Randonnée dans la Vallée d’Aygues Cluses à Barèges : les Belles Maisons Eaux Closes du GR10.
Randonner dans la vallée d’Aygues Cluses (signifiant « les maisons eaux closes » en patois pyrénéen), c’est se plonger dans les magnifiques paysages de moyenne – puis de haute – montagne qu’offrent les Pyrénées et qui changent à chaque virage.
Située sur le GR10, entre zones de pâturages, forêts de pins à crochets, pierriers, petites crêtes, petits goulets, lacs et rivière (et vaches aussi… et peut être même marmottes !), cette randonnée offre tout pour s’émerveiller à mesure que nos pas nous amène un peu plus profondément dans la vallée.
Alors, sans plus tarder voici le récit accompagné de photos de notre randonnée dans la vallées d’Aygues Cluses, ainsi que quelques conseils pour préparer votre randonnée (en fin d’article)…
La Mongie, Samedi 16 juillet 2022.
Ami randonneur lecteur, Bonjour !
Après une bonne nuit de sommeil, nous sommes bien remis de nos émotions de la veille.
Car, entre la journée de randonné au Cirque de Troumouse, l’excellent dîner chez Louisette à Barèges et surtout la route de retour avec le passage du Col du Tourmalet de nuit quelque peu aventureuse (si la nuit, tous les chats sont gris, en montagne, les vaches et moutons sont sur la route…), force est de constater que la journée précédente a été riche en évènements
Ainsi en pleine forme (autant qu’on puisse l’être au petit déjeuner, tôt le week-end…) et après de longues discussions, nous décidons de faire une dernière activité en ce 3ème et dernier jour.
Alors que nous hésitons entre visiter le Pic du Midi de Bigorre (puisque le téléphérique part de La Mongie), aller aux termes à Bagnères-de-Bigorre (il parait qu’il n’y a pas d’âge…), se promener au lac de Payolles, nous optons finalement pour une activité un peu plus « engagée » physiquement : explorer la vallée d’Aygues Cluses à Barèges.
En route depuis La Mongie vers le parking de Tournaboup à Barèges, point de départ de la Randonnée vers Aygues Cluses.
Ainsi, les sacs remplis du pique-nique (merci le Carrefour Montagne de la Mongie), maillots de bain, serviettes et gourdes d’eau bien pleines (il fait déjà chaud!), puis chargés dans la voiture, nous partons vers Barèges pour rejoindre le parking de Tournaboup, point de départ de la randonnée dans la vallée d’Aygues Cluses.
La vallée de Barèges est séparée de La Mongie par le Col du Tourmalet situé à 2115 mètres d’altitude. La route vers le col est très très très très très sinueuse.
Et au plaisir de des enchaînements de virages tous plus serrés les uns que les autres, il faut ajouter celui d’éviter les cyclistes qui s’échinent à grimper le col – considéré comme « le graal des cyclistes » – ainsi que les gens qui s’arrêtent n’importe où au col pour prendre des photos des magnifiques paysages et sempiternels selfies.
Sans oublier les moutons qui déboulent sur la route sans crier gare, ou encore les lamas et vaches qui traversent nonchalamment d’un pré à l’autre.
J’avoue que piloter conduire sur cette route est assez rock’n’roll et je préfère nettement la descendre à ski…
Bref, 20 minutes plus tard, nous arrivons enfin au parking de Tournaboup à Barèges !
Et fort d’un double constat : tout d’abord personne n’a été malade malgré les virages serrés et surtout aucun cycliste n’a été blessé ou ne s’est retrouvé précipité sur le bas côté de la route (donc à tomber loin en contrebas) !
La voiture garée, nous laçons nos chaussures de randonnée (et mince, j’ai encore raté un crochet… allez, on recommence à lacer !), chargeons les sacs sur nos dos et partons en direction des remontées mécaniques.
Départ du parking de Tournaboup vers le Pont de Pountou.
Nous passons les installations des remontées mécaniques et partons en direction d’un petit bosquet de sapins le long du chemin qui mène au pont de la Gaubie.
Si les remontées mécaniques installées permettent aux VTT-istes et à quelques piétons de monter en direction de la Laquette, en revanche pour se rendre dans la vallée d’Aygues Cluse, il ne faut compter que sur ses pieds.
Nous longeons donc les remontées mécaniques (ça fait bizarre d’ailleurs de les voir vides et sans skieurs dessus), puis passons les portiques des VTT-istes.
Nous croisons d’ailleurs un VTTiste qui, descendant à vive allure le casque bien vissé sur la tête et les doigts crispés sur les freins, laissent apparaitre dans un sourire extatique des dents bien blanches parsemées d’impacts de quelques moucherons imprudents qui ont croisé leur route. Triste destinée…
Alors, contrairement aux cyclistes en ville, les VTTistes, eux, ne roulent pas sur les trottoirs (bon, en même temps, sur le chemin de randonnée il y n’y en a pas…), mais surtout ils remercient les randonneurs qui les laissent passer au lieu de klaxonner et jurer !
D’ailleurs avec les randonneurs qui se saluent quand ils se croisent, il n’y a pas à tergiverser : à la montagne, les gens sont bien plus urbains qu’en ville… Un comble !
A croire donc que la vie urbaine rend les humains plus individualistes, autocentrés et un peu trop concentrés sur eux mêmes !
Nous longeons alors le ruisseau d’Escoubous, dont les eaux tumultueuses polissent les rochers, puis une petite forêt de résineux que nous gardons sur notre droite.
Après la forêt, le chemin nous fait ensuite croiser une route qui monte en direction du col du Tourmalet et visiblement réservée aux cyclistes : la « voie Laurent Fignon ».
Cette route franchit le ruisseau grâce à un petit pont en pierres – le pont de la Gaubie – à proximité duquel sont érigées d’anciennes cabanes pour les bergers et leurs troupeaux : les « couyelas ».
La route de bitume traversée, le chemin se prolonge à flanc de montagne dans des champs d’herbes vertes et des myriades de points violets des fleurs d’iris vers le pont de Pountou.
Un panneau nous rassure : la cabane d’Aygues Cluses n’est qu’à 2h30 de marche !
Nous passons alors une barrière électrifiée et continuons à flanc de montagne sur une piste carrossable le long de champs de milliers d’iris violets, parfois entrecoupée de petits cours d’eau qui dévalent allègrement le long de la montagne
En contrebas, passant de rochet en rocher, notre oeil est attiré par un petit animal qui, de loin, semble être un gros rat – ou plutôt un surmulot (pour reprendre une expression chère à la mairie de Paris) – lequel court frénétiquement et s’arrête pour nous regarder passer…
Bon en fait, à y regarder de plus près, et parce que l’animal s’est arrêté sur un rocher, ce n’est pas du tout un rat, mais une jolie petite belette (bon, en même temps, j’habite en ville et on y croise plus de gros rats que de belettes, sauf à la sortie des bars et boites de nuit… Alors vu de loin je suis désolé, mais ça peut prêter à confusion ! Oui bon, c’est vrai, vues les photos, je suis d’accord : ils ne se ressemblent pas du tout !).
Visiblement à l’affut, elle semble en quête de son repas : serpent, petits rongeurs, oeufs… Car le plus petit mammifère carnivore d’Europe passe sa journée à chasser, devant consommer chaque jour un tiers de son poids !
Nous qui espérions voir des marmottes, c’est raté !
Soudain, un bruit de moteur vient rompre le silence de la montagne. Fendant le ciel, un avion tourne au dessus de nous et, ralentissant, vient atterrir sur le flanc de la montagne juste au dessus de la forêt, au niveau de « l’altisurface Castillon de la Laquette ».
Cette piste en herbe est, en hiver, la piste de ski de Castillon à Barèges.
Vu d’en bas et compte tenu de la topographie, c’est impressionnant !
La montée le long de la rivière en direction du pont de Pountou (non, pas Philippe…) est jolie, mais un peu monotone.
Heureusement après 1,5 kilomètre de marche (ou 45 minutes si vous préférez) sur la piste carrossable en pente douce, nous arrivons enfin au pont qui, une fois franchi, débouche sur une bifurcation, matérialisée par un panneau directionnel.
En contrebas du pont, un petit sentier donne accès à la rivière.
D’ailleurs, Nicolas ne s’est pas fait prié et nous y attend depuis quelques longues petites minutes (je pense que son sac doit être moins chargé que la veille, car il a avancé comme un dahu !).
Nous en profitons pour faire une première pause, grignoter des fruits secs, remplir les gourdes, et surtout nous rafraichir de l’eau pure et fraîche qui dévale de la montagne (d’ailleurs, j’en profite pour vous donner un petit conseil : quand il fait super chaud, n’hésitez pas à tremper votre casquette – si elle fait office de couvre-chef – dans l’eau fraiche avant de la mettre sur la tête… ça rafraichit bien pour quelques longues minutes !).
Car il fait chaud.
En effet, le soleil est particulièrement généreux en ce jour de mi-juillet et les températures qui l’accompagnent sont déjà bien douces élevées pour un milieu de matinée.
D’ailleurs, aux quelques gouttes de sueur provoquées par l’effort de la marche viennent s’ajouter celles, bien plus nombreuses causées par la chaleur estivale (bon, je n’ai pas forcément fait la distinction entre les 2, mais comme l’ascension est en pente douce, elle ne présente pas non plus une grande difficulté, donc ne demande pas un gros effort physique… j’en déduis donc que si le dos de mon t-shirt est trempé, c’est donc dû à la chaleur !).
Puis la petite pause enfin terminée (pourquoi c’est barré ? Parce que 30 minutes, c’est pas une « petite » pause… comment ça, je suis un ayatollah de la randonnée ? Mais n’importe quoi !… D’abord je ne cours pas en descendant et de plus, je n’avais même pas écrit que c’étaient les filles qui nous avaient imposé cette longue pause ! Oui, tous comptes faits, elle était longue cette pause ! Et non, je ne m’énerve pas tout seul, non mais sans blagues, c’est vrai quoi… bon, retour au récit, parce que c’est ridicule…), nous reprenons notre randonnée.
(Bon, vérification faite sur les photos, il se trouve que la pause n’a durée que 15 minutes… Bizarre, parce qu’en vrai elle me semblait beaucoup plus longue !)
A l’intersection après le pont de Pountou, direction la vallée d’Aygues Cluses et entrée dans la pineraie de Pins à Crochets.
Comme après le passage du pont, le chemin se sépare en 2 sentiers, nous partons donc à gauche en direction de la vallée d’Aygues-Cluses, toujours sur le GR10.
Nous sommes aidés en cela par la présence d’un panneau formel qui indique la direction d’Aygues-Cluses (mais aussi celle vers le col de Madamète et la réserve du Néouvielle) ; en dessous, un panneau en bois indique lui la direction du Lac dets Coubous.
Le chemin prend alors un peu d’altitude le long d’un petit torrent et serpente entre petites arrêtes rocheuses, parfois abrité par des pins et quelques boulots qui font de la résistance à cette altitude.
L’ascension colorée, entre forêts montagnardes, alpages et rochers de granit gris couverts de succulentes, rhododendrons, et mousses, vire au sublime et stimule nos sens.
En effet, sous nos pas enthousiastes, la terre ocre du sentier entouré d’orties fleuries et de gentianes, dessine une petite artère le long des crêtes des montagnes sur lesquelles sont bien accrochés de majestueux pins à crochets verts sombres, alors que la rivière s’écoule en éclats joyeux un peu plus bas.
Car le pin à crochets est au massif du Nouvielle ce que Milou est à Tintin : indissociable !
Le nom du pin provient du fait que les écailles de la pomme de pin, de forme conique, ont comme un crochet à leur extrémité (cf. la description de l’O.N.F.).
Il abrite et nourrit de nombreux animaux dont le grand Tétras. Il existe même un oiseau, un petit pinson qui, tellement fan de ses graines, s’est morphologiquement adapté : son bec s’est développé pour lui permettre de faire levier, écarter et manger les graines à l’intérieur de la pomme de pin.
Son nom ? « Le bec-croisé des sapins », car son bec est croisé en son extrémité pour donc manger les pignons de pins.
Puis le chemin devient plus minéral, car il se prolonge par un grand pierrier en granit à traverser, sous lequel nous entendons l’eau s’écouler joyeusement : ce sont les fameuses « eaux fermées », donc sous-terraines, ou Aygues Cluses en patois, qui ont donné leur nom au lieu.
Si le pierrier n’est pas, et de loin, la partie la plus belle de la randonnée et contraste avec l’ascension que nous venons de faire il ouvre ensuite, et après après avoir passé une barrière électrifiée, sur un grand plateau pâturage : le vallon d’Aygues Cluses.
Pique-Nique au coeur du Vallon d’Aygues Cluses, au bord de la Rivière.
Enserré entre 2 montagnes, le vallon d’Aygues Cluses est un grand plateau lacustre situé à 1900 mètres d’altitude.
En son sein coule une petite rivière – le bien nommé ruisseau d’Aygues-Cluses – aux eaux claires comme du cristal qui, au grès des méandres entre les herbes vertes, vient enserrer une petite île couverte d’un joli bosquet d’arbres.
Ainsi enclavé au coeur des montagnes, avec un large tapis d’herbes vertes, un bosquet d’arbres trônant sur une île entourée d’une jolie rivière aux eaux translucides alimentée par une petite cascade, et entouré de sommets aiguisés qui déchirent le ciel bleu, le vallon d’Aygues Cluses est un lieu paradisiaque à la beauté presqu’irréelle.
Une sorte de petit pays de cocagne d’altitude.
Il est à ce point magique et enchanteur, qu’on pourrait aisément le croire habité par quelques elfes des montagnes.
Bref l’endroit est donc idéal pour y déposer nos sacs, délacer nos chaussures pour apaiser nos pieds endoloris dans l’onde fraîche, faisant alors plonger une petite grenouille que tout ce raffut fait fuir, et surtout pique-niquer !
Habitué à porter les bouteilles, Nico déballe son sac et nous annonce avec un air fort mari que, suite à une pénurie de citrons verts au Carrefour Montagne, il n’est pas en mesure de préparer les traditionnels Ti-punchs.
Donc, contrairement aux randonnées des jours précédents (au lac de Gréziolles et refuge de Campana, ou au Cirque de Troumouse), nous nous contenterons des bouteilles de rosé que nous immergeons dans la rivière pour bien les rafraichir sitôt sorties du sac-à-dos. Car le rosé, à l’instar du « Pinedou » dans le sketch de Chevalier et Laspallès (… oui, bon, chacun ses références), ça se « boit glace, bien glace » sinon « c’est dégueulasse ».
Mais bon, vu le nombre de bouteilles sorties, force est de constater que son sac n’était pas moins chargé que la veille, contrairement à ce que je pensais en le voyant au pont du Pountou (non, toujours pas Philippe…). La bouteille de rhum, ainsi que le sucre, ont été visiblement remplacés par plus de bouteilles de rosé (Je ne sais pas ce qu’il prend pour être aussi endurant, malgré la charge du sac, mais je commence sérieusement à croire qu’il se dope…) !
Nous sortons ensuite pain, fromage, charcuterie, tomates cerise (plus que 3 fruits et légumes et on est bon… j’ai compté le vin comme 1 fruit, parce que c’est élaboré à partir de raisin) et attaquons le pique-nique bien installés en bord de ruisseau eaux eaux translucides, à l’ombre du soleil sous les sapins, dans un cadre assurément paradisiaque.
Il parait qu’à proximité se trouve la cabane de la Pègues, donnée en début de randonnée pour être à 1h30 de marche, mais que nous avons atteint en 2h30 heures (je crois que nous avons un peu abusé des pauses lors de la montée).
Bon, la cabane doit être bien cachée parmi les rochers, car nous ne l’avons pas vue (et non, ça n’a rien à voir avec le rosé).
A l’ombre des arbres, après un bon petit repas bien animé, caressés par une brise douce, et parce qu’il fait aussi beau que bon, nous laissant bercer par le son apaisant et hypnotique du clapotis de l’eau, auquel se mêle le chant des sauterelles et des oiseaux, nous en faisons un petit « temps calme » salutaire (et non, ça non plus n’a rien à voir avec le rosé).
Plongé dans cette ambiance reposante des montagnes, la quiétude est subitement interrompue par un cri strident : mon téléphone sonne…
– Bonjour « Pidjay »
– Ah bonjour Docteur, ça faisait un baille – au moins 3 billets – que nous ne nous étions pas parlés.
– Oui, 7 en fait !
– Quoi, 7 ? Vous êtes sûr, parce que ça me parait…
– Oui, 7 ! Donc je vous appelle, car à la lecture de celui-ci et du précédent, je m’inquiète pour votre santé.
– Ah bon ? Ah non-non-non tout va bien, je vous assure !
– Pourtant je vous cite, deux-points-ouvrez-les-guillements : « préparer les traditionnels Ti-punchs », puis plus loin « nous contenterons des bouteilles de rosé » ou encore « la bouteille de rhum, ainsi que le sucre, ont été remplacés par plus de bouteilles de rosé », sans oublier un sublime « j’ai compté le vin comme 1 fruit, parce que c’est élaboré à partir de raisin » – fermez-les-guillemets.
– Oui, et alors ?
– J’aimerais que nous abordions votre relation à l’alcool, car après votre « fuite des responsabilités manifeste à faire des choix par tirage au sort » lors de votre randonnée aux Chutes du Carbet en Guadeloupe, j’ai l’impression que vous cherchez désormais à fuir la réalité grâce aux boissons alcoolisées.
– Ah mais là j’allais attaquer une petite sieste au soleil, je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur moment !
– Au contraire, il m’apparait bien opportun, car votre relation à l’alcool ne me parait pas des plus saines.
– Ah non, depuis les confinements, je bois nettement moins lors des dîners ou des sorties au restaurant. Et en plus ne bois jamais seul. Je ne fume pas non plus. Bref, si je devais résumer ma vie c’est plutôt « Anima Sana In Corpore Sano » (pour reprendre l’acronyme d’Asics).
– Ah oui, vous êtes devenu super chiant en fait !
– … Bah heuuuuuu (ça valait bien le coup de faire des études supérieures pour avoir aussi peu de répartie !) je fais attention et je cherche l’évasion en randonnant en immersion dans la nature, pas dans l’alcool. Et le rosé ou le Ti-punch, c’est juste une petite récompense après un bon gros effort physique… La cerise on the cake !
– Bon, je vous laisse, mon patient suivant arrive… Mais je garde un oeil sur vos articles !
(… Et moi qui croyait que le réseau ne passait pas…) Tiens, Nico, ressers moi un verre de rosé s’il-te-plait-merci !
Poursuite de la Randonnée : direction le refuge d’Aygues Cluses au bord du Lac de Coueyla-Gran.
La sieste c’est sympa 20 minutes, mais bon, nous ne sommes quand même pas venus ici pour rester là, au vallon d’Aygues-Cluses.
Et si 3 d’entre nous émettent le vif souhait de profiter de la quiétude de ce lieu paradisiaque (« et puis bon, on a assez marché depuis 3 jours… »), nous poursuivons à 4 courageux aventuriers (oui bon, j’ai le droit de grossir un peu le trait, c’est mon blog après tout !), l’ascension vers le refuge d’Aygues-Cluses et le lac de Coueyla-Gran.
Le chemin longe le ruisseau puis, après avoir passé un petit pierrier, poursuivant sur la gauche, prend un peu d’altitude et serpente alors à flanc de montagne, avant de s’engouffrer dans une forêt de conifères au dessus de la rivière.
Par endroit, le chemin est très raide, escarpé – j’en viens presque à m’aider des mains – et parfois bloqué mais ouvre assez rapidement sur des crêtes larges comme des plateaux.
Nous croisons un couple, dont le père porte un bébé sur son dos (Dis Nico, le poids d’un bébé sur le dos, ça fait combien en bouteilles de rhum ?).
Alors que nous traversons quelques petits « rios » aux eaux translucides qui viennent alimenter le ruisseau d’Aygues-Cluses, nous sommes dépassés par des randonneurs, ou plutôt pêcheurs qui, équipés de leurs cannes, viennent pêcher des truites et autres poissons de rivières.
Dans cette nature brute et riche, sous le bleu du ciel, les paysages colorés confèrent au sublime.
Le rythme du randonneur permet d’ailleurs de prendre tout le temps d’admirer cette éternelle jeunesse et de toucher du doigt un instant de bonheur car, comme écrivait George Sand :
« La nature est éternellement jeune, belle et généreuse. Elle verse la poésie et la beauté à tous les êtres, à toutes les plantes, qu’on laisse s’y développer à souhait. Elle possède le secret du bonheur, et nul n’a su le lui ravir ».
Avant de sortir du bosquet flanqué à flanc de montagne, le sentier d’Aygues Cluses se fait soudain plus escarpé et les arbres sont plus clairsemés.
D’ailleurs, rochers et troncs déchiquetés ont été arrachés à la montagne et se retrouvent entremêlés en contrebas….Une violente avalanche de neige a visiblement tout emporté à cet endroit, laissant quelques stigmates particulièrement impressionnants !
Cette randonnée étant faisable en hiver et au printemps en raquette et en ski, j’espère sincèrement qu’il n’y avait pas quelque skieur – ou même snowboardeur – présent à ce moment là.
A la sortie de la forêt, nous marchons sur une belle arrête, puis traversons un nouveau petit champ de rochers sous lesquels bruisse l’eau du ruisseau Coueyla-Gran, avant d’apercevoir un petit laquet (un tout petit lac, donc) aux eaux peu accueillantes pour qui aurait envie de s’y baigner.
Ça tombe bien, le chemin nous en éloigne.
En revanche, nous entendons de plus en plus distinctement le tintement de cloches qui viennent briser le silence qui recouvre le lieu.
En effet, après l’ascension d’un petit vallon, nous distinguons un troupeau de vaches affairé à paitre de l’herbe verte du grand champs qui entoure le lac de Coueyla-Gran d’où s’écoule un ruisseau aux eaux vagabondes.
Face à nous, l’enchaînement des montagnes forment un joli petit cirque appelé le Clot d’Aygues-Cluses.
Il est entouré par plusieurs pics notables :
- Au Nord : le Pic Allemand (2556 m) et le Pas de la Crabe (2477 m), Le Pic de Contadé (2714 m et dont on devine derrière le Pic des Quatre Termes)
- Au Sud : le pic d’Estibère (2663 m) et le pic de Madamète (2657 m)
- À l’Est : le pic d’Aygues Cluses (2629 m) et le Pic de Gourguet (2619 m)
- À l’Ouest : et enfin le Pic de Tracent (2551 m) et le Pic de la Touatère (2530 m).
A noter qu’au sud du Cirque commence le Massif du Néouvielle ; il est donc séparé par une crête rocheuse reliant 3 pics : Gourguet, Estibère et Madamète.
On peut entrer dans le Parc National du Néouvielle via le col de Barèges (entre le Pic d’Aygues Cluses et le Pic de Gourguet), à 2469 mètres.
Et parce que 2 ans auparavant j’observais ce magnifique panorama depuis le Pas de la Crabe, posant mon regard vers le nord j’essaie tant bien que mal de repérer le Pic Allemand parmi les imposantes murailles rocheuses.
C’est drôle d’ailleurs de se retrouver plongé au coeur du paysage que j’avais eu le loisir d’observer de plus haut, lors d’une précédente randonnée !
A proximité du lac se dresse une petite cabane en pierres à vocation pastorale : la cabane d’Aygues Cluses.
Placardé sur le mur, un panneau du « Pays Toy Pittoresque » y explique l’origine du nom de la vallée « Aygues Cluses », les eaux closes.
Si les eaux sont cachées, la petite maison n’est pas close et, équipée d’un matelas face à une cheminée, permet aux bergers d’y dormir (et il faut avouer que c’est assez spartiate à l’intérieur !).
S’il est possible de dresser des tentes sur le plateau pour bivouaquer à proximité du lac, en revanche à quelques encablures de la cabane d’Aygues Cluses un gros chantier fait sortir de terre un grand bâtiment de 350 m2 : le refuge d’Aygues-Cluses, dont l’ouverture est prévue pour juin 2023.
Inscrit dans une démarche éco-responsable (énergie solaire, toilettes sèches, eau chaude produite par panneaux solaires et chaudière à pellets), il est composé de petits dortoirs pour une capacité de 35 places.
Bon, vu qu’en ce mois de juillet 2022 le refuge d’Aygues Cluse est toujours en construction, impossible d’y faire une petite pause pour se désaltérer d’une bonne bière limonade, ni même d’y prendre de l’eau fraiche !
Le lac de Coueyla-Gran (que certains nomment aussi lac d’Aygues-Cluses), situé à quelques 2150 m d’altitude, s’étend sur une superficie de 0,6 hectares et a une profondeur de 3 mètres (je vous laisse calculer le volume… vous avez 3 minutes).
Comme le soleil, bien haut dans le ciel en ce milieu d’après-midi, est particulièrement généreux, il fait vraiment chaud, même à cette altitude.
Nous posons alors nos affaires sur les pelouses au bord du lac, enfilons nos maillots et après avoir enjambé quelques rochers plats, mettons les pieds dans l’eau.
Oui, seulement les pieds car le froid de l’eau saisit et pique un peu, avec l’impression de se faire poinçonner les pieds !
Et après une petite hésitation, mais surtout un gros temps d’adaptation, nous finissons par nous baigner complètement, visiblement sans trop perturber les petits poissons qui nagent tranquillement dans le lac.
Force est de constater, qu’une fois dedans, elle est bonne en fait… Surtout en surface !
De l’autre côté du lac, un groupe de randonneur s’affairent à monter leur tente, bien décidés à passer la nuit dans ce bel endroit.
Si certains font comme nous et se baignent, un d’entre eux s’aventure sur les eaux calmes du lac, allongé sur son matelas gonflable, et dans un geste maladroit fini à l’eau dans l’hilarité générale.
Mais le temps passe vite, à fortiori quand on a plaisir à faire ce qu’on fait !
Ainsi donc, fort de cette porte ouverte enfoncée, et parce que nous n’avons pas de réseau (j’ai beau frénétiquement secouer mon portable comme un shaker, aucune barre ne vient trahir la présence d’un quelconque réseau GSM… et en même temps, cette déconnexion fait du bien !), nous décidons de repartir rejoindre le reste du groupe, resté en aval.
Descente de la Vallée d’Aygues Cluses et Retour à Tournaboup.
Il donc est 16h30 quand nous nous remettons en marche pour descendre vers Tournaboup et quittons alors la cabane d’Aygues Cluses.
Une douce et légère brise accompagne notre descente et nous fait oublier la chaleur du soleil en cette fin d’après-midi.
Le retour à Tournaboup se fait par le même chemin (que la montée) et à la descente, s’il n’y a plus de surprises, contrairement à l’ascension, en revanche les paysages sont toujours aussi magnifiques, d’autant plus qu’ils s’ouvrent sur la vallée et offre de belles perspectives.
Tout au long de notre descente, la montagne et les végétaux gorgés de soleil nous gratifient d’odeurs variées, dont la fragrance est un beau mélange de la fraicheur de la montagne à laquelle s’ajoute celles de l’herbe, des fleurs colorées et l’acidité des pins, et celle plus sèche de la terre et des pierres chaude.
Sur les rochers, des petites succulentes viennent ajouter des touches vertes dans les interstices granitiques grises.
Nous repassons dans le vallon où nous avions laissé nos amis, mais force est de constater qu’ils ont décidé de lever le camp et entamé la descente eux aussi.
Depuis le refuge d’Aygues Cluses, il nous faut un peu moins de 2h30 pour descendre à Tournaboup, en repassant par le pont du Pountou (non, vraiment rien à voir avec Philippe… Puisque c’est « Poutou » le nom du syndicaliste et élu girondin du N.P.A !).
Alors que nous faisons les derniers pas en direction du parking et que le soleil commence à se rapprocher des crêtes montagneuses, au dessus de nos têtes des parapentes partagent le bleu du ciel avec des vautours en quête de petits mulots (les vautours, pas les parapentistes… D’ailleurs, je me demande si les belettes font parties du régime alimentaire des vautours, parce que nous ne l’avons pas revue à la descente).
Enfin arrivés à bon port, nous retrouvons le reste du groupe en train de boire une bonne bière au restaurant du parking, face aux montagnes.
Je ne sais pas depuis combien de temps ils sont là (car impossible de les joindre par téléphone sur une partie de la randonnée, le réseau GSM passant mal) et si ce sont les effets du houblon et du malt fermentés, mais ils ont l’air reposés et ravis de nous voir arriver !
Afin de célébrer nos retrouvailles, et ce dernier jour de randonnée, nous reprenons alors une tournée de bières et racontons les sublimes paysages que nous avons traversés en leur absence (en exagérant à peine, afin de les faire regretter de ne pas être venus).
Le téléphone sonne… « Non Docteur, je vous jure, c’est juste un demi de blanche, même pas une pinte ! »
Mais les retrouvailles sont de courte durée, car à 19h30 le week-end touche à sa fin…
Nous reprenons alors la route du col du Tourmalet direction La Mongie pour prendre une bonne douche (et éviter que ça sente le fennec durant le trajet de retour à Bordeaux… Parce qu’après une grosse journée de randonnée au soleil ça sent bizarrement plus l’odeur aigre de la transpiration que celle fraiche de la rose), ranger nos affaires et nettoyer l’appartement.
Puis, les bagages chargés dans les voitures, et après avoir dîner, nous quittons La Mongie à 22h00 pour rentrer à Bordeaux, le temps de 3 bonnes heures de ronflements dans la voiture route (et franchement : la douche a fait du bien !)…
Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me dit que ça va être dur de reprendre le chemin du bureau demain !
Quelques Conseils pour préparer votre randonnée dans la Vallée d’Aygues Cluses.
Informations Générales sur la randonnée dans la Vallée d’Aygues Cluses :
- Difficulté : Moyen. Parcours de GR (rouge et blanc), bien balisé.
- Durée : 6h00 (sans interruption), prévoir plutôt 7h30 voir 8 heures (avec les pauses, le pique-nique, la sieste, la baignade…).
- Distance : 13,3 kms.
- Dénivelés : 698 m (Ascension) 719 m (Descente)
- Altitudes : 1464 m (point de départ) à 2158 m (Altitude max)
- Quand : de fin Mai à mi-Octobre.
- Point de départ : Parking de Tournaboup à Barèges.
- Retour : par le même chemin, arrivée au Parking de Tournaboup à Barèges.
- Variante : il est possible de faire une boucle en poursuivant vers le lac de Madamette, puis le col de Madamette -> le col de Tracens -> le lac Blanc et le lac dets Coubous qui ramène ensuite au pont de Pountou (non, vraiment pas Philippe…), avant de revenir au parking de Tournaboup. Dans ce cas, la difficulté change quelque peu. Je la considèrerai comme « haute », pour une randonnée de 7h30, sans les pauses)
- La Vallée d’Aygues Cluses avec des enfants : si vous venez avec des enfants, vous pouvez facilement marcher jusqu’à la prairie, après le passage du pierrier. Après, ça monte un peu plus, avec de la marche à flanc de montagne, dont peut être un peut plus « technique », surtout pour des jeunes enfants.
- Autres sites pouvant être utiles à consulter avant le départ :
- Topo : https://www.randozone.com/outdoor/22/randonnee-a-la-cabane-d-aygues-cluses
- Site Internet du refuge d’Aygues Cluses : https://refugeayguescluses.wordpress.com
- Site pour réserver un lit au refuge d’Aygues Cluses : https://www.visit-neouvielle.com/fiche-hebergement-refuge-d-aygues-cluses-neouvielle-bigorre-8hdlfjrygjf.html
Conseils pour la randonnée dans la Vallée d’Aygues Cluses
- Prendre de l’eau (en plus du pique-nique).
- Je vous conseille aussi l’utilisation d’une super gourde : la Lifestraw ! Elle vous permet de boire de l’eau de n’importe quel point d’eau, sans risque, grâce à son filtre qui élimine plus de 99,99 % des bactéries et autres protozoaires contenus dans des eaux non potables; je l’ai utilisée à plusieurs reprises, dans différents points d’eau (sauf des flaques…) et n’ai eu aucun problème !
- Vêtements à prendre entre Juin et Septembre : Short et T-shirt suffisent si le temps est beau (prévoir un de quoi se couvrir pour les passages à l’ombre), casquette et même maillot et serviette pour se baigner dans le lac. Sinon en complément : pantalon léger, petit coupe vent et polaire légère (d’autant que le temps change vite en montagne).
- Prendre des chaussures de randonnée tiges haute, imperméables équipées d’une membrane Vibram. Je vous conseille les Lowa Renegade(les miennes)
- Prévoir de la crème solaire.
- Prévoir des sacs pour rapporter vos déchets
- Bâtons de marche toujours utiles (perso, je préfère).
- Dans la zone pastorale, marchez à distance des troupeaux.
- Vérifiez les conditions météorologiques avant de partir en montagne.
En complément du Topo trouvé sur Randozone, voici la référence du topo-guide papier dont je m’étais servi pour faire la randonnée (les auteurs présentent la boucle) :
(pour être transparent avec vous : j’ai bien utilisé ce Topo guide et il s’agit d’un lien affilié ; en commandant via ce lien, vous ne payez pas plus cher, mais contribuez à récompenser cet article)
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