Visite des Bardenas Reales : un week-end dépaysant en Espagne, pas privé de désert !
Situé par-delà le massif des Pyrénées, entre Pampelune et Saragosse, le Parc National des Bardenas Reales étend ses paysages arides quasi lunaires et offre au visiteur qui ose s’y aventurer l’impression d’être plongé dans une ambiance « Western » : Bienvenue dans le « Far West » Espagnol !
Récit d’un week-end dépaysant en Espagne entre deux confinements en octobre 2020, plongé au cœur d’un territoire encore peu fréquenté par les touristes et aux airs de grands parcs de l’ouest américain, situé à seulement 4 heures de route de Bordeaux…
Bonjour Ami Lecteur,
Alors voilà, l’idée était simple : passer un week-end dépaysant hors de France, dans une destination accessible en voiture depuis Bordeaux afin d’éviter le risque de prendre un billet d’avion-non-remboursable-en-cas-d’annulation-du-vol-pour-cause-de-fermeture-de-frontières (oui, l’expérience du confinement de Mars-Avril-Mai 2020 lié au Covid-19 a laissé quelques stigmates…).
Une idée simple, oui, mais en apparence seulement… Je ne sais pas pour vous, mais le Covid et son cortège de confinements et de couvre-feux de 2020 ont quand même un tout petit peu complexifié toute velléité de projet à court – comme à moyen d’ailleurs – terme (et je n’ose même pas parler du long terme !)… Ainsi donc, et après quelques tergiversations, une destination nous apparaît comme une évidence, qui coche toutes les cases pour la concrétiser : l’Espagne !
Mais si la superbe ville de San Sébastian et le Pays Basque espagnol avaient à l’origine nos faveurs, en regardant avec un peu plus d’attention la carte du nord-ouest de l’Espagne, un petit joyau géologique aux airs de Monument Valley, encore relativement peu connu des touristes, a piqué au vif notre curiosité.
Car entre les régions de la Navarre et l’Aragon, à l’est du Pays Basque Espagnol et au sud des crêtes pyrénéennes, s’étend un paysage quasi-désertique sublime : le Parc National des Bardenas Réales.
Pour une présentation plus précise, des informations (formation géologique, activités à faire, où déjeuner, où dormir…) et des conseils, c’est par ici : Information et Conseils Utiles pour Visiter les Bardenas Reales.
Comment se rendre aux Bardenas Reales ?
Ainsi un vendredi d’octobre 2020 en fin d’après-midi, la voiture chargée de nos légers sacs à dos (la météo annonçait un week-end ensoleillé, avec des températures clémentes – 25° en journée et un peu plus frais en soirée) nous prenons l’autoroute plein sud : direction l’Espagne !
Enfin, plutôt direction les embouteillages au Sud de Bordeaux… Une petite spécialité locale que savent parfaitement organiser les vendredis-veilles-de-week-end-de-temps-de-rêve-sur-la-côte-Atlantique.
Mais après tout, avec quoi ferme-t’on une bouteille de vin déjà ? Ah oui, c’est vrai : un bouchon… Une autre spécialité Bordelaise, après la chocolatine (et non pas le pain au chocolat) le cannelé !
En temps « normal » (enfin d’après Google Maps) le trajet se fait en 4h30 depuis Bordeaux, via l’autoroute A63 : Bordeaux -> Bayonne -> St Jean de Luz // Passage Frontière France-Espagne // Irun -> San Sebastian -> Pampelona ->Tudela.
Bon, je ne vais pas vous mentir : nous avons conduit durant 5 BONNES (TRES) GROSSES heures. Puisque partis de Bordeaux à 17h00, nous sommes arrivés à Tudela à 22h45, où nous avons rejoint le reste du groupe… (Oui, j’avais écrit : 5 bonnes grosses heures… Et c’est toujours moins que 6 !)
En revanche, partis bien plus tôt que nous dans la journée – et donc arrivés bien avant nous et sans embouteillages, eux – le reste de nos amis ne nous avaient clairement pas attendus pour lancer les hostilités festivités au restaurant « El Bistrot » (adresse que je vous recommande d’ailleurs) !
Car visiblement, entre tapas, sangria (et visiblement pas qu’un seul pichet), cervezas, Rioja (et visiblement pas qu’une seule bouteille), leur repas a été copieusement arrosé.
Nous trinquerons donc plus « sobrement » (enfin pour nous, car ne pourrons pas rattraper un niveau déjà stratosphérique) aux retrouvailles avec de très beaux verres bien remplis de Manzana Verde ! (oui bon j’avoue : et des bières aussi).
Arrivée à Tudela, aux portes des Bardenas Reales
Sortis du restaurant à Minuit ou Minuit quinze je ne me rappelle plus bien… Comment ça il était 1 heure du matin ? (bon, ok score final : Manzana : 1 – Pidjay : 0)
Enfin, bref : sortis du restaurant après avoir mangé (et un peu bu aussi…), nous sommes happés par le silence qui règne dans la ville.
Dans les rues, aucun bruit de voiture, ou de discussions animées de groupes d’amis occupés à palabrer allègrement, ne vient déranger le scintillement des étoiles dans l’infini noir d’un ciel sans lune.
En ce week-end de fête nationale (le 12 octobre est la fête de l’Hispanité, commémorant la découverte des Amériques par Christophe Colomb), les petites ruelles de Tudela, enveloppées d’une douceur automnale bien agréable, sont vides de monde et d’ambiance.
Tranchant radicalement avec la traditionnelle convivialité des centre-ville espagnols, bondés, vivants et animés, cette quiétude des rues révèle tristement les stigmates qu’a laissé le confinement espagnol.
Enivrés par l’accueil chaleureux de l’Espagne, nous rejoignons difficilement finalement notre hôtel situé en centre-ville de Tudela : L’Hotel Santamaria.
Tôt le lendemain matin, le copieux petit-déjeuner pris, et alors que les dernières brumes d’alcool s’évaporent lentement de nos têtes cotonneuses (et à grands renforts de Doliprane 1000), nous partons enfin en direction des Bardenas Reales.
Nous quittons Tudela en franchissant son très beau pont médiéval de 360 mètres de long, dont les 17 arches enjambent l’Èbre et offre une belle vue sur la ville.
Le fleuve irrigue les plaines aux alentours de Tudela et dans les champs sont cultivés asperges, artichauts, et autres légumes verts qui font le délice des restaurants de la ville.
En bord de route, sont aussi plantées à intervalles réguliers d’immenses éoliennes. Car le vent descendant des Pyrénées et longeant le lit de l’Èbre (un des fleuves les plus important d’Espagne) vient souffler fort et alimente ainsi la ville en électricité.
En cette terre de Navarre, nul doute que Don Quichotte de la Mancha, chevauchant son fier destrier Rossinante, et faisant fi des contestations du loyal Sancho Pansa, eut à cœur de combattre ces géants d’acier albâtres envoyés par quelques sorciers désireux de maitriser la magie de la fée électricité.
A chaque époque sa modernité…
Ainsi donc, le Matin, nous partons :
Faire du VTT dans les Bardenas Reales
Arrivée aux Bardenas Reales : Début des hostilités activités…
Car à peine le pont franchis, la route s’éloignant des rives fertiles de l’Ebre nous mène vers des terres plus arides aux couleurs ocres : nous sommes aux portes du désert.
Et à peine 15 petites minutes après avoir quitté Tudela (en direction d’Arguedas), nous prenons la route du Parc National, pour nous garer quelques kilomètres plus loin, sur le parking du Centre d’Information des Bardenas Reales.
Là, la gueule de bois héritée des petits excès de la veille ne sera que de courte durée… Car juste à côté de la finca, nous attend notre guide qui nous accompagnera durant les 4 prochaines heures : Inaki (prononcez « Ignaki », car il y a normalement un « tilde » sur le « n ») travaille pour la « Compania de las Guias de Bardenas » (le site est en anglais – et en espagnol bien sûr – mais ils ont des guides francophones).
Ignaki (oui, bon, je n’ai pas trouvé comment faire le tilde espagnol sur le clavier français), finissant d’aligner les VTT électriques et nous voyant arriver bruyamment à sa rencontre, nous gratifie d’un joyeux Ola (ou était-ce plutôt un « Ouh là » suspendu et avec comme sous-entendu : « Je sens que ça va être compliqué ce groupe-là » ? J’ai un léger doute) !
Un salut enjoué qui augure une belle journée pour ces femmes et ces « hommes avides de rêve, d’aventure et d’espace ».
Car après un long confinement « qui n’a jamais souhaité voir le Soleil souverain guider ses pas, au cœur du pays Inca de paysages grandioses vers la richesse et l’histoire des Mystérieuses Cités d’or » du Mystérieux désert des Bardenas Reales ? (oui, bon avec tous ces confinements, c’est vrai : je me suis refait l’intégrale des « Cités d’Or »… On régresse comme on peut !)
Les présentations faites, les explications du fonctionnement de l’assistance électrique au pédalage et les règles édictées dans une ambiance de cours de récréation au calme quasi monacal (bon, visiblement « chut » se dit « silencio » en espagnol… Avant de devenir « callate Caroline ! » après 3 “silencio”), nous enfourchons les vélos, à l’assaut d’une des pistes réservées aux vélos.
Nous quittons en effet le bitume confortable de la route et rejoignons un chemin plus accidenté (et donc moins confortable) entre terre sèche, cailloux et trous. Heureusement les pneus des VTT sont bien gonflés et la fourche est montée sur vérin hydro-alcoolique hydraulique, amortissant les secousses dues aux aspérités du terrain.
C’est parti pour un périple de 4 heures dans les paysages mystérieux et quasi lunaires des Bardenas Reales, et plus précisément au coeur de la “Bardena Blanca” !
A noter qu’il est possible de faire des excursions à la journée aussi et il y a même des circuits d’1 heure ou 2 heures… Bref, il y en a pour tous les goûts et nous concernant, nous avons préféré panacher les plaisirs : vélo le matin et randonnée l’après-midi.
Loin des voitures (les pistes pour les vélos sont interdites aux voitures) nous roulons à vive allure, bien aidés par l’assistance électrique des vélos : c’est franchement magique !
En ce début d’automne, Iñaki (ça y est, j’ai trouvé comment on fait le tilde sur le « n » sur le clavier !! youhouuu) nous conduit au cœur de cette région aride, sur des pistes quasi désertes, traversant des rivières réduites à un mince filet d’eau et longeant des rizières brunies par la sécheresse de l’été.
Sous nos roues, la terre asséchée s’effrite en fine poussière.
L’intense chaleur estivale a lézardé le sol argileux en milliers de fissures, à l’image des visages et des mains des paysans à la peau ridée et burinée, travailleurs acharnés des champs alentours.
Et c’est finalement une bonne chose qu’il n’ait pas plu depuis longtemps, car la pluie douche toute possibilité d’excursion au sein des Bardenas Reales, qu’elle soit à pied, à cheval, en voiture ou en vélo.
En effet, l’argile mélangée à la pluie rend le terrain particulièrement glissant et impraticable, voire même dangereux.
Il pleut d’ailleurs assez peu dans les Bardenas, et principalement en hiver ; et il arrive que lorsque de gros orages éclatent, le sol soit enseveli sous 1 à 3 mètres d’eau !
Iñaki (bon alors pour faire un tilde sur le n sur un mac, c’est simple : il faut appuyer simultanément sur la touche « alt » et sur le «n » pour faire apparaître le ~, puis appuyer de nouveau sur la touche « n » pour le couvrir du tilde : ñ… C’est dingue tout ce qu’on apprend sur ce blog !) Ah mince, avec toutes ces explications, j’ai perdu le fil de l’histoire… Ah oui ça y est…
Iñaki, donc, s’arrête régulièrement – et toujours dans des endroits offrant de superbes panoramas – pour nous donner des informations sur les Bardenas Réales.
Ainsi – si arrivé à ce point du récit vous vous demandez ce que sont ces fameuses Bardenas Reales – voici une petite fiche de présentation :
Le nom de Bardenas Reales prend son origine dans la langue basque « abar-dena », qui signifie « abondance de branches ».
C’est un Parc Naturel, doublement classé : d’abord par le Parlement de Navarre (1999), puis en Réserve de la Biosphère de l’UNESCO (2000).
Les Bardenas Reales ne sont pas un désert, mais constituent plutôt une « steppe aride semi-désertique » (Iñaki a bien insisté : ce n’est pas un désert).
Et contrairement à une idée bien établie, Clint Eastwood n’a jamais mis les pieds ici et qu’aucun western spaghetti n’a été tourné dans les Bardenas.
Se faufilant entre les hautes herbes sèches une petite souris avance en hésitant, à l’abris du regard de son prédateur principal : le serpent. Et à juste titre, car à quelques encablures , une vipère sentant les vibrations de la terre asséchée s’immobilise et tire sa langue fourchue frénétiquement afin de repérer sa proie.
Sous la chaleur du soleil qui indique déjà midi, la vipère cherche de quoi se nourrir. Une brise légère fait frissonner les tiges. La petite souris, aveuglée par le soleil, hésite. Puis se met à courir hors de son abris. Le serpent, les sens – et l’appétit – aiguisés, détendant ses anneaux, se jette en direction de sa proie les crocs saillants.
Quand soudain surgit face au vent, le vrai héros de tous les temps, une horde sauvage de VTT électriques bruyants, accompagnés de jets de cailloux et morceaux de terre !
Les yeux happés par la grandeur des paysages, nous n’avons pas eu le temps de voir la scène de chasse, alors que la souris sourit et s’enfuit à la vitesse de l’éclair se terrer à l’abris des herbes, le serpent repartant bredouille ou brecouille, comme on dit dans le Bouchonnois.
– Pfffff, c’est dur à monter cette côte, pourtant je suis bien sur la vitesse sp… Mais… Eh mais PJ, c’est toi a changé mes vitesses pour les mettre en mode Eco ?
– Bah, non, mais pourquoi c’est forcément moi ?
– Je t’ai vu tourner autour de mon VTT quand nous nous sommes arrêtés toute à l’heure…
– Sois contente Caroline, dis-toi que ça te fait les cuisses ! Mais ceci dit, c’est vrai que c’est plus facile de faire l’ascension en mode « Sport »…
– T’es vraiment un pourri !
– Moi aussi je te kiffe ! … Punaise Iñaki, c’est vraiment très beau ce paysage devant nous !
Quel sublime panorama de vallons colorés aux courbes sensuelles ! Y’a pas à dire : « C’est somptueux, j’aime les Panoramas… Celui-ci est magnifique » (oui, je sais : c’est honteusement pompé à OSS 117…)!
Les Bardenas Reales sont un immense parc privé qui s’étend sur 42 hectares.
Les fermiers ont un droit de fermage et d’élevage, en particulier des moutons. Ils s’engagent donc à cultiver du riz, de l’orge et du blé sur des terres particulièrement arides.
Des plantes y poussent naturellement, en particulier du thym, du romarin, des genévriers et des tamaris.
Et en dehors des moutons, d’autres animaux peuplent les Bardenas Reales : dans les petits lacs qui ponctuent les Bardenas (surtout en février), viennent se croiser des cigognes, des canards colverts et autres cormorans. Et sans oublier des vautours, des chevreuils, des sangliers, mais aussi… des vipères et des souris !
C’est incroyable de voir qu’en dépit de conditions extrêmes, au cœur de cette steppe aride semi-désertique, à la fois vaste et complexe, la faune et la flore sont donc étonnamment très variées.
En plein mois d’octobre, nous avons croisé que quelques cyclistes, car étonnamment peu de touristes viennent fouler la terre des Bardenas Reales.
Sincèrement, je ne vais pas m’en plaindre ! Car l’impression d’être isolé, minuscule et insignifiant bipède plongé au cœur de l’immensité d’une nature hostile, n’en est que plus impressionnante.
Grâce au VTT électrique, nous parcourons de nombreux kilomètres et découvrons, au grès des ascensions et des virages, des paysages grandioses avec l’envie de s’arrêter régulièrement pour saturer la mémoire de nos appareils photosimmortaliser les sublimes paysages magiques, aux teintes blanches, ocres et rosâtres.
Un paysage grandiose qui s’offre en tous points généreusement à nos yeux ébahis, où l’imagination s’emballe.
Un paysage torturé par le temps, entre steppe aride, vallons plissés, et montagnes triangulaires colorées, ou encore aux parois verticales.
Un paysage de canyons zébrés de couleurs blanches (par l’argile), orangées, ocres (par le sable), parfois roses ou rouges (traduisant une forte présence de fer), voir vertes grâce à la présence de gypse et de malachite riche en cuivre.
Un paysage de vastes plaines, desquelles se détachent des vallons et des montagnes aux sommets plats et pentes abruptes (de nos jours le point le plus haut des Bardenas Reales culmine à 300 mètres), ainsi que des formations plus originales qui, à l’instar des nuages dans le ciel, rappellent des formes plus ou moins significatives, comme par exemple le Castil de Tierra (château de terre»), dont l’élégante tour érigée telle une cheminée (d’où son surnom plus poétique de « cheminée des fées »), semble être bien fragile face à la vigueur de vent… à tel point que les habitants prévoient inexorablement sa chute d’ici une 30aine d’années.
Avec sa forme particulièrement notable, le Castil de Tierra est le point d’orgue de notre escapade en VTT électrique et le dernier monument naturel que nous verrons (avec la traditionnelle photo du groupe prise devant le monticule) dans les Barenas Reales.
Puisque, quelques tours de roues nous séparent du point d’arrivée qui se situe pile au même endroit que notre point de départ (c’est bien fait quand même), quitté quelques 4 heures – et déraillements (“Encore un qui déraille ? C’est pas possible… J’ai jamais vu un groupe dérailler autant” – Iñaki, guide) – plus tôt : la boucle est bouclée !
Avant de nous séparer, Iñaki nous prodigue quelques derniers bons conseils, comme une belle petite randonnée pour nous occuper l’après-midi.
Mais aussi où aller déjeuner dans les Bardenas et où diner le soir à Tudela !
Ainsi donc à midi, et forts de ses conseils nous déjeunons finalement au Food Truck « La Cabana ».
Bon, en même temps, le choix est très restreint, car il n’y a rien d’autre à proximité (il aurait fallu reprendre les voitures et sortir du désert de la steppe aride semi-désertique).
On y trouve une bonne variété de sandwiches et boissons. C’est bon (sauf le vin rouge…). C’est même « correc’ » (comme disent les québecois). En 4 mots : ça fait le job !
Mais surtout : assis autour de tables de fortunes, nous nous régalons de sandwichs, frites et bières et de bon vin rouge, sous le soleil et face à nous le désert la steppe aride semi-désertique qui nous tend les bras… On se croirait aux portes de la Vallée de la Mort dans le désert de Mojave !
Après ce bon repas et une petite sieste nous reprenons les voitures, et partons en direction des montagnes pour :
Faire une Randonnée dans les Canyons des Bardenas Réales, en direction d’El Rallon
Nous contournons alors la base militaire – impossible à rater aux vues des barbelés et des panneaux – puis roulons durant une bonne demi-heure, en direction de “El Rallon” sur la piste du désert de la steppe aride semi-désertique, entre petits vallons et mini canyons, puis garons la voiture sur une aire de parking, en contre bas des montagnes.
Nous entamons alors notre marche et nous éloignons de la plaine et ses bosquets de romarins, pour entrer dans le canyon aride, entre les montagnes.
A certains endroits le long de la piste des failles ont creusé la terre sèche sur plus de 2 ou 3 mètres de profondeurs, trahissant la rigueur du climat. Car en été, les températures sont très chaudes, contrastant avec des hivers vifs.
Le vent descendant des Pyrénées s’engouffre lui aussi dans le canyon. Et, soulevant la poussière de terre, vient susurrer ses secrets dans le silence des montagnes aux contreforts abrupts.
Dans les douces caresses du vent, des vautours quittent les pics rocheux et volent au-dessus de nos têtes, dans le bleu du ciel.
Si, dans l’espace personne ne vous entend crier (toute référence au film « Alien » n’est pas fortuite), l’avantage quand on se retrouve plongé dans les paysages grandioses des Bardenas Réales, est que l’on est forcé à la déconnexion…
Car dans cette immensité désertique, le réseau téléphonique ne passe pas.
Et à part le bruit du vent qui fait bruisser les hautes herbes, tout est silenc… “Bum Bum ba ye, Bum Bum ba ye, B-b-bum Bum ba ye … Pressure, pushing down on me, Pressing down on you, no man ask for ”…
(oui, bon j’avoue : ma sonnerie de portable est « Under Pressure » de Queen… Avec l’ambiance du confinement, je trouvais ça plutôt drôle ! Enfin, ça l’était jusqu’à ce que mon téléphone se mette à sonner en pleine réunion importante avec mes boss. Depuis, je trouve que le mode vibreur c’est plutôt bien en fait, et surtout nettement plus discret !)
« ALLO P-J ? Tu m’entends ? C’est ta mère…
– Allo, Maman ? (Et moi qui croyais que dans les Bardenas le réseau ne passait pas…)
– Aaaah enfin tu me réponds ! J’étais super inquiète…
– Ah bah, oui, je suis parti passer le week-end en Espagne.
– Ah, tu n’es pas à Bordeaux alors ? Parce que j’ai reçu un message sur mon i-Pad et je ne sais pas ce que je dois répondre; je déteste ces trucs, c’était quand même plus simple avant quand ! Mais bon, après tous les sacrifices qu’on a fait avec ton père, tu n’es jamais là pour aider ta mère…
– Mais non puisque je suis dans le désert des Bardenas Reales en Espagne.
– Ah, mais alors, tu es en Espagne ?
– Oui, je te l’ai dit plus haut !
– Ah, il parait que c’est très beau. J’ai mes amies qui sont allées dans un super hôtel dans le désert. c’est là que tu vas ? Et sinon, puisque tu es en Espagne, tu pour*** me **porter des ciga*** ?
– Allo, ? Je t’entends mal. Je suis dans le désert et ça capt*** pas **in. Je ***…
– …** rapor*** des ** arettes…
– Allo, Allo ? (ah bah si, en fait, on capte. Mal, mais on capte… Donc je re-phrase : dans cette immensité désertique, le réseau téléphonique ne passe pas toujours bien…)
Et après avoir franchis des failles plus ou moins profondes, marché le long de montagnes aux sommets plats comme une table (“mesa” en espagnol) mais aux versants abrupts, et de paysages plus vallonnés et nous nous retrouvons en bord d’une crevasse qui s’ouvre généreusement sur la large plaine.
Face à nous, s’étendent d’un côté “El Rallon”, une des montagnes les plus caractéristiques des Bardenas Reales (avec la Piskerra et El Castil de Tierra), et de l’autre des champs cultivés ponctués de quelques massifs rocheux aux formes plus ou moins étonnantes, planes donc, vallonées, ou encore : une pyramide !
Du haut des promontoires rocheux, face à la vallée et aux canyons, nous avons l’impression de nous retrouver plongés au cœur de Monument Valley, loin de l’Europe mais quelque part entre l’Arizona et l’Utah.
Dans la lueur du soleil déclinant à l’horizon et avec la légère brise qui vient soulever des volutes de poussière de terre, nous nous attendons d’ailleurs à croiser Terence Hill et Bud Spencer occupés à distribuer outrageusement des baffes à leurs adversaires.
Et alors que le regard porte loin dans la plaine, un mirage semble se détacher des reflets ondulants du soleil, faisant apparaitre les silhouettes de cow-boys échappés d’« Il était une fois dans l’Ouest » qui avanceraient au son lancinant de l’harmonica.
En fait, point de cheval, mais plutôt des voitures qui quittent la piste pour rentrer en ville.
Car, ce qui n’est pas un mirage en revanche, c’est que l’heure tourne et qu’il nous faut retourner aux voitures afin de quitter le canyon avant l’arrivée de la nuit. En effet, l’accès est réglementé et autorisé de 8h00 du matin à 1 heure avant la tombée de la nuit.
Nous ne monterons pas au sommet d’El Rallon, mais rebroussons chemin.
Et après 7 kms foulés en 2 belles heures, à marcher dans la douce lumière du soleil couchant, nous finissons par revenir à notre point de départ.
Sous nos pieds, la terre jadis blanchâtre durant la journée, prend alors des teintes orangées douces comme le miel.
Et alors qu’une légère brise venue de la montagne vient caresser les hautes herbes de la steppe qui se mettent alors à danser face au ciel rougissant de voir le soleil se coucher. De ces herbes qui ondulent au grès du vent, insectes et poussières de terre décollent en spirale avec les derniers rayons du soleil transperçant les nuages, bientôt rejoints par des myriades de d’oiseaux qui s’envolent des champs vers un ciel embrasé de mille feux.
Accompagnés par le vent sec qui descend des montagnes – le Cierzo, les nuages viennent progressivement draper le ciel étoilé, laissant présager un changement de temps pour le lendemain.
Puis, de retour à Tudela, une fois les douches prises, nous partons nous régaler d’un sublime diner au restaurant « Meson Julian », restaurant conseillé par Iñaki (dingue comme je maîtrise le tilde sur le clavier ! non, madame, non monsieur : je n’ai pas fait un bête copier-coller) : délicieux et surprenants !
Autant dire que ce dîner vient superbement ponctuer une très belle journée !
… Une très belle journée, dont voici un petit résumé en vidéo :
Le lendemain, le temps ayant radicalement changé, nous décidons finalement de prendre le chemin du retour, en faisant plusieurs haltes :
- D’abord à Olite, un très beau village médiéval, qui marque aussi la limite du climat océanique et le commencement du climat méditerranéen.
- Puis au Monastère de Oliva.
- Et enfin à Pampelune pour se balader dans les rues désertes de la ville et déjeuner au café Iruña, au décorum plein de cachet et où l’auteur du Vieil Homme et la Mer avait sa table régulière. L’endroit est très beau, malheureusement le service et la qualité du repas ne sont pas à l’image de l’établissement… Et c’est dommage car on imagine presque que l’âme d’Ernest Hemingway viennent encore profiter des lieux !
Ah oui, nous avons fait aussi un dernier arrêt dans la jolie ville frontière de Béhobie à pour y acheter quelques souvenirs, et en particulier de l’alcool, des cigarettes la charcuterie espagnole, entre autres denrées de première nécessité…
Denrées de première nécessité qui allaient rapidement prendre un goût un peu particulier… Car après ce superbe week-end isolé dans les paysages désertiques de steppe aride semi-désertique envoutants des Bardenas Reales, comme pris dans une parenthèse hors du temps, du monde, du virus, et de la folie ambiante, quelle ne fut pas notre surprise d’apprendre que 2 jours plus tard, l’Espagne reconfinait… Et que, alors que nous n’allions pas tarder à lui emboiter le pas, pour une 2èmefois !
Le goût d’une liberté de nouveau perdue et d’une nouvelle vie d’ermite pour plusieurs semaines. Mais un goût qui conservera tout de même des saveurs riches de désirs d’aventures et de poursuite de découverte du monde car...
« à courir le monde que gagne-t-on ? On y gagne le bon sens, et le sentiment de sa liberté, que l’ermite est toujours en train de perdre dans sa cellule» – Henri-Frédéric Amiel (Journal Intime ; Septembre 1878)
Pour aller plus loin et :
– Avoir des conseils utiles et des informations pour préparer votre séjour dans le Parc Naturel des Bardenas Reales, voici le lien : Information et Conseils Utiles pour Visiter les Bardenas Reales.
– découvrir d’autres randonnées, en France et ailleurs dans le monde (Indonésie, Tahiti, Chine…), suivez les cairns : https://www.mescarnetsdumonde.com/carnets-de-randonnee/