : « Le Carbet prend sa source à 1300 m d’altitude, sur le flanc de la Soufrière et de l’Échelle et parcourt une 10aine de kilomètres avant de se jeter dans la mer, au sud de Capsterre-Belle-Eau. Les 3 chutes consécutives émanent de l’échec du Carbet à entamer les roches très dures, nées de diverses éruptions volcaniques. Un bel échec, donc ! Un bon plan pour s’offrir un peu de fraicheur » (enfin, jusqu’à ce qu’on entame la marche…)
Nous prenons alors le petit sentier de pierres et pénétrons dans la forêt qui semble nous phagocyter en se refermant sur nous.
Nous descendons alors le long d’un chemin de marches en bois (avec en plus une rampe pour se tenir si besoin), puis franchissons un pont enjambant la tumultueuse rivière qui court entre les rochers en contrebas.
De l’autre côté, une première intersection se présente avec 3 directions possibles :
- Revenir à l’accueil (oui bon pas déjà quand même),
- Aller à la 2ème chute (« facile » et rapide : seulement 30 minutes… Huuuummm… Tentant !),
- Partir vers la 1ère chute (long – 1h45 et « difficile »… C’était notre objectif premier).
Face au panneau, nous devons alors faire un choix… Et comme c’est toujours au pied du mur qu’on voit le mieux le mur se demande si on n’a pas fait une grosse c*nnerie, forcément nous prenons un peu de temps pour réfléchir, peser le pour et le contre…
Il fait chaud, c’est long, c’est ouvertement difficile et il faut être honnête : Vincent comme moi n’avons aucun entrainement, enfin surtout Vincent (Oui, je sais c’est complètement gratuit « mon Doudou ») !
Et donc, sans hésitation (enfin… juste le temps d’un chifoumi – pierre-feuille-ciseau -en trois manches pour choisir !) nous partons donc en direction de la 1ère chute !
—– Petit Aparté —–
– Et donc, nous arrivons à ce moment de votre récit où vous dites que pour prendre vos décisions, vous avez recours au tirage au sort ?
– En effet Docteur !
– Toutes vos décisions ?
– A peu de choses près, oui…
– Dans tous les domaines ?
– Heu… Oui.
– Ah. Et quel bénéfice y voyez-vous ?
– Heu… Peut-être que je veux me fier à mon intuition et aux signes du destins ?
– Hum… Ne serait-ce pas parce que vous avez peur de vous sentir responsable de vos décisions ?
– Non, je veux développer mon intuition et… Heu, peut-être, oui.
– Une forme de non-acceptation de la réalité et une peur de vous engager ?
– Heu peut-être, oui.
– Une forme de déni, une relation œdipienne non soignée, voir une crise d’adolescence refoulée ?
– Oh quand même, vous exagérez un peu, là : ça fait plus de 20 ans que je ne suis plus un ado !
– …
– …
– …
– Heu, bon peut-être, oui…
—– Retour au récit —–
« Les choix que l’on fait nous appartiennent » – Mike Horn, Vouloir Toucher les Etoiles.
Enfin, bref…
Leçon n°1 : Assumer ses choix ! (et en corolaire : développer son intuition aussi !)
Et comme en écho à cette leçon, j’en profite pour vous conseiller la lecture du très bon livre de Mike Horn « Vouloir toucher les étoiles ». Il y illustre ce point, en prenant comme référence son expérience un peu extrême dans l’Himalaya (« Gravir quatre sommets de 8000 mètres dans l’Himalaya et ce sans oxygène et sans corde » – donc nettement plus ardu que de se rendre à la première chute du Carbet…), dont voici un extrait :
« Les règles, il faut les suivre, c’est entendu. Mais, si elles nous donnent un cadre, elles nous laissent face à nous même.
Les choix que l’on fait nous appartiennent. On peut suivre un chemin connu, une route inconnue, se laisser mener par les circonstances ou les dicter, être passif où actif.
En s’aventurant en dehors de sa zone de confort, chaque homme découvre que la vie à plus d’une seule facette, que les possibilités sont multiples.
A se plaindre que la vie est dure, en doutant de soi on ne réussit qu’une chose : se rendre l’existence plus pénible.
J’ai choisi ma vie mon destin, mes confrontations, mes buts, mes idéaux. Ce changement de cap a eu un prix : j’ai pris des risques insensés, je me suis planté parfois, je me suis accroché toujours. Je n’ai qu’un ennemi : la routine. L’aventure, dans ses teintes infinies et ses expériences si diverses, m’enrichit à chaque minute ».
La vie c’est faire face à l’inconnu. Et l’inconnu, c’est l’aventure !
Ainsi donc, au risque de paraphraser Mike Horn, la vie, dans ses teintes infinies et ses expériences si diverses, nous nourrit et nous enrichit à chaque minute.
Et quoi de mieux qu’une bonne immersion en pleine nature pour prendre du recul sur notre rythme de vie effréné et en prendre ainsi pleinement conscience ?
Car ne pas se sentir piégé, mais au contraire saisir les opportunités pour se développer, à condition donc de s’adapter, c’est un peu ce que fait la nature depuis des millions d’années !
Car si l’on n’aime pas sa vie, il existe toujours des possibilités de la faire évoluer ; il faut en revanche s’en donner les moyens… Cela peut demander des efforts, de l’organisation, passer par une formation (et en France, nous avons le luxe de pouvoir suivre des formations professionnelles en bénéficiant d’aides), avec assurément du travail et accepter de faire des compromis.
D’ailleurs, étant un peu sorti de ma zone de confort en reprenant des études lors de ma reconversion professionnelle, puis parti vivre en Indonésie, je ne peux que confirmer que « les choix que l’on fait nous appartiennent ». Car au final, quelles que soient les conséquences de nos décisions, heureuses ou moins fortunées, la vie nous offre toujours le choix… A commencer par accepter notre situation, ou sinon – si celle-ci ne nous convient pas – la faire évoluer. Ainsi, comme le disait Héraclite d’Ephèse : « rien n’est permanent, sauf le changement » (commencer en citant Mike Horn et en finissant par Héraclite, c’est un peu le grand écart ce billet !).
“Rien n’est permanent, sauf le changement“ – Héraclite
Enfin bon, je ne suis pas Mike Horn (ni Héraclite), et encore moins en train de gravir des sommets dans l’Himalaya (enfin, pas cette fois-ci), mais plutôt de faire une :
Promenade dans la forêt du Parc National de Guadeloupe .
En effet, aller à la 1ère chute du Carbet est une belle balade « détox », dont le but est d’en chier de découvrir de spectaculaires chutes d’eau, dans un paysage envoutant… De plus, l’avantage est que la randonnée est faisable en short et t-shirt (et il y fait quand même nettement moins froid que dans l’Himalaya).
Ainsi, donc : émerveillés par la beauté sauvage de la forêt tropicale, notre moral est littéralement galvanisé. Et ce d’autant plus que la randonnée est particulièrement facile au début du sentier en direction de la 1ère chute.
Puis, devenant progressivement rapidement plus raide, la paisible ballade se transforme en une « vraie randonnée », bien plus aventureuse. Les pavements en pierres taillées ont rapidement laissé place à un chemin de terre rouge très humide (glissante…), où de grosses racines s’entremêlent par endroit aux rochers et grosses pierres.
Je porte alors une attention plus particulière à chacun de mes pas… Parce que sur un terrain meuble, je préfère éviter qu’une de mes chevilles ne vienne à vriller. Car avec le risque de perdre l’équilibre, je pourrais déraper le long de la pente de terre très glissante, puis ne pas réussir à me rattraper à une racine et basculer dans le ravin. Ravin dans lequel, je risquerais de dévaler la pente tel un pantin désarticulé, avant de d’arrêter ma chute radicalement contre les rochers acérés en contrebas, mettant ainsi fin – et un petit peu brutalement – à la randonnée (comment ça, j’exagère tout, j’imagine le pire et j’écris tout au conditionnel ? Pas du tout… Mais bon, on voit que vous ne connaissez pas ma mère) !
Heureusement, le sentier est particulièrement bien balisé, et entretenu par l’O.N.F (qui gère aussi la forêt), bien conscient de son attrait touristique.
Ainsi, en quelques rares endroits, le chemin est agrémenté de marches et de passerelles en bois. Et dans les parties les plus ardues, des câbles ont été vissés à même la roche pour s’agripper et grimper sans dégringoler !
D’ailleurs l’O.N.F améliore régulièrement les accès, car lors de notre passage, 3 personnes étaient en train de construire une nouvelle passerelle, pour faciliter l’ascension d’une paroi rocheuse (toujours facile que le câble actuel).
Et vu l’angle de la pente et la difficulté d’accès, je ne sais sincèrement pas comment ils ont réussi à acheminer tout le matériel.
Je me demande d’ailleurs comment ils peuvent tout assembler sur un terrain aussi accidenté… Car quand je vois la difficulté que j’ai à construire un meuble Ikéa avec une seule clé Allen sur le sol bien plat de mon appart, j’avoue que ces gens-là sont des héros !
– « Bonjour ! ça va, ce n’est pas trop difficile ? »
A cette question pleine de bon sens, un des ouvriers nous répond avec un sourire largement communicatif :
– « Non, ça va ! C’est un peu difficile, mais c’est beau… On ne peut pas tout avoir ».
Dans la moiteur de la forêt tropicale, où chaque pas fait s’écouler des torrents de transpiration le long des vêtements – et collent inexorablement au corps – en réponse à cette réflexion de bonheur en pleine conscience que ne renierait pas Epicure, et trahissant une fulgurance d’esprit affuté par un diplôme d’études supérieures internationales, j’apportais un implacable : « Ah oui… C’est pas faux ! »
Mais ce qui est un peu frustrant, c’est d’être parfois souvent dépassés dans notre ascension par d’autres randonneurs ! Fort heureusement, et pour compenser cette petite frustration, nous dépassons aussi souvent parfois d’autres marcheurs, dont certains ont d’ailleurs même décidé d’abandonner.
Car si l’ascension peut sembler vaine – après tout, on va juste voir une cascade d’eau – dans les moments les plus difficiles, on s’accroche toujours au mince espoir qu’arrivé en haut, le spectacle en vaudra la peine…
Car comme ni Vincent ni moi n’y a déjà été, on l’espère vivement et surtout que nous avons fait aveuglément confiance aux écrits de Christophe Colomb du Guide du Routard.
Sur Le Chemin : Une Biodiversité Fantastique au Coeur de la Forêt Tropicale de Guadeloupe
Plongés dans la luxuriante forêt aux camaïeux de vert, la mélodie lointaine de l’eau tambourinant sur les rochers entre en harmonie avec les chants des oiseaux et des grillons. Nous sommes saisis par la beauté pastorale de ce décor prestigieux…
Alors, oui c’est dur (parfois), mais c’est beau (toujours) !
Au sein de la forêt du parc national de Guadeloupe, la biodiversité est d’une incroyable richesse, avec plus de 300 espèces d’arbres et d’arbustes qui nous abritent du soleil et surout nous offrent un vrai bol d’air pur à respirer !
Les feuilles des hauts palmiers, celles des châtaigniers « grandes feuilles », et plus spectaculaires encore les « oreilles d’éléphants » (Coccoloba pubescens) – un arbre pouvant atteindre une hauteur de 25 mètres et dont les feuilles mesurent jusqu’à 45 cm de diamètre – sans oublier les acajous blancs et bien sur les fougères (70 différentes) arborescentes, offrent autant de couches de protection, aux travers desquelles les rayons du soleil passent plus ou moins facilement.
Par endroits, des « oiseaux du paradis » (Strelitzia reginae), des lauriers rose odorants, ajoutent des touches de couleurs dans cette forêt sempervirente (toujours verte, donc qui garde ses feuilles toute l’année).
Les racines entremêlées des banians (dont certains mesurent plus de 40 mètres), se regroupent pour stabiliser le tronc dans le sol argileux et lui garantir un excellent maintient quand les vents se font trop forts.
Et surtout, pour les randonneurs marcheurs que nous sommes, les nombreuses racines qui courent le long du sol, offrent autant de possibilités pour s’entraver les pieds !
Petite Pause Au Bord de la Rivière, avant d’Arriver à la 1ère Chute du Carbet
Arrivés aux 2/3 du chemin, nous devons traverser une rivière à gué ! Et en période de pluie, elle peut connaître de fortes crues soudaines ; fort heureusement le niveau de l’eau est à un niveau raisonnable ! De plus, il n’a pas plu depuis 3 jours – éliminant tout risque de crue – et les rochers sont relativement stables et pas (trop) glissants : la traversée se fait aisément et – quitte à vous décevoir – non : je ne finirai pas la randonnée en faisant « sploch-sploch » à chacun de mes pas.
Assis sur les rochers entre lesquels glisse l’eau, ainsi que de l’autre côté de la rive, des randonneurs en profitent pour faire une pause, manger et boire un peu (nous aussi d’ailleurs). Certains en profitent aussi pour se baigner dans des petits bassins plus en amont (non, pas nous).
La rivière franchie, il ne nous reste plus que « quelques » pas pour arriver au pied de la 1ère chute du Carbet.
Guidés par de gracieuses libellules bleues à mesure que nous nous avançons sur le sentier, le bruit de la cascade se fait de plus en plus présent (c’est rassurant). Cependant son approche n’est pas des plus aisée et la dernière pente assez ardue (ce n’est pas rassurant).
Ainsi, après un virage qui permet d’entrevoir furtivement la cascade entre les branches des arbres, nous entamons la dernière descente sinueuse.
Prenant appui tant bien que mal sur les rochers et aidé par les racines et les lianes dans un enchainement de postures qui n’a rien à envier aux asanas les plus acrobatiques du Yoga, nous arrivons – enfin – au pied de la cascade, 1h30 après avoir entamé notre marche !
Et après avoir poussé une dernière branche d’arbre, nous arrivons sur un promontoire rocheux. Là, un paysage époustouflant s’offre à nos yeux ébahis et qui récompense en effet ceux qui ont osé s’aventurer sur le chemin de randonnée.
A quelques 860 mètres d’altitude, la 1ère chute du Carbet se présente dans sa plus brutale expression : composée, non pas d’un, mais de 2 sauts d’une hauteur totale de 115 mètres, un long panache d’eau vive tombe le long de la montagne et vient se fracasser sur les rochers, dans un bruit étourdissant, en milliers de gouttelettes qui terminent leur course folle dans un bassin creusé dans la roche.
En sautant sur les rochers (heu, oui bon, plutôt : en marchant), entre les filets d’eau de la rivière qui prolonge le bassin, il est possible de s’approcher au pied de la chute, au bord du bassin.
Si le souffle du randonneur est coupé par tant de majesté, le fracas de l’eau vient créer une dépression de laquelle s’échappe un vent frais qui remplit nos poumons d’air pur et ébouriffer nos cheveux !
Et vu le nombre de personnes présentes qui se baignent, se photographient ou tout simplement s’assoient pour contempler ce superbe spectacle particulièrement Instagrammable : c’est assurément l’une des balades préférées des randonneurs en Guadeloupe.
Car oui : les premières chutes du Carbet sont vraiment magnifiques !
A tel point que j’entends quelqu’un s’écrier derrière moi : « ouah, sa mère la put** c’est trop beau » ! Alors oui, je suis d’accord : n’est pas Christophe Colomb qui veut quand il découvre les chutes…
Ceci dit, il n’est pas impossible que l’explorateur Gênois ait pu s’esclaffer : « Su madre la Put*, es realmente super hermoso ! ». Puis, une fois revenu à bord du Maria Galanda, les ait retranscrites dans une style un tout petit peu plus soutenu, ses écrits étant à destination du Roi Ferdinand d’Aragon et de la Reine Isabel de Castille.
Et personnellement, pour une fois les mots me manquent pour les décrire… En dehors de toute exclamation familière, bien entendu.
Et à l’issu d’une bonne pause bien méritée, finalement sans baignade (pourtant nous avions pris nos maillots, mais bon : l’eau était trop froide…), nous reprenons le chemin du retour…
Le retour est… comment dire … Ah bah euh… Disons, un peu vertigineux par endroits, mais surtout… Oui, bon : je vous laisse le découvrir !
Sur La Retour : Petit Détour Pour Observer la 2ème Chute du Carbet
Ainsi, revenus sur nos pas, nous arrivons à l’intersection qui propose soit d’aller vers les 2èmes chutes du Carbet (20 minutes – seulement – de marche), soit repartir à l’accueil.
Et après quelques hésitations (et une nouvelle partie de Chifoumi… oui, bon : j’appliquerai la leçon apprise plus haut, plus tard…) : plutôt que de repartir à l’accueil, nous décidons de partir découvrir les 2èmes chutes du Carbet – et voir si elles sont effectivement à 20 minutes de marches depuis le panneau.
Surtout qu’il nous restait un peu de temps. Alors oui : elles sont bien situées à moins de 20 minutes de marche (enfin, 40 minutes Aller-Retour… c’est vrai qu’on ne pense jamais au retour !).
Elles ont un gros avantage : pour y accéder le chemin est pavé de bonnes intentions, mais surtout de pierres, jusqu’à la plateforme d’observation, en marchant dans un décor qui a des airs de pirates des Caraïbes…
Elles sont donc facilement accessibles pour toute la famille.
Située à 620 mètres d’altitude, la 2ème chute se jette sur une hauteur de près de 110 mètres.
Impressionnante, elle est quand même moins spectaculaire que la 1ère chute du Carbet, car on ne peut pas s’approcher du bassin au pied de la chute. Il est en effet impossible d’y accéder suite à des pluies torrentielles et au séisme du 21 novembre 2004 qui ont rendu le terrain rendu instable et avec des risques de chutes de pierre, la paroi se détériore régulièrement.
Un panneau nous met d’ailleurs en garde : « Les falaises de la 2ème Chute du Carbet ont connu d’importants éboulements : près de 8000 m3 de roches et de terre se sont effondrés au pied de la Cascade ».
On s’arrête donc sur une plate-forme aménagée à 80 m au-dessus de la rivière. Elle permet d’observer la 2ème chute du Carbet dans toute sa puissance, en toute sécurité.
Comme pour la première chute, la végétation est magnifique.
D’ailleurs, le Guide du Routard précise que : « Autour, c’est un jardin d’Eden, avec de nombreux arbres intéressants, dont le châtaignier grandes feuilles (qui peut atteindre 40 m de chaut), le gommier blanc, le bois résolu, les choux palmistes, le philodendron à feuilles géantes et toute une panoplie de fougères, arborescentes ou non, dont on peut détailler la délicate formation en rameaux ».
Et effectivement, comme indiqué par le panneau, elle est bien accessible en 30 minutes depuis le point de départ (c’est le temps qu’il nous faudra pour rejoindre le parking) et est vraiment facile (le chemin est parfaitement aplani).
Enfin, arrivé au parking, après 9 kms de marche 14000 pas et l’équivalent de 151 étages (enfin bon, d’après les stats de l’iPhone) j’avoue je me sens transpirant tout fourbu.
Pourtant avec le plaisir d’en avoir pris plein les jambes (les endorphines commencent à se libérer), les yeux, les oreilles et surtout après ce grand et beau bol d’oxygène pur : je me sens bien vivant !
Qu’est-ce que Le Carbet ? Tentatives d’Explication :
Alors si arrivé à ce point du récit vous vous demandez : Mais qu’est-ce que c’est que le Carbet et d’où vient le nom de cette rivière et des chutes éponymes ?
En petit bonus, voici l’explication fournie sur site :
Le Carbet est la « Maison des Hommes ».
“Il s’agit d’un édifice en bois entièrement couvert et assez vaste pour accueillir jusqu’à 120 hamacs (33 mètres de long, 10 mètres de large et 8 mètres de haut).
C’est le « bâtiment principal du village, où étaient prises toutes les décisions relatives à la vie de la communauté. L’entrée était exclusivement aux hommes. Les jeunes gens y étaient admis seulement dans certaines occasions. Les femmes et enfants occupaient les « mouinas », cases fermées disposées en arc de cercle autour du carbet et comportant plusieurs pièces, où les hommes mariés retrouvaient leurs compagnes pour la nuit.
Les Caraïbes, guerriers venus des côtes de l’Amérique du Sud, envahirent les petites Antilles vers 1200 après Jésus-Christ. Ils avaient coutume d’établir leurs campements à proximité d’une plage aisément accessible par la mer, non loin d’un cours d’eau.
C’est précisément à l’embouchure de la rivière actuelle du Grand Carbet qu’eut lieu, en 1493, la première rencontre entre Christophe Colomb et les Caraïbes. Là s’étendait alors une belle zone de cultures irriguées, au milieu de laquelle se trouvait installé un grand village”.
Aujourd’hui, les « carbets » sont des abris avec tables et bancs, construits en forêt ou sur les plages, et où les Guadeloupéens aiment venir pique-niquer, en particulier le week-end.
Enfin, si vous souhaitez venir faire une randonnée vers la 1ère, la 2ème ou la 3ème Chute du Carbet, voici quelques petits conseils pour préparer votre randonnée :
Conseils Pour Préparer Votre Randonnées aux Chutes du Carbet :
- 1ère Chute : Difficile, pas recommandée aux enfants en bas âge (sauf si vous voulez entendre râler), avec des racines et des rochers à enjamber et des petites parois rocheuses à escalader (à l’aide d’un câble)
- Prévoir de bonnes chaussures de marche, idéalement étanches (rivière à passer à gué)
- Vérifiez la météo
- Partir avant 13h00 ; mais le matin, c’est quand même mieux !
- Prendre un sac à dos avec :
- de quoi manger (sandwich, snack, barres, bananes)
- de quoi boire – au moins 1,5 litre dans une gourde isotherme (et boire des petites gorgées régulièrement)
- une casquette, ou de quoi se protéger la tête (le soleil peut taper fort, quand on n’est pas à l’abris)
- un k-way (si le temps est vraiment incertain)
- des lunettes de soleil,
- de la crème solaire
- un maillot de bain (possibilité de se baigner) et une serviette
- de quoi se changer (on transpire énormément)
- un sac platique pour protéger smartphone, caméras et tout objet craignant l’eau
- un sac plastique pour ses détritus
- Un bâton de marche peut être utile
- Ne jamais penser à la descente
- Pour toutes les informations et cartes, vous pouvez aller sur le site du Parc National de la Guadeloupe
- Comme c’est un Parc Naturel, donc l’accès y est réglementé ; il n’est aussi pas possible d’y faire du camping (ni dormir, ni faire du feu), de cueillir des fleurs, de chasser, de jeter des déchets, ou de laver ses affaires dans les cours d’eau. Les animaux domestiques ne sont pas admis.
- Enfin, l’usage des drones est réglementé selon le code de l’environnement, donc non autorisé dans le Parc National.
- Et si vous souhaitez faire une autre randonnée facile et très belle en Guadeloupe, je vous conseille d’aller à la Pointe des Châteaux (récit et conseils ici)
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1 commentaire
Toujours autant d’humour dans le texte tout en apportant des réflexions plus personnelles. J’ai également aimé la retranscription qu’aurait pu faire Christophe Colomb en voyant ces cascades. De très belles photos.
Merci…