Bénédiction Urbi et Bali (2ème partie) : La Cérémonie
Selamat Sore (bonsoir) Ami Lecteur,
Ainsi que décrit précédemment, nous sommes partis avec une partie de l’équipe récupérer des eaux sacrées dans différents temples de la région de Singaraja au nord de Bali.
Puis le jour tant attendu est venu : celui de la bénédiction de l’hôtel afin d’apporter succès et prospérité à notre « bizniss ».
La scène dressées, les « penjor » installés, les offrandes disposées, les invités arrivés et bien installés, il a donc fallu attendre l’arrivée du prêtre.



Prévue pour commencer à 10h du matin (on est tous venus à 8 heures pour s’assurer que tout était bien en place et certains membres de l’équipe ont veillé toute la nuit sur les offrandes pour être sûr qu’elles ne seraient pas volées… C’était aussi l’occasion de s’occuper en jouant aux cartes, dominos, et autres jeux d’argent… enfin bref, tout ça pour dire…), nous avons attendu l’arrivée du Prêtre qui devait assurer 2 autres cérémonies avant nous (il y a très très très (…) très régulièrement des cérémonies à Bali, donc les prêtres sont très très très (…) très sollicités !).
Nous avons donc débuté les festivités avec « seulement » 3 heures de retard (une broutille, au pays du « Jam Karet » – le temps élastique).


On va pouvoir commencer : Let’s Rock and Roll (heuu pas sûr que ce soit la bonne traduction)
Pour information et pour répondre à ceux qui se demandaient (je suis certain qu’il y en a parmi vous qui ont cette curiosité) ce que sont les « Penjor« , et bien ce sont des éléments décoratifs que l’on trouve partout à Bali, surtout dans les temples, ou dans les rues lors des cérémonies. Ils sont formes de troncs de bambous décorés avec feuilles de palmiers finement tressées, des épis de maïs et des morceaux de tissu jaune ou blanc ainsi que des pousses de cocotiers sensées symboliser le dragon Naga Basuki.
« Lost in Bénédiction »… Dire que j’étais perdu dans le déroulement de la célébration est un doux euphémisme !
Car tout ce que je peux dire c’est que pendant 4 heures, on a eu droit à : des mantras récités par le prêtre de façon hypnotique, des défilés, un concert de musique traditionnelle à l’aide d’instruments à percussion, genre xylophone (les « gamelans » – dont le nom vient de « gamel », qui veut dire marteau – qui est utilisé pour taper contre les lattes métalliques ; ils peuvent être en bois, bambou et métal et font partie intégrante des orchestres traditionnels lors des cérémonies religieuses), venant des régions les plus « sacrées » de Bali, un combat de coqs (l’occasion de parier de l’argent) dont le sang du perdant est répandu un peu partout sur le sol (âmes sensibles s’abstenir), des processions d’offrandes par les chefs de départements (en faisant 3 tours de la propriété) et en se « faisant asperger d’eau bénite à chaque tour…

Puis on prend les paris : « faites vos jeux messieurs-dames » !

Et c’est parti pour un combat duquel 1 seul sortira vivant !

(la blague marche mieux avec canards, mais bon…)
Tout ça ressemblait un peu à « Interville » (amis de la sous-culture, bonjour !), émission inventée et commentée par le regretté Guy Lux, avec sa voix rocailleuse, énergique et aux explications incompréhensibles au commun des téléspectateurs :
« Et oui, ma chère Simone, alors que l’équipe blanche entame son deuxième tour, elle se fait – ah ah ah – asperger d’eau bénite par l’équipe rouge, qui a les bras chargés d’offrandes… Et – ah ah ah – attention : le joueur de l’équipe blanche a fait tomber une offrande !
C’est donc un penalty pour son équipe… Mais, ooouh un joueur de l’équipe rouge dans son excitation vient de casser sa tong et en tombant a renversé son bidon d’eau bénite ! Il est donc disqualifié !
Mais que fait la troisième équipe ? On dirait que l’un des participants se met à rependre le sang du coq vaincu sur le sol, alors que les autres membres des équipes lancent des fleurs en l’air, s’aspergent d’eau bénite, et que l’équipe blanche entame le 3eme tour de piste, pendant que le prêtre récite des mantras en rythme au son des gamelans, alors que Garcimore et Denise Fabre essaient de terminer le fil rouge du « Kaleidoscope » avec leurs invités d’honneur, Pierre Groscolas et Tatayet, échappés pour l’occasion des « années bonheur ring-parade », lesquels s’apprêtent à tourner la roue de la tombola pour faire gagner à un téléspectateur tiré au sort par notre huissier, Maître Tuladanlos, un cadeau offert par notre partenaire Télé-Star…
Oh la la, Simone, on n’y comprend plus rien et tout vient de se mélanger : les rouges sur les blancs, tout fout le camp…
(je me demande si Guy Lux n’a pas créé trop de jeux en fait…)
Alors avant de céder la parole à notre ami Léon Zitrone en directe des arènes de Dax, je me tourne vers l’arbitre… Maître, quels sont les scores ? Ah vous n’avez pas compté ?
Bon, alors lâchez les vachettes !
Ah non, y’a pas de vachettes…
Alors, à vous Cognac Jay, à vous les studios »…
« Chananananana, chanananana… »
Donc, comme je l’écrivais plus haut : dire que j’étais perdu dans le déroulement de la célébration est un donc doux euphémisme !

Puis nous nous sommes tous assis de nouveau en tailleur (et en dépit de l’entrainement que j’avais eu lors des précédentes bénédictions, je constate avec désarrois que je suis toujours aussi peu souple… constat fait alors que mes premiers pas sont particulièrement hasardeux), et comme dans les temples, on a eu droit de nouveau à une petite « récitation de mantras – bénédictions de fleurs qu’on dépose sur l’oreille – boisson d’eau bénite – et collages de grain de riz ».


Avec tout ça, j’espère que le business sera bon !
Quand la bénédiction d’un hôtel à Bali rencontre le Fenghsui :
Les propriétaires étant chinois, ils ont rajouté une petite couche de feng-shui : pas de chiffre 4, pas de nombre 13, pas de bureaux sous des tuyaux, une fontaine, des pierres, de l’herbe, des bassins à carpes (bon, par contre, pas de piscine… mais bon, les poissons, c’est bon pour le business, alors bon…) et j’en passe…
En tous cas, la bénédiction attire l’œil, puisque déjà des touristes viennent prendre des photos : c’est plutôt bon signe !
Et pour les plus curieux qui se demandent ce qu’est le « feng-shui« , il s’agit d’un « art » chinois qui est utilisé aussi bien pour orienter et organiser sa maison que son business. Il est composé de 2 mots qui veulent dire « vent » (soit courant d’air) et « fleuve » (soit courant d’eau), pour signifier l’association d’un courant invisible et d’un courant visible ; c’est donc la science des flux « à la chinoise », aussi bien spirituel que matériel.
La fête après la bénédiction :
En effet, les festivités de la bénédiction de notre nouvel hotel à Bali se finissent comme dans un album d’Asterix (Astérix à Bali ?) : à manger du « Babi Guling », le cochon rôti fourré aux herbes et épices – une des délicieuses spécialités balinaises – accompagné des aliments qui constituent « la corne d’abondance » indonésienne (du riz jaune, du poulet, des piments, du soja caramélisé…).


C’est beau, c’est bon !

Les offrandes – Canang Sari – déposées comme des bénédictions à Bali :
Ce rituel signe le début d’un autre rituel qui se déroulera tous les jours : un prêtre viendra déposer des offrandes le matin dans les différents bureaux de l’hôtel qui possèdent un petit autel. Ces offrandes quotidiennes, appelées « Canang Sari » (belle intention) sont composées de fleurs, de biscuits, de riz, et parfois même de cigarettes et d’argent (il faut savoir rester pragmatique). Elles sont offertes pour attirer les bons esprits (les offrandes sont disposées dans les autels sur-élevés), dans l’espoir de perpétuer la prospérité de notre commerce (ou la protection de la maison…), mais aussi pour apaiser les mauvais esprits (les offrandes sont alors déposées par terre).
Et si l’expérience entant que telle était assez unique, je dois avouer que là, vêtu en tenue de cérémonie, témoin de rituels inconnus à écouter des mantras hypnotiques, assis en tailleur avec mes grains de riz collés sur le front et les oreilles couvertes de fleurs, une question me taraudait l’esprit (bon, y’en a plusieurs, mais à ce moment là précis, une particulièrement) : dans de tels moments, quel Dieu invoquer ? Et à quels Saints se vouer ?
Non, parce que c’est bien gentil tout ça, mais je me sens un peu perdu dans la spiritualité et les religions, là…
Lost in Benediction and in Religions…
Heureusement l’équipe me rassure : « l’important c’est de prier ton Dieu et selon tes propres croyances » !
Car pour les Indonésiens, il est donc essentiel d’avoir une religion – à tel point qu’elle est indiquée sur leur carte d’identité – car finalement, ce qu’il y a de plus important c’est Dieu (qu’il existe ou non). .
Les Balinais, avec des journées rythmées par les bénédictions à leurs Dieux et de part leur façon de vivre selon leurs traditions, structurés en communautés, respirent une sorte paix et de joie de vivre, ravis d’accueillir les étrangers (enfin, un peu moins dans les endroits devenus saturés de touristes peu respectueux des coutumes locales).

Et la philosophie de vie balinaise fait des émules, car une rencontre faite à Bali m’a dit qu’il était « citoyen du monde » (qui est aussi une grande expression très à la mode parmi les voyageurs et surtout ceux qui font un tour du monde), tant il avait du mal à définir ses origines : son père étant gallois, sa mère indonésienne (avec une grand-mère portugaise) et ayant vécu et fait ses études en partie en Suisse et aux Etat-Unis (et oui : il existe pour de vrai). Selon lui, quel que soit son lieu de naissance on peut devenir « citoyen du monde » en restant humble face à la culture de l’autre et surtout à son écoute.
Personnellement, je ne sais pas si je suis « citoyen du monde », étant attaché à mes racines bordelaises (à mon sens, il ne faut jamais renier ses racines : « si tu ne sais pas où tu vas, souviens toi d’où tu viens » – proverbe africain) – mais il est vrai qu’en s’ouvrir aux autres cultures – et en prenant le temps de les comprendre – cela aide à prendre du recul sur les différents modes de vie qui cohabitent sur notre petite planète (et c’est pas être incompatible avec « être chauvin » en fait, parce que, sérieusement : c’est vrai que Bordeaux est quand même la plus belle ville du monde…#humour).
Et si en Indonésie l’école est obligatoire, le niveau des études atteint par la majorité de la population n’est pas très élevé (et à fortiori dans les endroits reculés). Les disparités entres les riches et les pauvres sont parfois choquantes (sur une route défoncée, il n’est pas rare de voir une Ferrari qui double une mobylette rouillée d’un paysan sortant des champs… A Jakarta ou à Surabaya, des tours ultramodernes surplombent des maisons aux murs décrépis et toits en tôle), et pourtant acceptées par la population.
Pourtant, si la pauvreté est visible on n’y ressent pas de misère (tout le monde a de quoi manger), mais les soins médicaux sont parfois chers et peu efficaces (beaucoup préfèrent se faire soigner chez un sorcier / chamane, plutôt que d’aller voir un médecin). Heureusement la société Indonésienne évolue et la classe moyenne se développe ; d’ailleurs de plus en plus d’Indonésiens partent étudier à l’étranger revenant avec de nouvelles connaissances, idées, envies pour développer leur pays.
Et sans vouloir comparer, après plus d’un an en Indonésie, je me rend compte qu’en France on a quand même tout pour être heureux… Tout, sauf le moral ! Tant il est vrai qu’on aime cultiver une attitude par trop souvent pessimiste… Avec un peu de recul (à peu près 12000 kilomètres), force est de constater que les clichés reviennent comme des boomerangs, car notre réputation ici aussi est que les Français ne sont jamais contents et critiquent aisément… A toujours espérer une réponse à tous les problèmes de la part des autres (et surtout de l’État), sans jamais se remettre en question; alors qu’ici les solutions viennent des gens eux-mêmes. Structurés en communautés soudées et ouvertes sur les autres, l’entraide prévaut, chacun étant conscient de sa propre responsabilité au sein de la communauté. Bon, c’est très vrai dans les villages, mais j’avoue qu’à Kuta, ou dans les grandes villes comme Jakarta, les comportements sont un petit peu plus individualistes…
Cela me rappelle d’ailleurs ce que m’avait dit la guide – chamane aussi – qui m’avait conduit dans les rizières de Sapa au Vietnam et qui m’avait hébergé dans sa famille – son mari travaillait dans les rizières du nord Vietnam (un des métiers les plus difficiles que j’ai pu voir) : « Je rencontre des étrangers, je leur fait découvrir ma région, certains m’offrent des cadeaux (un message subliminal ?) et cela permet de nourrir ma famille ».
Pour elle, son sens dans la vie est de travailler pour sa famille et cela la satisfaisait pleinement, à en juger par le sourire qui rayonnait sur son visage. Et d’ajouter, à la question pourquoi souriez-vous alors que vos conditions de travail sont aussi dures, « sourire et apprécier ce que l’on a fait qu’on attire d’avantage de gens et de prospérité autour de soi« .
En revanche, si on se plaint tout le temps, on attire un mauvais karma : plus on se plaint, plus on aura de raisons de se plaindre »… (« Qu’est-ce que je suis content aujourd’hui » !… Heu du coup, c’est bon le Karma ?)
Finalement, à bien y réfléchir ça pourrait être une bonne résolution pour la nouvelle année : abandonner le côté râleur – bien français (ce qui améliorera au passage notre réputation à l’étranger) – et accepter le présent, ainsi que la vie comme elle est, avec ses hauts et ses bas, essayer de changer ce qui est à ma portée et développer une attitude plus positive et optimiste, car :
« Les vrais optimistes sont de vrais réalistes de notre société, non pas des idéalistes : ils font avec ce qu’ils ont«
Thierry Jansenn
Ainsi donc, si je ne fais pas toujours ce que je veux, en revanche je veux ce que je fais…

Mais bon : les bonnes résolutions, c’est un peu comme les promesses : elles n’engagent que ceux qui y croient !
A voir donc…
Et en attendant : BONNE ANNÉE 2014 !
Et pour pour aller plus loin, voici quelques conseils afin de bien préparer vos visites à Bali :