Les travaux en Indonésie : comme un air de “Numérobis”…
Selamat Pagi Ami Lecteur,
Bonne nouvelle : les travaux avancent et l’hôtel devrait ouvrir bientôt, bien que le calendrier ait un peu glissé (seulement 2 mois)…
Pour être honnête, suivre des travaux “à l’indonésienne”, c’est découvrir quelques perles, qui n’ont cependant rien à envier au sketch de la réunion de chantier de Muriel Robin :
“Tiens ! Pizzaiolo ! Alors vous … vous… Vous avez la palme, il fallait la donner à quelqu’un, elle est pour vous ! Vous êtes carreleur et vous carrelez très bien … mais vous carrelez trop, trop. Beaucoup trop, je vous le dis, beaucoup trop !
Quand je vous ai dit s’il en reste vous les mettrez dans la chambre.
Je parlais des cartons, c’est-à-dire on prend les cartons et on les met dans la chambre.
Qu’est-ce qu’il a fait ? Il m’a carrelé … la moitié de la chambre !”
En parlant avec les étrangers installés en Indonésie depuis longtemps, chacun y va de sa petite anecdote : plans non respectés, matériel non conforme (ou impossible à commander, bien qu’il soit présenté sur la brochure), finitions à qualité variable d’une pièce à l’autre (voire d’un mur à l’autre)…
En revanche, il demeure une certitude absolue : les travaux auront systématiquement du retard ! Bien entendu, le constructeur sera toujours confiant lors des différentes phases d’avancement, mais il arrivera forcément un moment (et bien sûr le plus proche possible de la date prévue pour la livraison) où il dira : ah ben finalement “tidak bisa” (c’est pas possible), pak !
Tidak bisa, tidak bisa… Put*** Non mais franchement : parfois j’ai envie de hurler ou même de crier (“crier, Aline, pour qu’elle revienne”… oui, la chanson est très connue des Indonésiens) !
Mais bon, ça ne servirait à rien car, ici (comme un peu partout en Asie) s’énerver contre quelqu’un c’est lui faire perdre la face (donc ce n’est pas bien, sauf si c’est voulu, bien sûr !), voir perdre sa face à soi – car on ne sait pas garder son calme ! C’est donc incroyablement contre-productif et il faut donc remiser au placard ses bonnes (?) vieilles habitudes latines !
Donc les retards : c’est un standard… Et pourtant, on a beau s’en douter (ou les redouter), ça finit par tomber tel un couperet et c’est impossible à anticiper, car comme la venue du Messie (le Christ, pas Lionel…) : on ne sait ni l’heure ni le jour… un vrai casse-tête indonésien je vous dis !
Il y a d’ailleurs une expression consacrée ici : le “jam karat”… littéralement : le temps élastique !
Élastique, c’est effectivement le terme. Car que ce soit une réunion de travail, un rendez-vous avec un fournisseur, un client, ou n’importe quoi qui implique la notion de temps, d’heure et de minute (on va pas être précis au point de s’engager sur des secondes…) : une seule certitude : il y aura au moins de 30 minutes à une heure de retard (et même parfois plus…) !
Cela rendrait presqu’un Français ponctuel.
Presque…
Et effectivement, nous n’avons pas échappé à la règle : en plus du retard, voici deux exemples de petites finitions :
- amusantes :
Pak, la latte de la plinthe était un peu plus grande, du coup j’en ai laissé un peu plus… Mais par contre, j’ai bien mis le joint comme vous m’avez dit… C’est bien comme ça, yaaa? (soit dit en passant, le “yaaaa” est une sorte de question-affirmation à la fois naïve et enthousiaste, qui ponctue de nombreuses phrases… un peu comme notre “hein”)
Bon, ben je crois qu’on va rajouter un élément à la liste des défauts…
Et au fait Bambang : tu passeras voir la comptable à la fin de la journée, elle aura un carton et une enveloppe pour toi !
- étonnantes :
– Pak j’ai installé une prise à 4 mètres de haut, juste derrière les tuyaux d’évacuation…
– Ben pour quoi faire ? C’est pas sur le plan…
– Ben il me restait une prise, alors bon, je me disais que ça pourrait servir à l’occasion, s’il y avait une fuite, on pourrait brancher une lampe !
– Ah ouais, pas con…
Bon, je passe sur les ouvriers qui marchent pieds nus sur le chantier (des chaussures de protection ? Quelle idée, c’est pas confortable !), qui découpent à la scie circulaire sans protection, qui marchent à 10 mètres du sol sans protection, ou alors qui font la sieste à l’insu du superviseur…
Heureusement, ils portent bien leur casque de protection… Enfin surtout les superviseurs !
Tout cela n’est pas sans sans me rappeler un architecte dans une certaine bande dessinée :
Oui : la maison de Numerobis, dans “Asterix et Cléopatre”…
Heureusement qu’il y a des Gaulois finalement (enfin bon je dis ça, je dis rien…) !
J’adore ce pays !
Et sur ce : à bientôt pour la suite…