Thaï Paradise : Une soirée au Paradis, à Bordeaux…
Pour être honnête, s’il y a une chose qui manque quand on revient de Thaïlande, en plus des massages, des plages, du soleil et de la gentillesse des gens et de leurs sourires, c’est bien la nourriture Thaï (ah oui, en fait, y’a plein de trucs qui manquent !)…
Bien loin des temples dorés de Bangkok, de l’agitation frénétique de la ville, des variations vertes des rizières et des fragrances subtiles des orchidées et autres fleurs de lotus et de frangipaniers, une enseigne orange à l’écriture stylisée attire l’oeil du piéton vers une petite rue située à deux pas de la Cathédrale Saint André, place Pey Berland à Bordeaux.
A l’entrée, deux statues en bois, tout sourire et les mains jointes, accueillent le passant et l’invite à pousser les portes du… Thaï Paradise !
Ici la décoration est sobre et l’endroit plutôt charmant : le mélange de bois sombre, de plantes vertes, de pierres apparentes (seul repère qui rappelle qu’on est à Bordeaux) et les statues du Bouddha au regard bienveillant, confèrent au lieu une atmosphère paisible et détendue, complétée par une musique de fond aux connotations jazzy-pop-rock et parfois un peu lounge… Plus Bouddha Bar que soirée Karaoké d’un bar de Patpong !
Aimablement accueillis par les gérants, nous nous asseyons à notre table (ou sur l’estrade, pour les plus souples… je l’ai fait une fois, j’ai cru ne jamais pouvoir me relever !) et découvrons la carte, véritable passeport pour un étonnant voyage culinaire !
Difficile de résumer la cuisine thaï, ou de la catégoriser… Mais, à mon avis elle est une des plus variées et parfumée d’Asie : qu’ils soient frits, crus ou en sauce, peu ou prou épicés, les plats laissent rarement indifférents. Et il y en a pour tous les goûts : amateurs de soupes, végétariens ou fans de viandes, vous serez agréablement surpris !
La cuisine traditionnelle thaï s’est enrichie des influences chinoises et indonésiennes pour offrir encore plus de parfums subtils. Et poivrons, coco, citronnelle, coriandre, curry, noix de cajou, basilic thaï, soja, piment, menthe, échalote (et j’en oublie) servent à agrémenter les poissons, crevettes, calamars, porcs, boeufs ou encore canards.
Les plats peuvent être accompagnés de riz thaï, sauté ou gluant (collant, en fait), idéal pour saucer !
Le problème est qu’il est très très difficile de choisir (tout à l’air bon) et il n’est pas rare d’être influencé par les assiettes des tables voisines.
Cependant, aucune crainte à avoir : l’équipe est de très bon conseil (selon que l’on aime épicé, ou pas trop, ou alors juste comme il faut parce que je veux pas pleurer à cause d’un piment, c’est vrai j’ai ma fierté !) et le chef en cuisine est un véritable magicien des saveurs !
D’ailleurs, la commande passée et en attendant d’être servi, intéressons nous de plus près à la table voisine…
Dans son costume gris foncé de chez Boss, le noeud de cravate négligemment défait, Lui semble à peine sorti de son bureau, légèrement en retard (« tu comprends, on fait des horaires de dingue en ce moment » – à traduire par : « je passe la plupart de mon temps sur Facebook et Meetic, via mon Iphone », laissé en évidence sur la table), persuadé qu’il est un élément indispensable au service du Grand Capital.
Elle, dans son petit tailleur Zara, les cheveux noués tombant en cascade sur son épaule gauche, fait tourner sa mèche entre ses doigts délicats en l’écoutant déblatérer ses histoires de bureau, le regard bleu évanescent (« Pffff, j’aurais dû me méfier « Brillant_33″, ça faisant un peu surfait comme pseudo »).
Les plats juste servis, dégagent de voluptueuses odeurs aux parfums subtils.
Lui : et voilà, j’avais demandé épicé et c’est à peine relevé !
Elle : tu n’as pas encore goûté.
Lui : tu n’y connais rien, c’est à l’odeur que ça se mesure. Et regarde la taille des piments, comment veux tu que ça relève le plat ?!
Elle : heu, ce sont des piments-oiseaux. Ils sont petits, mais costauds (« Tu sais ce qu’il te dit le citron? » aaah réminiscence des Petits Pimousses de la Pie qui Chante…) !
Lui : c’est ça oui… Tu sais, j’ai été au Mexique et là bas ils mangent très épicé ! Figure toi que je n’ai jamais eu la bouche en feu, alors avec leurs petits piments, là ça me fait bien rire…
Le mâle dominant et fier de lui, répand alors quelques piments supplémentaires dans son plat, mélange bien et portant la première fourchette à sa bouche, ignore somptueusement les conseils du serveur,tant sa confiance en lui le dépasse.
Si le premier goût fait place belle au mélange des saveurs, le deuxième effet « kiss cool » ne tarde pas à se faire sentir : telle une allumette déposée sur du bois sec, le feu se propage rapidement : d’abord la langue, puis tout le palais, puis l’oesophage et rapidement l’estomac, si bien qu’il est possible de suivre en temps réel l’avancée du général Piment !
Mais ce qui se passe à l’intérieur se voit aussi à l’extérieur : Lui a d’abord les yeux qui s’écarquillent, son teint blafard vire rapidement au rouge vif et le souffle coupé commence alors à hoqueter et à transpirer fortement !
Ses mains se crispent sur sa cuisse et à mesure qu’il tousse, ses yeux se remplissent de larmes. Même l’air expulsé de ses narines semble brûlant !
Bien décidé à mettre fin à l’incendie, il se sert d’un grand verre d’eau qu’il avale de tout son trait !
Erreur fatale car l’eau fraîche a révélé un peu plus la force du pernicieux piment !
Elle, le regarde étonnée un peu amusée. Répétant les conseils du serveur, elle lui dit de manger du riz et de dénouer un peu plus sa cravate.
Mais Lui, dans un élan d’orgueil démesuré, la douleur révélant sa sombre identité, l’insulte copieusement avant d’écraser ridiculement sa tête dans son plat !
Elle, peu émue par l’évanouissement de « Brillant_33 », finit tranquillement son plat qu’elle juge finement relevé, puis détachant sa longue et élégante chevelure se relève en direction de Lui, lequel émerge lentement de son état comateux. Et se penchant à son oreille, murmure l’air amusé qu’il ne la reverra « jamais-pauvre-naze » (et visiblement d’autres mots que l’assemblée n’entendra pas), lui laissant le loisir de payer l’addition.
La démarche altière, elle s’éloigne, non sans oublier de remercier les serveurs pour le délicieux plat, et le sourire au lèvre, soliloque : au moins, j’aurais bien dîné… Je reviendrai !
Moralité : ne pas faire confiance à une femme qui s’y connait en piments !
Si cela est pure fiction, en revanche une fois servis, force est de constater que les plats sont magnifiques : si l’oeil est flatté par le contenu, les odeurs qui s’en dégagent aiguisent l’appétit. Et chaque bouchée exalte les papilles.
Le Nirvana est proche !
Et pour accompagner le repas, je conseille de commencer par une petite bière légère, la fameuse Singha avant de poursuivre par un vin rouge thaï !
Parmi mes coups de coeur, je citerais :
– les saucisses à la citronnelle (la citronnelle révèle lentement sa fraîcheur et ajoute une note légèrement acidulée à la chaire à saucisse),
– le larb nua (viande crue marinée… à la fois fraîche et épicée ; une tuerie !),
– la salade de papaye verte (pour les amateurs de sensations fortes, parce que piquant, très piquant, très très piquant !),
– les soupes (non, ce ne sont pas des soupes « Miso »… quelle évasion à chaque cuillère !),
– le saumon mi cuit sauce « Chu-Chi » (non ce n’est pas « sushis » prononcé après avoir mangé un piment-oiseau… ici le saumon est effectivement mi-cuit avec une sauce doucement parfumée,
– les larmes du tigre,
– les curry jaunes, rouges ou verts,
– les calamars sautés au basilic
– le pad thai (pâtes de riz sautées aux crevettes, omelette et plein de bonnes choses)
– et en dessert : la mangue accompagnée de riz gluant et lait de coco !
Enfin un VRAI restaurant thaï en dehors du pays aux « mille sourires », loin des restaurants qui mélangent chinois-vietnamiens-et-thaïlandais…
L’addition sera d’ailleurs un peu plus élevée que dans un de ces établissements (mais bon, les aliments y sont nettement plus frais aussi).
Mais, ami lecteur que tu sois résident ou simplement de passage à Bordeaux et si tu aimes être surpris par les saveurs, que tu as envie de tester ta résistance aux épices ou encore que souhaite te régaler de plats exotiques et originaux (et diététique !), alors pas d’hésitation, en plus tu auras plaisir à y revenir (perso, j’ai trouvé ma cantine…) !
Le seul bémol : ce n’est pas le même prix que là bas…
(oui, c’est tout ce que j’ai trouvé !)
C’est donc le Thaï Paradise, 70 rue des Ayres (une petite rue entre la place Pey Berland et le Musée d’Aquitaine) à Bordeaux. Et pour plus d’informations : www.thaiparadise.fr
Ayé, j’ai faim maintenant !!!
Et juste en aparté : non, je ne suis pas payé par le staff pour faire la pub du restaurant… c’est juste une adresse très sympathique qui mérite d’être connue et dont le succès n’est pas à démentir. D’ailleurs je conseille très fortement de réserver pour y venir car, même en semaine, il n’est pas rare qu’il affiche complet !
2 commentaires
Très bon restaurant en effet. Mais attention aux épices, sans finir comme Brillant_33 les papilles non habituées aux saveurs exotiques peuvent être surprises.
L’anecdote inventée (l’est-elle vraiment totalement?) m’a bien fait rire en tout cas!
Bien sûr qu’elle est inventée l’anecdote… Je ne mets jamais de cravate !