La Fashion Week : les Marchés à Malang en Indonésie
Selamat Malam (« Bonsoir » en Indonésien) ami lecteur!
L’autre jour, au détour d’une conversation j’en ai appris une bonne: il paraît que Malang est le « Paris de la Java Orientale ».
– Ah Ah Ah !!! Agung, j’aime beaucoup ton sens de l’humour ! Non mais tu t’es entendu quand tu as bu (du Teh Botol ; thé glacé aromatisé au jasmin, une spécialité indonésienne) ?
– Ce n’est pas une blague je t’assure : c’est bien ce que disent les gens de Java à propos de Malang !
– T’es vraiment sérieux alors ?
Bon, visiblement Agung était très sérieux !
Alors plutôt que de se moquer (c’est franchement pas le genre de la maison), autant y regarder de plus près…
… Parce qu’après une rapide promenade dans Malang (tout de même deuxième ville de la province de Java Est, avec à peu près 800 000 habitants), je n’ai pas trouvé de ligne de métro-avec-changement-à-Chatelet-les-Halles (si seulement ne serait-ce que des bus…), ni de tour Eiffel (ou alors des gros relais radios, mais bon…), ni de Sacré Cœur et encore moins de Notre Dame (même si Malang compte plusieurs églises), pas de Seine (il y a bien une rivière qui traverse la ville, mais les berges sont recouvertes d’amas de poches – ou sacs, pour les non-bordelais – plastiques), ni de Vélib’, ni de trottoirs ponctués de « mines » de chiens du quartier (si seulement il y avait des trottoirs…), ni de boulevards Haussmanniens et encore moins de boulangeries qui servent du bon pain chaud, des croissants et des chocolatines (pour la enième fois : les pains au chocolats, c’est du pain avec du chocolat dedans ; sinon ce sont des chocolatines !)…
Alors certes, la ville est jolie et fleurie, avec des avenues bordées de palmiers et de belles maisons (notamment Jalan Ijen – « la rue verte »- réservée aux piétons et au marché tous les dimanche matin), des grosses statues célébrant la force indonésienne, des rond-points aménagés, des bâtiments des années 30, des maisons coloniales hollandaises et d’autres plus colorées, mais bon j’ai beau tourner la tête dans tous les sens : rien ne me rappelle la capitale française !
Alors qui dit Paris dit gens pressés et qui font la gueule dans les transports en commun, dit chauffeurs de taxis râleurs et arnaqueurs, dit serveurs désagréables, dit « j’m’en fous je suis Parisien, je passe comme je veux et tant pis si je t’écrase », dit « la province c’est ou ? en dehors du periph’ ? quelle horreur ! », dit embouteillages (ah oui, y’en a aussi ici !!!) mais surtout dit : la mode (ah oui, c’est ça ! je me disais aussi, je l’avais sur le bout du clavier…) !
Et qui dit mode, dit grands magasins.
Et qui dit grands magasins, dit centre commerciaux !
Oui, bon le raccourci est un peu tiré par les cheveux, mais bon…
Et en Indonésie, ils sont légion : rien qu’à Jakarta, on en dénombre près d’une centaine ! D’ailleurs, c’est presqu’un sport national de fréquenter les « malls » !
Malang ne déroge d’ailleurs pas à la règle : car en plus des Marchés à Malang, on trouve aussi des gros centres commerciaux, tels que : le Mal Olympic Garden (appelé aussi « émogui ») et le Malang Town Square (dit « Matos », où on trouve plein de matos justement) auquel s’ajoute une nouvelle extension, le « MX », situés proches des avenues principales (et dont les accès sont vite embouteillés le week-end).
Le centre ville n’est pas épargné puisqu’à deux pas de la place « Alun-Alun » et juste en face du « Toko Oen » (un petit restaurant construit en 1930 qui a gardé son cachet d’antan et surtout qui a le bon goût de faire des super glaces maison), s’élance le « Sarinah » ! Ce marché à Malang se veut un temple de la mode dans une architecture néo-moderne assez moche !
A l’étage du dit Sarinah, on trouve du « Batik » (vêtements et tissus en motifs traditionnels) et des objets en bois (mais vendus bien plus cher qu’au marché). Quant au rez-de-chaussée, on trouve principalement des vêtements, des sacs et des chaussures de marque mais qui ont une particularité : ce n’est que du faux !
Un rayon est particulièrement intéressant : celui des parfums ! Les étalages sont lumineux, bien mis en valeur (on se croirait aux Galeries Lafayettes), l’emballage est identique, la bouteille a exactement la même forme, la couleur est similaire et pourtant la fragrance est radicalement différente de l’originale (je le sais car j’étais très enthousiaste de voir mon parfum 20 fois moins cher qu’en France… 20 fois moins cher certes, mais surtout 200 fois moins bon) !
Et en plus des « Malls » récents, on trouve aussi le marché traditionnel : le Basar Pesar (le « grand marché » ; bizarrement, il n’est pas situé rive gauche…).
Après avoir garé sa mobylette (ou lutté pour trouver une place en voiture), s’être faufilé entre les vendeurs de « bakso » (soupe avec des boulettes de viande) et autres plats cuisinés estampillés « street food », slalomé entre les gens qui entrent et sortent ou regardent simplement les étals (même sur les marches d’accès on peut acheter des –faux- DVD et des –fausses- montres…), on peut enfin accéder à un vrai dédale d’étals.
Mieux qu’un Mall (trop aseptisé… enfin, « trop » on est en Indonésie tout de même…), là les petits étals sont alignés les uns à côtés des autres, surchargés de marchandise (mais il est ou le vendeur ???) et organisés en un labyrinthe de couloirs étroits, pas toujours bien éclairés, sans climatisation et où se mélangent différentes odeurs : plastique, tissus neufs, fruits, viandes, poisson… On y trouve de tout et surtout beaucoup de faux !
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Des vêtements, des sacs, des montres, des copies de DVD, des sous-vêtements, des tissus, des grands de la littérature internationale transposés en Mangas (« Guerre et paix » de Tolstoï, « Le Capital » de Marx – Karl, hein ? Pas Thierry ou Groucho, « La Divine Comédie » de Dante…), de la viande, des fruits et légumes, des poissons, des jouets, des étoles, des peluches, des sacs, des voiles (pas de bateaux, hein…), des chaussures (c’est marrant, on trouve des converses de toutes les marques, sauf les vraies), des draps, des Polos (d’une marque très connue : « Polo Ralph House » : y’a un aussi un joueur de polo en logo, mais il joue de face…) ou moins connue « Crocodile » (c’est marrant pourtant le logo me rappelle une marque française… Mais plutôt que d’utiliser un logo de crocodile, ils auraient dû broder une esquisse de René Lacoste ! A mon avis, ils sont passés a côté d’un concept marketing intéressant…), des Jeans (avec les « Jean Boss » ou « Hugo Style »), des robes (la marque Cléo, ça dit quelque chose à quelqu’un ?), des sous-vêtements Pierre Cardin, des ceintures (Hugo Boss, Louis Vuitton, Prada, Cerruti, BMW, Porshe ( !) : même modèle de ceinture, il n’y a que la boucle qui change !)…
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive et à chaque visite on découvre quelque chose de nouveau.
Et le plus énervant c’est quand on en cherche un spécifiquement et qu’on ne le trouve pas lors de la visite suivante ! Soit parce que je me suis trompé d’étage ou peut être parce que j’ai tourné à droite puis à gauche (alors que la dernière fois, j’avais peut être dû tourner à gauche puis à droite et… Rhaaaa… mais pourtant je suis sûr que j’ai vu un vendeur de Sarongs !)… Mais certainement pas parce que le marchand a changé d’endroit, ils ont des emplacements qui semblent immuables.
Evidemment, dans ce genre de marché, les prix ne sont pas affichés et tout se négocie. Mais il y a les prix pour étrangers et les prix pour les locaux et comme me le propose un membre de l’équipe : « fais comme si tu ne nous connaissais pas, montre ce que tu aimes et on négocie pour toi » !
C’est vivant, coloré, animé, déroutant et finalement nettement plus sympa à voir ! Surtout pour regarder les gens vivre (le marché, c’est quand même le lieu d’échange par excellence) : on y voit les gens se balader, négocier, ou tout simplement regarder, se balader les mains dans le dos et passer le temps.
Bon, par endroits, ça sent mauvais en particulier quand les odeurs de viandes, de poissons et de durians (fruit dont sont friands les asiatiques et dont l’odeur est proche de nos fromages les plus coulants) mélangés remontent et se faufilent dans les couloirs.
On est donc loin du marché du dimanche à Paris…
L’avant dernier étage est occupé par une des grosses enseignes locales : « Mata Hari » (qui veut dire « Soleil », ou plus littéralement « l’œil dans le ciel »… certes, chez nous ce nom rappelle plutôt la tristement célèbre espionne hollandaise Margaretha Geertruida qui, ironie de l’histoire, a vécu à Malang de 1898 à 1903, alors mariée à un officier néerlandais), une sorte d’équivalent des Galeries Lafayette ou du Printemps (enfin dans l’idée, hein…).
Dans tout centre commercial qui se respecte se trouve un « food court » : un espace aménagé de petits restaurants alignés les uns à côté des autres et qui préparent toutes sortes de plats (bien qu’aux yeux du touriste béotien qui se promène tous semblent identiques, à première vue) : ici du « Nasi Goreng » (le plat traditionnel par excellence, du riz frit agrémenté de poulet ou de saucisses, ou de légumes, ou de fruits de mer, selon le chef), là bas du Nasi Goreng et encore plus loin… Du nasi Goreng (bingo !) !
Et là ? Ah des nouilles sautées… Ah ils proposent aussi du Nasi Goreng (me voilà soulagé) !
Et visiblement entre deux gros, se trouve enserré un tout petit japonais (restaurant, bien sûr !).
A y regarder d’un peu plus près, on peut donc trouver des vendeurs de Sushi, des petits restaurants chinois, des vendeurs de nouilles (pas des pâtes Barilla, des nouilles chinoises en bouillon !)…
Le Nasi Goreng a ceci d’avantageux : ce n’est pas cher, très bon (enfin tout dépend du talent du cuisinier), ça remplit et cale bien et surtout ça éloigne des toilettes pendant au moins 24 heures ! Ce qui est idéal si on part faire un trek de quelques jours ou quand on est dans un endroit où l’hygiène est plus que douteuse !
Bon, par contre il n’y a pas beaucoup de restaurants français, ni de raclettes (ok, il fait 30° dehors, mais avec la clim, on a presque l’impression d’être à la montagne en hivers parfois) ou encore moins de grillades !
Ah si, j’ai bien vu une fois un vendeur de crêpes : Crêpe au chocolat, Crêpe à la banane, Crêpe au Nutella et fromage (non sérieux les mecs, là vous déc*nnez grave ! On ne fait pas n’importe quoi avec le Nutella !), Crêpe au poulet, Crêpe Gigi…
« – Excusez-moi, c’est quoi la crêpe Gigi ?
– C’est une fine couche de sarrasin saisie dessus-dessous et parsemée de pétales de roses tièdes. C’est délicieux.
– Ah oui, certainement… Je vais prendre une crêpe au sucre !
– Ah désolé, Monsieur, nous ne faisons pas cela ici, vous vous êtes trompés d’établissement !
– Vous avez de la pâte ? vous avez du suc’ ? Avec la pate, vous faites une crêpe et vous mettez du suc’ dessus ! »
Bon ben non, la crêpe au sucre : ce n’est pas possible ici non plus!
Et en parlant de marchés et de nourriture, on trouve aussi au centre de Malang un marché aux oiseaux : le « Pasar Burung ».
Attention, je n’ai pas dit qu’on y achetait les oiseaux pour les manger !
En réalité les Indonésiens sont fous d’oiseaux, on y trouve donc des centaines d’espèces différentes (il faut les voir mettre les mains dans les cages pour attraper les oiseaux, puis les mettre dans les sacs en papiers… ça fait bizarre ! Mais comment ils font pour les hiboux ?).
Bien sûr, on peut acheter des cages (on ne va pas acheter des oiseaux pour les laisser en liberté… quelle idée !)… Cage qui sera bien harnachée à l’arrière de la mobylette (et recouverte d’un drap si des oiseaux sont à l’intérieur) pour la ramener, avec toute la famille dessus, à la maison.
On trouve bien sûr de quoi nourrir les oiseaux ! Et comme les oiseaux ça mange de tout, et bien on y vend de tout : des graines, des larves, des vers, des insectes séchés, des insectes encore vivants et tellement légers qu’ils s’envolent au moindre de coup de vent (faisant hurler les filles) et ce qui fait qu’on s’en retrouve plein dessus les cheveux et les vêtements… un vrai plaisir !
Et en plus des oiseaux, différents animaux de compagnie viennent compléter les stands : des crickets (c’est un porte-bonheur en chine), des chiens, des lapins, des hamsters, des poissons rouges (entre autres couleurs), des serpents plus ou moins gros (et les souris de la cage en dessous ? Ah, c’est pour les nourrir…), des tortues, des écureuils, des singes…
Tiens, c’est bizarre, j’ai pas vu de chats…
Ah ben non je suis bête : y’a un resto chinois à côté ! (Non, je déc*nne !!! ils ne mangent pas les chiens et les chats en Indonésie… Enfin, pas officiellement !)
Le gros problème de ce marché (outre les larves…), c’est que certaines espèces d’animaux en voie de disparition et y sont pourtant vendues !
Heureusement, la police est censée être là pour surveiller et s’assurer qu’il n’y a pas d’animaux protégés mis en vente, ou alors les confisquer en échange d’une amende.
Et juste à côté un marché aux fleurs vient compléter la liste des marchés présents à Malang. On peut y acheter bien sûr des fleurs, mais aussi des arbres, des arbustes, des pots, des sacs de terre, des nains de jardin, des pierres de décoration, des fontaines…
Alors tu vois Agung : Malang, c’est un peu différent de Paris, non ?
Tiens, d’ailleurs regardons un peu sur internet et les fiches Wikipedia : regarde les photos et le texte… tu vois ? ça n’a rien à voir si on compare ! Ah mince, il y est justement écrit que Malang est surnommé le « Paris de la Java Orientale »…
Alors je dis : Bravo les gars ! Si maintenant on commence à lire n’importe quoi sur Internet, alors je pose la question : où va le monde et qui à qui peut on se fier1 ?
1- Eh bien à ce blog, justement… 😉
2 commentaires
Je ne vois pas ce qui te choque c’est tout à fait Paris que tu décris là…
Du monde, des trucs dégueux larves=crottes de chiens par exemple, des magasins avec plein de conneries à vendre… Pour les odeurs je te laisse te souvenir des fragrances qui peuvent effleurer tes narines au détour d’un couloir du métro parisien…
Contente de te relire en tout cas
++
toujours trop fort ce Pidjay.
Bon courage