Derniers tours de Malang : à la plage secrète de Sempu Island en Indonésie
Selamat Pagi Ami Lecteur,
Ainsi que je le disais dans l’article précédent : “à quelques kilomètres plus à l’est sur la côte, le village de Sedang Biru permet d’accéder à d’autres plages et surtout une petit île : Palau Sempu (dite aussi : « Sempu island »)…
Sedang Biru est un village de pêcheurs, avec son marché aux poissons, ses petits magasins en bord de route principale, son petit chantier naval.
A voir la réaction des enfants lors de mon arrivée (« Hello Mister, what’s your name », ou encore « Where do you come from »…), ainsi que leur engouement à se faire prendre en photo (et à serrer la main en se présentant) lors de leur descente du camion-benne-transport-en-commun qui relie les villages des environs (transport de masse vous avez dit ?), je me dis qu’il ne doit pas y avoir beaucoup de touristes de race caucasienne par ici et surtout que les Javanais sont quand même super accueillants !
Sempu Island est une réserve naturelle, donc protégée et soumise à des règles d’accès et diverses réglementations et informations (par exemple : mises en garde sur les risques du parcours, la rencontre de tel ou tel animal, des informations concernant la gestion des déchets…).
Pour y accéder, il faut s’acquitter d’un droit d’entrée (10 000 rupiah, soit environ 1 dollar) et emprunter un bateau de pêcheur qui relie les 2 rivages (enfin, plutôt payer un pêcheur qui vous fera la traversée et reviendra vous chercher : 100 000 rupiah).
Le bateau est pour le moins très traditionnel : une coque en bois équilibrée de part et d’autre de 2 balanciers en bambous. Une fois monté à bord, le pilote s’active sur la manivelle du moteur qui peine à démarrer. Qu’à cela ne tienne : un petit coup d’huile par ci, un boulon à resserrer par-là, une vérification rapide du niveau d’essence une-cigarette-collée-sur-la-lèvre-inférieure et on recommence… A mesure que la cadence de la manivelle augmente, celui-ci se met à tousser, cracher des fumées noires (le moteur, hein…) et dans une explosion magistrale confirme qu’il pourra nous transporter !
Le bras au bout duquel l’hélice tourne au rythme du moteur est alors mis à l’eau.
Et c’est parti pour une courte navigation de 10 minutes entre îles et îlots recouverts d’arbres qui plongent dans la mer et leurs confèrent de belles formes arrondies, à l’issue de laquelle le bateau nous dépose sur une petite plage entourée de mangrove.
Les affaires assemblées, nous nous mettons alors en marche pour une « petite » balade sympathique d’1h30 (enfin, si on ne se trompe pas de chemin) dans la forêt qui recouvre Sempu Island.
À mesure que l’on s’éloigne de la plage, le chemin grimpe vite à l’ombre des immenses arbres tropicaux.
Et en parlant du chemin, le sable blanc laisse très vite place à la terre bien noire et le plat du bord de mer devient beaucoup plus raide à mesure que l’on s’enfonce dans la forêt.
Et comme il y eu la bonne idée de pleuvoir la veille, et bien la terre est super boueuse/glissante, ce qui rend l’ascension encore plus périlleuse marrante !
Mais ce qui la rend définitivement désopilante, c’est que par endroit les arbres sont en travers du chemin, donc il faudra les enjamber (et vu qu’il a bien plu, le tronc est lui aussi super glissant) ou éventuellement négocier un passage par-dessous, alors que dans d’autres endroits les immenses racines des arbres s’étendent en travers du chemin et retiennent la terre chargée d’eau (et elles sont aussi très glissantes), alors qu’ailleurs les rochers bien affûtés et troués par les pluies acides, menacent de s’y découper soigneusement un membre si on venait à déraper dessus !
Alors pour grimper, rien de mieux que de s’agripper aux lianes torsadées qui pendent depuis le ciel (et à ne pas confondre avec un des serpents de l’île, il parait qu’il y a des pythons), ou encore évoluer à 4 pattes (oui, on a l’air malin, mais au moins : on ne glisse pas !), ou sinon trouver un bon bâton de bois qui deviendra ainsi bâton de pèlerin (oui : la fonction crée l’outil)!
Il n’en fallait pas moins, dans la moiteur de l’épaisse forêt tropicale à arpenter les chemins boueux et rocailleux, pour me prendre pour Gandalf le Bule Blanc, du Seigneur des Anneaux, prêt à affronter les armées du Mordor (tiens, d’ailleurs on entend l’orage gronder, au loin…).
Pour cette marche, inutile de préciser que je déconseille vivement l’utilisation de mocassins (avec ou sans glands) ou de « Repeto ». En effet, ce n’est pas une simple promenade et de bonnes chaussures de marche sont plutôt fortement recommandées, à moins de faire comme quelques Indonésiens qui arpentent le chemin : en tongues ou Pieds-Nus.
Mais quelle que soit la protection du pied choisie, ne vous en faites pas : vous devriez avoir de la boue jusqu’au niveau des mollets (voire des hanches, des fesses ou sur le dos, pour les moins habiles !).
[slideshow_deploy id=’2882′]
La forêt tropicale (« Rainforest ») est dense, très dense : les arbres s’élancent tels des géants désireux de conquérir le ciel et les plus grands déploient leurs larges branchages peu soucieux des plus petit qu’eux. Leurs racines serpentent le long du sol avant de s’y ancrer profondément, offrant ainsi de belles opportunités pour s’entraver ou glisser.
Mais elle est aussi humide, très humide. Et même si on est à l’abri du soleil, la chaleur et la moiteur de la forêt fait que l’on transpire dès le moindre effort… C’est-à-dire : très rapidement !
Heureusement l’odeur de la transpiration ne couvre pas celle des feuilles en décomposition, rappelant un peu les parfums d’automne, un automne chaud et humide, mais un automne où il faisait beau, une saison qui n’existe que dans le Nord de l’Amérique, là-bas, on l’appelle l’été indien… (Heuuuuuu me suis un peu emballé là !)
La forêt surprend et étourdit par son silence (surtout dans ce pays qui déteste le calme, tant le quotidien des villes et villages est bruyant). De temps en temps des cris aigus viennent rompre la quiétude des lieux (quand ce ne sont pas les hurlements et les rots de promeneurs…), les arbres bruissent et les branches craquent, desquelles s’envolent des oiseaux colorés et des chauves-souris (kalong) : ce n’est pas dû à l’effet du vent, mais aux singes qui, en recherche de nourriture, se déplacent d’arbre en arbre.
Sempu Island est peuplée de 2 grandes familles de singe : les macaques et les « java langur » (les singes noirs endémiques à l’île de Java).
Leurs comportements sont bien différents : ainsi, les premiers vivent en groupe (de 5 à une 20aine d’individus) dans les arbres les plus bas (sur lesquels ils se déplacent de branche en branche, mais sans réellement sauter), sont omnivores (ils pêchent dans les mangroves) et peuvent montrer des comportements agressifs.
En revanche, les seconds se nourrissent exclusivement de végétaux (fleurs et jeunes feuilles, d’où leur surnom de « leaf monkeys »), vivent en petits groupes à la cime des arbres, passent de l’un à l’autre en sauts spectaculaires (de vrais cascadeurs) et ont un comportement pacifique. Du fait de leur situation haut placée, ils sont difficiles à voir, mais ce jour-là, la chance était au rendez-vous !
Pour les singes, le déplacement est assez facile : il leur suffit en effet de passer d’un arbre à un autre… Et leurs cris trahissent leur hilarité à nous voir déambuler sur le chemin.
Car, en plus d’être un chemin périlleux, les indications des directions à suivre sont assez sommaires : c’est un peu comme un jeu de piste, il faut suivre les rubans attachés aux arbres à intervalles réguliers. Le problème, c’est qu’il y a 3 rubans différents et qu’évidemment au départ, ils ne nous ont pas donnés les instructions !
Et 2 heures après avoir entamé nos premières foulées…
Quoi ? Oui 2 heures… Oui au lieu d’1h30, je sais (Oui, bon bein on s’est perdu en chemin ! ça arrive !!)…
Et comme disais notre guide : « Oui, ben justement je me suis déjà trompé une fois, il fallait aller à gauche et puis j’avais été à droite, ou alors l’inverse, j’en sais rien, moi… Ben oui, c’était l’été tu comprends, il y avait des vaches partout, ça n’avait pas du tout la même gueule ».
Enfin, heureusement, dès qu’on s’en est rendu compte, on a fait demi tour et on a vite retrouvé le chemin normal… Et ce qui nous a réconfortés quant à la piste à suivre, c’est qu’en fait les côtés du chemin sont balisés, pas seulement des rubans colorés, mais aussi des déchets plastiques (coupes en plastique, emballage, chaussures perdues (!), bouteilles…) et c’était bizarre : pendant un temps, il n’y en avait plus !
Enfin, bref… On s’est remis sur le bon chemin et donc comme je l’écrivais : 2 heures après avoir entamé nos premières foulées, le chemin se met à longer la roche d’un côté, alors que de l’autre côté, au travers des feuilles des arbres inclinés apparaissent les reflets du soleil scintillants dans une eau couleur vert émeraude.
Puis il débouche sur une anse de sable blanc totalement inaccessible par la mer, qui révèle une petite plage d’un lac aux eaux bleues-vertes paisibles qui font face à d’immense murs de roche recouverts de végétation : le Segoro Anakan (Skywalker ?)
L’eau du lagon caché a ceci de particulier : elle est salée !
Cette petite mer intérieure est alimentée en eau de mer par un trou dans le rocher, quand les vagues de l’océan indien viennent se briser contre les remparts volcaniques de l’île de Sempu Island.
C’est calme, l’eau est chaude et le mélange de couleurs (le blanc du sable, le gris de la pierre, le vert des arbres, le bleu de la mer et le jaune-orange du soleil déclinant) magnifique !
[slideshow_deploy id=’2883′]
Quelques rares touristes présents (Indonésiens pour la grande majorité – oui, je suis encore le seul « blanc » en maillot) y ont dressé leurs tentes pour y passer la nuit.
Seul petit bémol à ce paysage idyllique : les déchets ne sont pas rapportés par leurs propriétaires et ont tendance à gâcher un peu la carte postale (je crois qu’il y a vraiment du boulot en termes d’éducation de gestion des déchets et protection de l’environnement dans ce pays…) !
Et le temps de dévorer le pic-nic emporté avec nous, descendre au moins 2 litres d’eau en moins d’une minute, se baigner (et éventuellement faire pipi dans l’eau car il n’y a aucune installation sur place), il faut déjà se remettre en chemin, pour quitter Sempu Island…
C’est donc reparti pour 1h30 de la même marche (mais bon, cette fois-ci on ne s’est pas trompé) et au final : j’ai ruiné une paire de chaussure on sort du chemin tout plein de boue, fatigué, trempé, mais content de l’effort fourni, des découvertes faites, et des superbes couleurs qui composent les paysages, avec comme tableau final, en guise de récompense : les ombres des îles qui se dessinent à l’horizon, dans un ciel rouge-orange, s’embrasant à mesure que le soleil disparait à l’horizon, sur une mer calme que fend le bateau – chassant dans son sillage une poche plastique qui flottait par là – venu nous chercher pour nous raccompagner à bon port !
Alors voilà, comme je disais dans le post précédent, je quitte Malang pour…
Ah mais, je me rends compte que ce « post » est déjà bien long, alors la suite dans le prochain article !
1 commentaire
Bonjour,
Merci pour ce reportage qui m’a permis de me replonger dedans.
En effet, j’étais en Indonésie en 1997 (il y a 23 ans) et je me suis bien sur baigné dans ce lagon.
A l’époque, pas de droit d’entrée, pirogue sans moteur. C’était vraiment l’aventure car je n’avais que très peu de renseignements.
Bonne continuation