Excursion à l’îlet Caret : ça ne tourne pas rond sous le Ti-punch soleil de Guadeloupe !
L’îlet Caret est une belle petite île située dans le Parc Naturel du Grand-Cul-de-Sac-Marin (classé “Réserve Mondiale de la Biosphère” par l’UNESCO), au Nord de la Guadeloupe.
Amateurs de journées en mode “farniente” dans des eaux cristallines, plage de sable blanc et ambiance créole, alors l’îlet Caret est fait pour vous (et comme vu sur place : il y en a des amateurs)…
Récit d’une journée en bateau, sur les mers des Caraïbes, à la recherche du rhum trésor des pirates… Ou plutôt récit d’une belle journée sur l’eau !
Alors voilà : Quelques jours avant mon envol vers les Caraïbes, une alerte météo annonçait la formation d’une tempête, à la faveur d’eaux particulièrement chaudes dans cette région de l’océan Atlantique Nord. A mesure que les jours passaient, la dépression d’air se creusait, affinait sa trajectoire et, doucement mais surement, renforçait sa puissance !
La confirmation que celle-ci se rapprochait inexorablement de l’île de la Guadeloupe vint le jour même de mon arrivée en vacances sur l’île (assurément une variante pour le voyageur de la loi de Murphy)…
Avis de Tempête sur l’îlet Caret en Guadeloupe
Les amis de « Mon Doudou » chez qui nous logeons sont originaires de Toulouse.
Donc autant vous dire que la cohabitation entre Toulousains et Bordelais (oui, je sais Sylvain… « les doryphores ») en terre guadeloupéenne se passe bien, voire très bien, et même très très très bien (Pour ne pas dire très très très très bien…).
C’est vrai : ils nous logent ! Mais surtout parce que – compte tenu de la jalousie légendaire des Toulousains vis-à-vis des Bordelais – en cas de réguliers désaccords, (ah bon, il y a une rivalité entre Toulouse et Bordeaux ?), nous retrouvons rapidement un terrain d’entente pour calmer tout début de discussion animée : le Ti-punch.
D’ailleurs, peu rancuniers ils nous ont gentiment prêté leur vieux pick-up qu’ils n’utilisent plus (et vu l’état, je comprends mieux pourquoi… mais bon, il roule !), ainsi après 3 premiers jours de vacances passés à découvrir les belles plages de Guadeloupe (Plage de Sainte Anne, Plage de Grande Anse à Deshaies, Plage de Malendure) et à explorer les fonds sous-marins de la réserve Cousteau, les conditions météo se sont progressivement dégradées : les nuages sont devenus plus menaçant, les éclaircies plus discrètes, les rafales de vent plus insistantes, alors que l’intensité des averses allait crescend’eau… heu crescendo, pardon !
Et la tempête, confirmant sa trajectoire, venait d’être officiellement baptisée : Laura !
« Oh Laura… Je n’attendais rien de toi, qu’une raison d’être là, Juste une trace avant de partir » – Johnny Hallyday
Par chance, et comme en écho à la chanson de Johnny Hallyday, Laura tracera sa route plus au nord, prenant la direction de Saint-Martin et Haïti (se transformant progressivement en ouragan) et épargnant ainsi la Guadeloupe !
Heureusement pour nous : elle ne s’est pas inspirée de la chanson de Stéphanie de Monaco, « Comme un ouragan, la tempête en moi, a balayé le passé… » (oui, bon je n’ai pas dit que j’étais fier de mes références culturelles…) !
Le Calme avant la tempête…
Car juste avant que le vent ne se déchaine et que des rideaux d’eau ne viennent recouvrir l’île, un silence immense enveloppait l’île. Dans une ambiance moite, presque étouffante, aucun bruit d’animaux, ni même de légère brise ne venait rompre la spectaculaire quiétude.
Et puis soudain les éclairs ont commencé à lacérer le ciel couleur encre de Chine, rapidement accompagnés par de très fortes rafales de vent, enfin suivies par des rideaux d’eau de pluie, qui se sont refermés sur l’île le temps pendant 24 petites heures (petites, mais costaudes !).
Le lendemain du passage de la tempête, le vent s’étant calmé et les nuages commençant à se dissiper, le soleil a commencé à se montrer particulièrement généreux.
A la faveur de ces larges et belles éclaircies naissantes, nous avons donc décidé de louer un bateau pour naviguer dans les eaux bleu turquoise des caraïbes.
Grande Terre, Basse Terre, îlet Caret… Petite Géographie de la Guadeloupe
La Guadeloupe est formée de 2 îles volcaniques reliées entre elles par 2 ponts, qui lui confèrent une forme de papillon : Grande Terre et Basse-Terre.
> Grande Terre – la partie est de l’île – a un relief relativement plat et un climat plutôt sec.
> Basse Terre – la partie ouest de l’île donc – est caractérisée par un relief montagneux, avec en son centre le parc National, (Biosphère classée au patrimoine mondial de l’Unesco) des paysages luxuriants et verdoyants, et le volcan de la Soufrière (point culminant des Petites Antilles à 1467 mètres).
Pour la petite histoire (enfin, « petite » à l’échelle géologique) : les 2 îles font partie de l’Arc des Petites Antilles, qui sépare l’Océan Atlantique de la Mer des Caraïbes. Cet Arc est en fait composé de 2 arcs indépendants :
- l’Arc Interne (le « principal »), composé d’îles volcaniques montagneuses « récentes » (sorties des fonds des océans il y a environ 5 Millions d’années), avec des volcans encore actifs, et dont fait partie Basse Terre.
- L’Arc Externe (le « secondaire »), composé d’îles planes, dont le socle volcanique ancien (environ 34 millions d’années) s’est vu progressivement recouvert de calcaire corallien, à mesure que le volcan s’enfonçait dans la mer ; Grande Terre est situé sur cet arc.
Les 2 îles qui forment la Guadeloupe ont donc la même origine (volcanique), mais pas le même âge (pour les plus aventureux, vous trouverez ces explications en allant randonner en directions des Chutes du Carbet ; mais ça, c’est une autre histoire…).
Ainsi donc, enserrée entre les 2 îles, une immense baie forme le « Grand Cul de Sac Marin », au nord (et par opposition, on trouve au sud le… et oui : « Petit Cul de Sac Marin »).
Ponctuée de nombreux d’îlots déserts et paradisiaques de sable blanc, baignés d’eau turquoise, cette grande réserve naturelle (classée Réserve Mondiale de la Biosphère par l’Unesco – à l’instar de Fakarava en Polynésie Française) semble s’étirer, depuis la forêt et la mangrove, puis dans le lagon loin vers l’horizon. Elle est en fait fermée par une barrière de Corail de 25 km de long, la barrière la plus longue des Antilles.
Départ en Bateau de Pointe-à-Pitre vers l’îlet Caret
Il est 10h00 : Nous récupérons le bateau à la marina de Pointe-à-Pitre (un Bénéteau Flyer 6.6 Bénéteau, propulsé par un moteur de 150 chevaux), où le gérant de l’agence nous attend pour nous remettre les clés, après avoir fait les vérifications et donné les explications d’usages.
Les sacs de pic-nic et la glacière pleine de bouteilles de Rosé, de bières et de glaçons, chargés à bord, nous larguons les amarres et rentrons les pare-battages (sinon, ça fait un peu Parisien qui navigue sur le bassin…) !
Le bateau est équipé d’un GPS dans lequel des points remarquables ont été enregistrés et surtout les caps à suivre pour s’y rendre. C’est super pratique pour éviter d’éventrer la coque du bateau sur des rochers affleurant qu’on ne verrait que trop tard (ces hauts fonds ont d’ailleurs fait de nombreux dégâts sur les frégates en bois au 18ème siècle, quand pirates, corsaires et flibustiers écrivaient les histoires maritimes des Antilles, instituant alors de véritables zones de non-droit).
Et sur l’écran tactile du GPS, notre choix est fait : nous irons passer la journée à l’îlet Caret (vous l’aurez deviné d’ailleurs d’après le titre du billet ; il n’y avait pas un gros suspens…) !
Nous suivons donc la route indiquée par le GPS et sortons de la marina, longeons Pointe-à-Pitre et le port industriel (oui, y’a plus glamour comme sortie de port…), et partons en direction de la Réserve naturelle du Grand-Cul-de-Sac-Marin (au nord donc ; gratifié de 3 routards tout de même et qui héberge dans ses 15 000 hectares, une incroyable biodiversité, entre mangrove et lagon), via la « rivière salée » qui sépare les 2 îles.
Après être passés en bord de la piste de décollage de l’aéroport (pas d’avion qui atterrissait en même temps…), puis sous les ponts, nous pénétrons dans une belle mangrove et naviguons entre les palétuviers, dont les racines semblent prendre appuie sur l’eau.
Le chenal est bien balisé, mais ce qui est étonnant c’est que les bouées sont disposées dans l’autre sens que celles des côtes françaises : alors qu’en France, la bouée rouge est à bâbord et la bouée verte à tribord (quand on regarde la terre), là, c’est exactement l’inverse. C’est un peu perturbant… le procédé mnémotechnique « Ba-Cy-Rouge et Tri-Cô-Vert » marche beaucoup moins bien, forcément !
La raison ? Les Antilles Françaises se sont alignées sur les règles de balisage américaines.
Enfin, après 20 minutes de navigation à 5 nœuds, la mangrove s’ouvre enfin sur la mer…
La zone des 300 mètres de la côte dépassée, nous pouvons enfin libérer une grosse partie des 150 chevaux du moteur. Le bâteau se cabrant, déjauge et prend sa vitesse de croisière : nous partons à pleine vitesse, cheveux au vent sur la mer étincelante, en direction de l’îlet Caret.
Dans les reflets dansants du soleil qui scintille sur les flots bleus de la mer des caraïbes, les silhouettes des bateaux de déchirent dans un contre-jour éblouissant.
Et durant les 40 minutes que dure la traversée, dans ma vision éblouie par le soleil, les ombres sur les vagues semblent faire apparaitre des héros échappés de mon, enfance, ayant croisé ces mers dans leurs aventures… A l’instar de Tintin et le Capitaine Haddock partis à la recherche du trésor de Rackham le Rouge. Ou encore le Capitaine Vallaud, dit le Corsaire Rouge, sorti du conte musical de Philippe Chatel (« les Aventures de Tom Tom Tommy » en 1982 raconté par le brillantissime André Dussollier), et « qui navigue sur son vaisseau, La Licorne, au milieu des mers du sud à la recherche du trésor des pirates » …
« Avec mon stylo à encre, Évidemment je jette l’ancre. Et j’aperçois dans le couchant, Pas une agate, Mais des diamants. Je rêve de cette malle écarlate Qui contient le trésor des pirates, Et mon coeur, et mon corps, s’imbibent du… Bleu des mers des Caraïbes »
Bon sang, je savais que boire une Carib après un Ti-punch, au soleil, ce n’était pas une bonne idée !
Enfin bref : trêve de nostalgie ! Aujourd’hui, point de pirates (exceptés quelques emmerdeurs en jet-skis peut être…) pour nous empêcher d’arriver sur la plage de sable blanc, mais des bateaux. Beaucoup de bateaux…
Et encore, nous avons de la chance, car en ce dimanche de fin août, un match football (Paris – Bayern) a limité les ardeurs des marins : il y a donc moins de bateaux sur l’eau que d’habitude !
Arrivée à l’îlet Caret en Guadeloupe
Nous sommes quand même une bonne quinzaine (ça se dit « dix-huitaine » ?) de bateaux à mouiller sur les rivages tout autour de l’îlet qui à peine plus grand qu’un terrain de tennis !
Émergé des fosses caribéennes et formé de sable corallien, façonné par le vent et les courants marins, l’îlet Caret avait tout d’une petite île paradisiaque, avec ses palmiers, son sable blanc et ses eaux turquoises.
Oui, j’en parle à l’imparfait, car les vents et les courants ont eu raison de sa fragilité et sa forme change tous les ans…
Le passage du passé au présent n’est donc pas parfait, car les palmiers ont disparu et qu’il ne reste plus que du sable sur 120 mètres de long et 20 mètres de large, avec ici et là quelques plantes qui font de la résistance.
L’endroit est tout de même magnifique, avec des dégradés de bleu (du turquoise au bleu-roi), une eau chaude transparente, ainsi qu’une vue imprenable sur les reliefs volcaniques de Basse-Terre d’un côté et le bleu profond de la mer des caraïbes à perte de vue, de l’autre.
Un petit tour rapide sur Wikipedia indique que le nom de l’île Caret provient du fait que l’île a longtemps été le site de ponte d’une espèce de tortues marines : la tortue imbriquée (à la carapace en forme d’écailles), surnommée “Karet” ou “Carettes”, ou encore “Caret”. Elles aussi ont déserté l’endroit et ne viennent plus pondre sur l’îlet.
Faune et flore endémiques ont donc disparu de l’îlet Caret… Et seule persiste une faune épidémique : celle des touristes (dont je fais parti…) !
L’îlet Caret le week-end, c’est le rendez-vous des familles et des amis viennent danser le zouk sur des musique créoles, boire des bières les pieds dans l’eau (et pas que pieds, ni des bières d’ailleurs…), prendre l’apéritif au bord de la plage, quand d’autres font griller du poulet et du poissons dans des cabanes en bois aménagées à cet effet.
Bref, l’îlet Caret, c’est beau et c’est bruyant vivant !
(Et encore, on est un dimanche de match de foot, durant la période touristique et en période de pandémie… je n’ose même pas imaginer en pleine saison touristique !)
« Si tu es à Rome, vis comme les Romains ; si tu es ailleurs, vis comme on y vit » – Ambroise de Milan
Et donc, afin de suivre le conseil d’Ambroise de Milan de toujours faire comme les locaux (pour les puristes : “Si fueris Romae, Romano vivito more ; si fueris alibi, vivito sicut ibi”), nous prenons un bon petit apéritif dans l’eau turquoise, puis et mangeons un bon pic-nic à l’ombre du taud du bateau (et eu égard à l’intensité du soleil, ce n’est pas du luxe…).
Et la sieste post repas bien arrosé mérité, nous cédons notre place à 3 autres bateaux qui accostent alors sur l’îlet Caret… Dont un qui met une énergie incroyable à rater avec systématiquement sa manœuvre, avec un précision quasi chirurgicale (c’est pourtant pas compliqué de « beacher »… Ni de « bitcher » pour l’occasion !).
Départ pour l’îlet Fajou : Rencontre avec les Tortues
En cette période de Covid, désireux de maintenir une bonne distanciation sociale (et surtout nous éloigner du bruit), nous reprenons tranquillement le chemin du retour et faisons un petit arrêt sieste baignade à l’îlet de Fajou.
L’îlet Fajout, entièrement recouvert de mangrove, est inhabitée sauf par de nombreuses variétés de crabes, des oiseaux (dont le Râle gris… un oiseau bien français qui n’est jamais content, à en croire son nom), les tortues qui viennent nidifier… Et du coup des nuisibles, étrangers à l’île, tels que mangoustes et rats s’y sont développés et se régalent des œufs de tortues et d’oiseaux (cependant, des campagnes d’éradications de ces nuisibles ont permis de diminuer la présence de ces nuisibles).
Nous resterons au large en mouillant l’ancre sur une portion de sable, entourée d’herbiers et coraux. D’ailleurs, à peine avons-nous mis les pieds dans l’eau – et le masque sur le visage (le masque de plongée, hein, pas de chirurgien cette fois-ci ! C’est plus pratique sous l’eau…) – qu’une tortue est venue nager en toute grâce, et surtout notre en compagnie ; c’était Magique !
Et “glaçons dans le Ti-punch” : sans personne autour de nous… Le double effet kiss-cool magique !
Retour à la Marina de Pointe à Pitre : Mésaventures sur la Rivière Salée
Le temps passant très vite sous les tropiques (et encore plus en vacances), nous nous résignons à quitter les eaux transparentes de l’îlet Fajou pour rentrer à la marina, car il faut rendre le bateau à 17h00 et que nous devons faire le plein d’essence. Et qu’il est déjà 16h45… Autant dire qu’on est laaaaarge à la bourre !
Ainsi, l’ancre hors d’eau, le cap est donc mis en direction de la marina (temps estimé 40 minutes de navigation) : la manette des gaz abaissée, le bateau se prépare à déjauger puis, surfant sur sa vague, fend les eaux à la faveur du soleil couchant. De part et d’autre de la coque, la mer se déchire en milliers de gouttes étincelantes, devenant autant de perles d’or dans les reflets du soleil.
Dans les eaux turquoises de la mer des Caraïbes, notre bateau trace son sillon tumultueux, dont les vagues s’évanouissent en ondulant sur la mer et viennent troubler le reflet du soleil qui, s’apprêtant à finir sa course à l’horizon, embrase le ciel de mille feux.
Et alors que nous naviguons en remontant la rivière salée, nous sommes soudain arrêtés par un bruit strident ! A tel point assourdissant qu’il recouvre le bruit du hors-bord. Là, caché dans le bras de la rivière et posté en bord de piste, un A350 rugit, prêt à décoller. Derrière lui, les gaz qui s’échappent des réacteurs viennent faire se lever des gerbes d’eau, et secouer les palétuviers de l’autre rive. Pour ne pas se faire envoler et finir notre trajet sur la cime d’un arbre, nous attentions patiemment 15 minutes que l’avion ait quitté le sol.
De toutes façons, nous étions déjà en retard, alors un peu plus un peu moins, nous ne sommes plus à ça prêt… Et puis, quitte à être à la bourre, autant l’être avec panache et surtout sans abîmer le bateau !
“Sous le Soleil Exactement” – Serge Gainsbourg
Après cette sublime journée, sur les eaux transparentes des Antilles entre les îlets Caret et Fajou en Guadeloupe, et « sous le soleil, exactement », j’avoue qu’il ne faut pas attendre longtemps avant de céder aux bras réconfortants de Morphée… D’autant que le lendemain, une nouvelle aventure nous attend car nous reprenons un bateau (Ferry cette fois-ci) afin de poursuivre notre séjour aux Saintes !