Beijing et le Pékin moyen…
Nihao Ami Lecteur,
Après la découverte de Shanghaï et de ses environs, j’ai pris direction la capitale de la République populaire de Chine : Beijing (mieux connue sous le nom de Pékin), où me rejoint un ami (William pour ne pas le nommer… Merci Gé !) afin de passer quelques jours de vacances ensemble.
(rappel du voyage : Shanghai et ses environs – Les Montagnes Jaunes – l’Exposition universelle – Pékin – La Grande Muraille de Chine – Hong Kong – Yangshuo)
Le climat contrastant avec l’humidité régnante à Shanghaï, c’est donc un beau et généreux (tout du moins, au début…) soleil qui m’attendait (enfin !) : aux 36 degrés assez secs de la journée, et finalement assez agréables, s’accompagne un vent tout aussi chaud, charriant avec lui sable fin et poussière en provenance du nord est (parfois ce sont de vraies tempêtes de sable qui s’abattent sur la capitale et c’est d’un coup moins agréable…).
Vous vous demandez Quoi visiter à Pékin ? Alors, cet article est fait pour vous…
Promenade dans les Hutongs de Pékin
Autre grande ville, mais autre style, Pékin apparait d’emblée plus sage que sa grande rivale Shanghai. Si le centre est organisé en petites ruelles bordées de maisons et de magasins, la proche périphérie en revanche a vu un développement urbain massif se développer ces dernières années.
Bien que très (mais alors très, très, très) étendue (en effet : pas moins de 6 périphériques routiers concentriques enserrent la ville, dont le dernier ne fait pas moins que 130 kms…) et très peuplée (à peine 17 millions d’habitants, auxquelles s’ajoutent 12 millions de touristes chinois chaque année… Je commence à croire qu’en Chine, l’unité de base est le million, surtout concernant la population !), ici la vie est plutôt douce (surtout au printemps…) avec un centre historique magnifiquement conservé, voir bien restauré.
La découverte du quartier dans lequel je loge se fait d’abord façon « bo-bo », c’est à dire à vélo (après d’âpres négociations, aux sorties desquelles nous savons pertinemment que nous les avons payés trop cher !). Il faut dire que ce quartier, situé non loin de la cité interdite et surtout près de grands lacs s’y prête agréablement, avec de belles promenades ombragées.
En ville, les voitures ont progressivement remplacés les traditionnels vélos, ce qui fait que la circulation est parfois (souvent ?) un bon gros bordel bazar !
Les règles de conduites sont globalement bien respectées, surtout si elles incluent de rouler à contresens, à 2 ou 3 sur un scooter, sans casques ou sans ceinture de sécurité (dans les voitures …)… le tout est de klaxonner régulièrement pour marquer sa présence.
Le quartier est principalement formé de petites maisons de briques grises aux toits en forme d’accent circonflexe, et organisées autour de petites ruelles : les « hutongs ».
Sur les murs à l’entrée du quartier, différentes informations et autre règlements à destination des résidents sont affichés (en chinois bien sûr). Jadis quartiers populaires, ils le sont de moins en moins et certains ont d’ailleurs été détruits par des promoteurs sans scrupules (un classique dans le bâtiment…), mais le gouvernement ayant pris en compte leur intérêt, surtout touristique, investit massivement pour leur réhabilitation.
Et comme ces maisons sont plutôt petites, utilisées principalement pour loger la famille entière, et y entasser la lessive (faite dans la cours du hutong), les repas se prennent donc dehors, à la vue de tous et le plus souvent partagés.
C’est peut être aussi une des raisons pour lesquelles les gens sont autant dehors, offrant aux étrangers des scènes de vies étonnantes et uniques.
A propos de scènes de vies, en 2009 les statistiques indiquaient que :
– 30% des chinois n’ont pas de toilettes personnelles.
– 50% n’a pas accès au papier.
C’est pourquoi les toilettes publiques restent la norme en Chine et que Pékin est parsemée de 7000 (!) de toilettes publiques, principalement situées dans les Hutongs.
Et si pour le touriste non averti, cela donne une impression de propreté générale, le fait de passer les portes des toilettes publiques permet de rentrer dans une nouvelle dimension !
Car si elles sont formées de 4 murs en béton, d’un toit et que les hommes sont bien séparés des femmes, elles n’en demeurent pas moins particulières, car collectives ! Donc à l’intérieur l’intimité est plutôt réduite (parfois pas de cloison de séparation), l’odeur à l’intérieur est assez forte, puisque « tout » est mélangé le long d’une tranchée ou dans de simples trous dans le sol (rincés par un mince filet d’eau), donc à l’hygiène toute relative…
La promiscuité réduit donc l’intimité !
D’ailleurs le lieu est très convivial, puisque, en plus d’y faire son petit business, on peut discuter avec son voisin, tout en fumant 1 cigarette…
Mon conseil : à voir, mais surtout à n’utiliser donc qu’en cas de grande urgence !
Cependant, le gouvernement a investi beaucoup d’argent depuis 10 ans pour les installations des toilettes publiques, améliorer leur confort (heuuu, y’a encore du boulot !) et leur entretien.
Il existe d’ailleurs un guide des toilettes qui établit un classement, à l’instar des hôtels : de 1 à 5 étoiles.
Pour établir ce classement, 58 critères ont été définis tels que la présence de musique, de panneaux en langue étrangère, climatisation, télé… Et donc plus les toilettes répondent aux critères, plus haute est la note, ainsi que l’étoile qui l’accompagne ! C’est dingue…
Historiquement (oui, il y a une raison historique !), elles ont été développées suite à l’arrivée au pouvoir du Parti Communiste en 1949. En effet, afin d’interdire aux chinois de se rassembler, le parti à fait fermer les cafés, les bars, les restaurants… Le droit d’association a été donc banni ; les toilettes (utiles quoiqu’en dise le parti…) sont donc devenues un véritable lieu de rassemblement.
De nos jours, elles traduisent aussi une réussite sociale.
Ainsi dans la classe supérieure chinoise une belle grosse voiture est garée devant une belle grosse maison, laquelle est équipée de toilettes de luxe (la maison, pas la voiture…) esthétiques et décoratives (Audi fait même des toilettes, pour maison, toujours pas pour voiture…) ou encore technologiques (avec siège chauffant diffuseur d’odeur, jet d’eau ou d’air chaud…).
Il faut toujours montrer sa réussite en Chine : ainsi, on oublie le simple côté fonctionnel de l’objet, pour ne garder que le côté « bling-bling ».
Visite d’une maison traditionnelle à Pékin
Et au détour d’une petite ruelle il est même possible de visiter, moyennant une modique participation financière, des maisons pékinoises traditionnelles : les Siheyuan.
Construites à partir du 13ème siècle (dynastie Yuan), on y accède après avoir franchi en général 2 portes. Elles sont organisées autour d’une cour carré dans laquelle est plantée un arbre fruitier (le plus souvent un jujubier) et selon des règles Fengshui.
Elles traduisent aussi des règles sociales bien définies au travers de la hauteur des bâtiments, de l’orientation (selon les 4 points cardinaux), ou encore de l’affectation de telle ou telle pièce (chambres, salle à manger, cuisine, temple des ancêtres…).
Ainsi les chambres de chacun sont définies pour chacun, selon la position dans la famille : les parents avaient la chambre à l’ouest, les grands-parents celle à l’est, celle des filles était la plus éloignée de l’entrée – pour être protégées ou surveillées -, quand aux toilettes, elles étaient construites vers le sud ouest de la maison. En effet, le sud ouest était aussi la partie censée être habitée par les fantômes… du coup, vu que les toilettes ne sont pas la à proprement (!) parler la pièce la plus propre de la maison, cette disposition était donc censée les faire fuir…
Visite de la Cité Interdite à Pékin
Sinon, Pékin, c’est aussi l’occasion de visiter quelques sites classés au patrimoine de l’UNESCO, dont la fameuse Cité Interdite (ou plus précisément « Cité Pourpre Interdite », pourpre, car il y a du rouge – couleur impériale – partout sur les murs, les poutres… Partout, sauf les toits qui sont oranges…), située face à la tristement célèbre place Tian’anmen (« tristement », dû au mausolée de Mao construit sur cette place aux répressions des manifestations en 1989, ayant fait plusieurs centaines de mort). C’était le siège du pouvoir suprême pendant près de 5 siècles (jusqu’à la révolution de 1911).
Construite à partir de 1407, les travaux réalisés par quelques 200 000 esclaves ouvriers durèrent – seulement – 14 ans. Il faut dire que le palais, situé en plein cœur de la ville est impressionnant par ses dimensions : il a la forme d’un grand rectangle qui s’étend sur 72 hectares. Entourée de fossés protecteurs (et remplis d’eau) que surplombe une muraille de 10 mètres de hauteur, la Cité Interdite renferme ainsi les différents palais (séparés par 3 esplanades), la résidence de l’empereur et de sa famille, ses serviteurs le tout avec de beaux jardins et même une petite rivière qui s’écoule sereinement.
La légende dit qu’il y aurait 9999 pièces (et non 10 000, car ce nombre est réservé aux divinités).
Toujours bâti selon des règles fengshui bien précises (que je ne détaillerais pas ici… non pas que je n’ai pas le temps, mais parce que je ne les connais pas), on trouve du sud (l’entrée principale) au nord les différents bâtiments administratifs – pour les fonctionnaires et les militaires – et officiels, donc pour les réceptions et avec des noms pour le moins grandiloquents tels que : “palais de l’harmonie suprême” (la plus grande construction en bois de toute la Chine), “palais de l’harmonie préservée”…
De plus, le 9 représente le chiffre le plus puissant du Yang (comme Yin&Yang…), symbole du masculin, du soleil, donc de la clarté et de la chaleur, du positif aussi (donc par opposition, le Yin, est féminin, c’est la lune, le négatif, le froid… Non non, le monde chinois n’est pas du tout macho !). Du coup, on retrouve le 9 un peu partout : il y a 9 grandes portes pour accéder au site, sur lesquelles il y a 9 rangées de 9 clous dorés… Ou encore des escaliers sculptés de 9 dragons (sur un bloc de pierre de 200 tonnes).
Enfin, d’après le guide, parce que je n’ai pas tout compté…
On y accède donc par la place Tian’anmen, en passant la « porte de la paix céleste » (laquelle possède un balcon, du haut duquel Mao a « proclamé la République Populaire de Chine, le 1er octobre 1949 »).
Puis, du premier palais, les marches prolongées d’une grande esplanade, conduisent à un deuxième ensemble : la résidence de l’empereur de sa famille et des serviteurs (les eunuques et concubines), le tout selon une très belle symétrie.
Enfin, tout au fond se situent les jardins paysagés (et splendides d’ailleurs), pour l’Empereur et sa famille.
Selon son statut social, on ne pouvait accéder qu’à certaines parties précises du palais, sous peine d’être, non pas rejeté comme un malpropre, mais plutôt décapité, accusé de vouloir assassiner l’empereur. D’ailleurs, à cette époque, si on n’était pas au service de l’empereur (eunuque ou administratifs), on ne pouvait pas s’approcher de la cité interdite ni même de la regarder (pas très pratique pour les taxis, livraisons à domiciles…) !
On passe d’un bâtiment à l’autre, en montant et descendant une série d’escaliers, bordés de rampes en forme de nuages (c’est très poétique…) et en traversant de larges esplanades en pierre (et sans ombre, un régal en plein été…), juste parsemées d’énormes statues en bronze ou en pierre.
Lors de ce gigantesque chantier, la terre enlevée a permis d’ériger une énorme colline située au nord du site (le parc Jingshang).
Aujourd’hui, il renferme le plus grand musée de Chine (le Musée du Palais), qui expose plus d’1 million d’œuvres (heureusement non détruites lors de la révolution culturelle en 1965, le premier Ministre de l’époque, Zhou Enlai ayant fait fermer et protéger le palais…).
Bien sûr, c’est noir jaune de monde et prendre une photo d’un monument sans personne sur le cliché relève de l’exploit !
Le palais est superbement entretenu, apparemment régulièrement repeint (vu comme c’est rouge et propre) et carrément reconstruit par endroit (on a toujours l’impression que les chinois veulent se réapproprier leur patrimoine historique et si le lieu est important, les vieilles pierres le sont moins car remplacées par du béton-peint-imitant-la-structure, comme dans beaucoup de sites historiques).
A proximité de Pékin : visite des Tombeaux Ming
Un peu plus loin, dans la banlieue de Pékin, un autre site du patrimoine mondial s’étend sur une vaste vallée : les tombeaux Ming, dans lesquels 13 empereurs Ming sont enterrés (donc à partir du 14ème siècle).
Chaque tombeau est construit dans des jardins très arborés et fleuris, selon les mêmes principes de géomancie que la cité interdite, avec une véritable harmonie entre les constructions et l’environnement.
Ainsi, la vallée est entourée de montagnes au nord, là où sont construits les tombeaux, alors que la partie sud est plus basse. L’est et l’ouest entourent le site par des chaines de collines. Le chemin qui y conduit est surnommé « le chemin des esprits ».
Pour l’anecdote, le site à l’est contient 15 mausolées renfermant 161 corps (l’empereur, sa femme et le petit prince… oups, désolé… donc on y trouve entre autre : l’empereur, l’impératrice, les concubines et les princesses).
Visite du Palais d’Eté
Toujours dans les environs, « le Palais d’été », une “modeste” demeure estivale des empereurs occupée a partir du milieu du 18e siècle.
En réalité, le palais existait depuis le 12è siècle et l’empereur Qianlong le fit aménager pour sa mère et pour se mettre au frais (il faut dire qu’il fait très chaud à Pékin en juillet-aout). Situé au bord d’un beau lac, entouré de vertes collines et parsemées de pagodes : C’est très beau !
Le lac Kunming est traversé par le pont aux 17 arches et donne accès ainsi à un rocher sur le lac, rocher sur lequel est construit un temple.
Le site s’étend sur 290 hectares, sur lesquels on trouve quelques 3000 bâtiments (les différentes demeures, temples…), dont le « Palais de la Bienveillance et de la Longévité » ou encore « le bateau de marbre » (autant dire qu’il ne flotte pas…) construit sur les rives du lac, 420 000 arbres, ainsi qu’une longue galerie couvertes de 700 mètres de long et décorée de superbes peintures qui représentent différents paysages de Chine…
Et pour la petite anecdote : le palais a été une des premières habitations à être reliée par le téléphone (en lien direct avec la Cité Interdite).
D’aucun disait que Pékin est une ville calme le soir…
Or dans notre quartier, assez fréquenté par les touristes, les bars et les restaurants se succèdent au bord du lac où règne une ambiance festive. Et pour attirer le promeneur qui déambule nonchalamment à la faveur d’une douce soirée de printemps, chaque restaurant rivalise de rabatteurs, néons multicolores ou encore de petits groupes locaux qui chantent de la pop chinoise (et honnêtement plutôt pas mal). Et d’ailleurs, les rabatteurs travaillent aussi pour d’autres types établissements, où ce n’est pas qu’un plat ou une boisson qui sont servis, mais ils ont un accompagnement “original”, puisqu’une fois attablé, d’autres rabatteurs nous proposent de passer le repas avec une put* non, disons plutôt une prostituée accompagnatrice (voire deux, ou trois, selon l’humeur du visiteur et surtout l’épaisseur de son porte-monnaie)…
Enfin certains restaurants proposent aussi des terrasses sur le toit, idéales pour s’extraire du chahut nocturne, permettant ainsi de profiter non seulement d’une vue sympathique sur les lumières qui se reflètent dans les eaux sombres du lac, mais aussi de se désaltérer de Tsing Tao (la bière chinoise) et de se régaler de spécialités chinoises, dont le fameux Canard Laqué (des morceaux de canard grillé, que l’on roule dans une sorte de crêpe et dans laquelle on ajoute divers assortiments et que l’on trempe, une fois roulée, dans une sauce foncée ! C’est très bon…
Beijing aussi est l’occasion d’avoir un massage traditionnel chinois dit « thérapeutique ». C’est surtout hyper douloureux (j’ai failli tout avouer sous la torture… enfin, tout je ne sais pas quoi, mais j’aurais pu inventer n’importe quoi pour qu’ils arrêtent !), mais au moins j’ai plus du tout mal au dos !
Oui je n’ai plus mal au dos… Par contre, j’ai mal partout ailleurs !
Sinon, les Pékinois sont aussi accueillants que les shanghaiens, en tous cas, ils adorent prendre des photos des occidentaux, soit en leur demandant, soit à leur insu…
Quant aux tenues vestimentaires des Chinois, elles sont parfois pour le moins assez folkloriques : si les tenues de soirées sont quand même nettement moins outrageuses que celles des anglaises, en journée en revanche il n’est pas rare de croiser un chinois en pyjama, des femmes avec des bigoudis dans les cheveux, ou alors quand il fait trop chaud, le t-shirt relevé jusque sous les aisselles, laissant apparaitre un beau ventre (le plus souvent arrondi comme une colline sacrée) : la grande classe le Chinois !
Quand aux bébés, les couches n’étant pas totalement démocratisées, ils ont en général une fente dans l’entre jambe de leur pantalons, et se promènent donc les fesses à l’air (ben oui, c’est quand même plus pratique pour… oui, enfin bon vous avez compris, je ne vais pas faire un dessin !).
Et comble de la « branchitude », les jeunes aiment aussi porter des lunettes, mais avec une petite originalité : les lunettes ne sont équipées que de monture, pas de verres correcteurs ! Original…
Mais un autre monument historique impressionnant, situé dans les environs de Pékin, reste à découvrir : La Grande Muraille de Chine.
Mais ce sera l’occasion d’un prochain billet…
Le 22 mai 2010