Rangiroa ou la « dure » vie aux Tuamotus !
Ia Orana ami lecteur !
Se Rendre à Rangiroa
Depuis l’avion, la vue est belle… bon, d’accord, il faut aimer les dégradés de bleu ! Mais ces petits atolls parsemés au milieu du plus grand océan du monde sont quand même esthétiques, non?
Rangiroa, le plus grand atoll (non, pas les opticiens !) de l’archipel des Tuamotus, est situé à un peu plus de 300 kms au nord-est de Tahiti.
Il mesure 80 km de long sur 32 km de large et la profondeur maximale du lagon n’est que de 35m (en revanche, du côté océan, juste après le plateau, la profondeur devient abyssale) !
Se sont un peu plus de 400 îles, séparées par des petits chenaux de faible profondeur, qui forment l’anneau corallien de Rangiroa (d’une longueur de 200 km), dont seulement deux sont habitées.
La largeur des îles ne dépasse pas les 500 m. Certaines peuvent avoir des formes assez originales :
Les deux principaux villages, qui regroupent la majorité des 2000 habitants, sont Tiputa et Avatoru. Ils sont situés sur 2 îlots, au nord de l’atoll : Avatoru (le plus long : 12,5 km, pour une largeur de 500 m) et Tiputa (plus petit : 4 km de long sur 300 m de large).
Comme vous l’avez remarqué, les villages ont les mêmes noms que les îlots… c’est quand même bien fait la vie en Polynésie !
Pour l’anecdote : sur un des îlots, on y cultive même de la vigne, dont les vendanges ont lieu deux fois par an. Tout a été créé pour l’occasion : ajout de terre, de fertilisants… afin que les ceps de vigne s’épanouissent sous le soleil et les alizés.
Enfin, les deux plus grandes (larges et profondes) passes sont celles de Tiputa et Avatoru (en fait ce sont les passes de Hutuaara à l’entrée du village d’Avatoru et de Hiria à l’entrée du village de Tiputa), où on pratique des plongées dérivantes, à la faveur du courant entrant depuis l’océan vers le lagon : c’est magique et grisant!
Mais Qu’est-ce qu’un Atoll, comparé à une île ?
Ce n’est ni plus ni moins que l’évolution de celle-ci…
Je m’explique : toutes les îles de Polynésie sont nées d’irruptions volcaniques océaniques qui ont percé la surface de l’océan. Le volcan endormi, celui-ci a formé une île haute où la nature se développe alors au grès du vent, de la pluie et de l’érosion marine.
Le déplacement de la plaque tectonique sur laquelle est posée l’île fait que celle-ci s’enfonce inexorablement dans l’océan (c’est ce que les géologues appellent la subsidence) au à la vitesse « vertigineuse de 1cm par an. Un récif frangeant, constitué de corail se développe en même temps juste en bordure de l’île, favorisé par la richesse, la douceur et la qualité de l’eau claire.
Le temps passant, l’île continue donc à s’enfoncer alors que le corail continue sa croissance pour donner alors une île entourée d’un lagon qui est encerclé par un récif barrière.
Puis le sommet de l’île est totalement englouti sous les eaux. Il est alors recouvert les coraux et seul subsiste émergé l’anneau corallien qui forme ainsi un… atoll !
Arrivée à Rangiroa
L’atterrissage est assez étonnant : en effet, compte tenu de la largeur de l’île, on a plutôt l’impression d’amerrir !
Nous découvrons l’aéroport « international » de Rangiroa, où, une fois descendus de l’avion par la petite passerelle arrière, nous attendons nos bagages qui seront livrés sur chariots tirés par des tracteurs !
La vie sur l’atoll est calme, très calme…
Une seule route, longue de 12 kms, relie les deux passes. Ici aucun de feu de circulation, ni d’embouteillage !
Elle longe les pensions, les petits restos (comme le Kai Kai, on on peut manger du très bon poisson cru à la tahitienne), les hôtels et l’aéroport !
Nous logeons à la pension Tuanaké (MAJ 2016 : La pension Tuanaké a malheureusement fermé les portes de ses farés…), ensemble très sympa de petits farés en bois (propres et très bien tenus) juste sous les cocotiers et les péletuviers, au bord du lagon.
Le propriétaire nous y accueille avec un collier de fleurs : Ça sent bon les vacances !
Ici le rythme est assez difficile… lever vers 5h30-6h (ça dépend de l’heure à laquelle les coqs, poulets ou autres poules ont commencé à chanter!).
Puis nous prenons le petit déjeuner en général face au lagon, avec en fond sonore de la musique tahitienne.
Que Faire à Rangiroa ? De la Plongée bien sûr !
Nous sommes à la « Mecque des plongeurs« , comme aime nous le rappeler Raphaël Peyras, notre responsable de palanqué, autant animateur que guide : « Ici, si vous avez votre niveau, vous ne venez pas pour aller au lagon bleu ou aux sables roses » (bon, tant pis, il parait que c’est beau quand même)…
C’est ainsi que le Raie Manta Club (www.raiemantaclub.com) vient nous chercher à la pension pour aller plonger ; à propos des plongées on a un peu explosé le budget plongée : au lieu de 3 prévues, on en a fait 6 !
Il faut dire qu’en plus de la qualité des plongées, s’ajoutent les arguments de Raphaël, comme par exemple : « Bon, les gars, vous revenez plonger, non? Allez, oh, vous êtes à Rangiroa quand même! Vous n’imaginez pas le nombre de plongeurs qui rêvent de venir ici; vous, vous y êtes ! Et puis c’est comme quand on est à moto, à fond et il y a ce put*** de virage qu’on avait pas vu; on s’en approche très rapidement et on est pas sûr que ça passe, alors on se dit, putain j’aurais pas dû le prendre si vite ce virage… alors, on relève fortement le rectum et ça passe ! Les gars, faut relever le rectum ! ».
Avec des arguments comme ça et surtout avec l’éclat de rire qui s’en suit quand il vous sort ce genre de tirade (là, j’avoue, je le regarde avec des yeux ronds, incrédules, et mort de rire…), alors oui, on a doublé le nombre de plongées…
En plus, Raphaël est du genre exigeant et pointilleux. En plongée, plus c’est long, plus c’est bon (oui, pas qu’en plongée d’ailleurs)! Ainsi, à chaque débriefing, il me donne des conseils pour moins consommer (plus se détendre, moins palmer, faire des gestes lents…). Si le ton n’est pas des plus amical (ça l’énervait que je consomme trop…), leur mise en pratique me permet ainsi de plonger jusqu’à 50m, pendant 70 minutes !
Plongée dans la passe d’Avatoru :
A la passe d’Avatoru un ballet de requins pointe noire évolue autour et au dessus de nous, jusqu’à ce qu’un requin citron, plus rapide ne s’empare du trophée.
Le trophée? non pas un plongeur blessé, mais une tête de thon savamment (ou rapidement) planquée sous une patate de corail, afin de les faire remonter du fond (il parait que c’est juste de la stimulation pas du feeding)!
La plongée se prolonge par l’entrée dans la passe et l’évolution au milieu de bancs de carangues, dont les reflets argentés font iriser les rayons du soleil. Quand les carangues sont jeunes, elles nagent groupées aux formes géométriques variables, afin d’impressionner le prédateur.
En vieillissant, les carangues sont plus grosses, avec une grosse crête sur le dessus (on les appelle alors carangues « échevelées ») et abandonnent le groupe, pour n’évoluer que par deux ou trois.
Un des petit plaisir du plongeur est de rentrer au milieu du banc, le groupe formant alors un cylindre argenté autour de l’intrus.
Plongée dans la passe de Tiputa :
A la passe de Tiputa, c’est une nouvelle dimension qui prend forme : après avoir traversé la passe, accompagnés de dauphins qui sautaient dans les vagues, le bateau nous lâche du côté de l’océan, sur le plateau.
La descente dans le grand bleu est vertigineuse ! Nous sommes accueillis par les dauphins (décidément, on les voit partout !), dont les plus joueurs se laissent caresser le ventre par les plongeurs (avec des gants).
Puis elle se prolonge par un rendez-vous magique. Je crois que c’est l’un des instants les plus intenses en émotion. Pas seulement parce que je suis à 45 mètres et que je suis super content, super détendu, un peu anesthésié et euphorique (comme après 3 verres de Ti-punchs bus d’un trait, sous le soleil, exactement !)… Bref un peu narcosé (hey, mais c’est ma première narcose !!! Champagne !).
En fait, tout est bleu. Soudain une masse noire se dessine et évolue majestueusement vers vous, les ailes déployées, la bouche à peine entrouverte, souriante: « Ladies and gentlemen, please welcome miss… Raie Manta » !
Tout est harmonieux dans le déplacement de la raie manta : on a l’impression de voir un ange voler.
Elle se rapproche de vous et finalement, alors que vous tendez votre main pour la toucher, passe son chemin paisiblement, d’un mouvement d’aile lent et ample (un peu comme une danseuse de flamenco fait voler sa robe… mais sans le maquillage!), comme pour dire : « la prochaine fois peut être… »
Les raies manta sont de la même famille que les requins et sont généralement accompagnées de poissons-pilotes qui nagent exactement sous elles : les rémoras.
Les plus grosses peuvent dépasser les 8 mètres d’envergure et peser plus de 3 tonnes!
Elle est surnommée « diable des mers », à cause de ses 2 cornes situées de chaque côté de sa bouche, qui lui servent à canaliser le plancton.
Puis le regard s’évade vers le fond du plateau.
Le sol est grouillant : des centaines (des milliers, des millions??? oui, la narcose continue à faire effet) de requins se croisent et s’entrecroisent, imperturbables.
Le courant nous aspire alors vers le lagon, nous écartons les bras pour nous stabiliser et nous derivons à grande vitesse, croisant tortues, requins, slalomant entre les canyons de la passe, pour terminer notre vol (l’impression de voler est fantastique), ou plutôt notre dérive, sur des petites patates de corail riches en poissons multicolores.
Afin d’avoir une idée plus « concrète » de ce que sont les plongées à Rangiroa voici quelques vidéos sympas trouvées sur Youtube :
… Magique, non ?
Plongée « sunset » à Tiputa : la reproduction des poissons-chirurgiens
Enfin, à Tiputa, nous avons aussi effectué des plongées dites « sunset« … le coucher du soleil est le moment propice pour observer la reproduction des poissons-chirurgiens (selon les cycles lunaires) : on assiste alors à un véritable ballet, où alternent vagues de mâle et femelles qui viennent lâcher fugitivement la semence en se rapprochant de la surface, la fécondation se faisant en pleine eau. Ce n’est donc pas le bon moment pour boire la tasse !
Les oeufs fécondés sont portés par le courant, au large (où ils sont moins exposés aux prédateurs) où se développera la larve, avant de revenir vivre aux abords .
Sur les millions d’oeufs fécondés à ce moment précis, 1 seul arrivera à maturité et reviendra vivre sur le récif !
Le nom de « chirugien » vient de la présence, au niveau de sa nageoire caudale, de plusieurs épines disposées en scalpel et qui sont extrêment coupantes (comme un scalpel de chirurgien !) et non pas du fait que ce poisson se prend pour un Dieu.
Fin de Journée à Rangiroa
La vie ici est donc plutôt douce. Et c’est au moment où le soleil vient caresser l’horizon et que le ciel s’embrase, que les raies léopard viennent barboter au bord de la plage de la pension : le bruit attire les pensionnaires curieux et amusés !
Le soir, de retour des plongées, nous nous retrouvons tous (pas que des couples en voyages de noce… bon, c’est vrai, ils sont la majorité !) à table pour partager le dîner : rencontres plus ou moins éphémères (heureusement, pas toutes… merci le mail!) et échanges de points de vues, autour du barbecue tahitien, chacun y allant de ses conseils, de son ressenti et de son vécu, le tout accompagné de poisson fraîchement pêché et cuisiné… à la tahitienne bien sûr !
Ainsi s’écoule mon séjour à Rangiroa… 4 jours trop courts, sur « une île, entre le ciel et l’eau », mais 4 jours de bonheurs intenses et de plaisirs partagés avec de belles rencontres… c’est bien là l’essentiel !
Puis le propriétaire de la pension nous conduit à l’aéroport et avant de nous quitter, nous remet un collier de coquillages.
Nous attendons l’avion qui doit nous ramener à Tahiti, puis prendre un transfert pour Moorea… mais ça, ce sera l’objet d’un autre article…
(P.S : Merci Anne, pour les photos de la manta, du requin et du poisson clown !)
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