Randonnée autour du Vignemale : une boucle originale de 5 jours entre la France et l’Espagne – les Pyrénées Grandeur Nature !
Le parc National des Pyrénées offre de très belles opportunités de séjour de randonnée en itinérance, de refuge en refuge. Voici le récit et les photos d’une magnifique randonnée itinérante de 5 jours dans les Pyrénées, que j’ai effectuée en juin 2025 au départ du Pont d’Espagne à Cauterets au cœur du Parc National des Pyrénées, entre passage de cols entre la France, l’Espagne, des cascades, des lacs, des marmottes, des aigles, des bouquetins, des isards et, en apothéose, une vue sublime sur le Vignemale !
Jour 1 > Randonnée itinérante dans les Pyrénées : La vallée du Marcadau depuis le Pont d’Espagne à Cauterets, vers le Refuge de Wallon-Marcadau.
En ce lundi ensoleillé de 23 juin 2025, je charge ma voiture de mon sac, mes bâtons et chaussures de randonnée et passe chercher mon ami Parcival (Prénom changé pour conserver l’anonymat) et partons en direction de Cauterets.
Arrivés quelques 3h30 plus tard, nous garons la voiture sur le parking du Pont d’Espagne à quelques 1500 m d’altitude.
Parcival, c’est un ami avec qui j’étais parti faire la traversée des glaciers de la Vanoise l’année précédente.
Fan de randonnée et encore plus d’escalade – et d’ambiance alpine (pas la voiture…) – il nous a concocté un petit programme de 5 jours de randonnée itinérante dans les Pyrénées depuis le Pont d’Espagne, entre la vallée du Marcadau et la vallée de Gaube, en passant par l’Espagne et le Vignemale :
> Jour 1 : Pont d’Espagne -> Refuge de Wallon-Marcadau.
> Jour 2 : Refuge de Wallon-Marcadau -> Refuge de Respomuso
> Jour 3 : Refuge de Respomuso -> Refuge de Bachimaña
> Jour 4 : Refuge de Bachimaña -> Refuge des Oulettes de Gaube
> Jour 5 : Refuge des Oulettes de Gaube -> Pont d’Espagne.
Ainsi, arrivés au Pont d’Espagne, nous sortons nos sacs à dos (où je constate alors que Parcival a réussi à faire un sac 2 fois plus compact que le mien… je crois que je suis jaloux ne sais pas voyager léger), laçons nos chaussures et déployons nos bâtons.
Je fais un crochet par l’accueil pour informer l’équipe que nous partons en randonnée 5 jours et laissons la voiture sur le parking pour la semaine. La personne de l’accueil prend mon nom, l’immatriculation de la voiture et mon numéro de mobile « au cas où » me dit elle (heu, comment ça « au cas où » ?).
Elle m’annonce aussi une bonne nouvelle : si le tarif de la journée de parking au Pont d’Espagne est à 8 euros, pour les randonneurs qui y laissent leur voiture plusieurs jours, le forfait passe alors à 11 euros pour toute la durée du séjour, quel que soit le nombre de jours.
A peine partis à 13h30 (pas très matinal pour un premier jour de randonnée), nous nous rendons vite compte que nos téléphones mobiles ne captent plus de réseau. Et vu le parcours, cette semaine s’apparente presque à une ébauche de détox de téléphone mobile donc !
Nous traversons une belle forêt le long d’un chemin bien balisé (à tel point balisé qu’il ressemble presque à une voie romaine) passons le fameux pont d’Espagne qui enjambe une belle cascade entourée de sapins, avant d’arrivée à l’hôtel du Pont d’Espagne qui offre lui aussi un beau panorama sur une très belle série de chutes d’eau.
Le lieu est à ce point touristique, que des zones ont été aménagées pour se prendre en photo au plus près des cascades.


Nous poursuivons notre chemin à travers la forêt, jusqu’à arriver au télésiège de Gaube.
Là, nous contournons le bâtiment par la droite et prenons le chemin indiqué par le panneau « Vallée du Marcadau par rive droite » et longeons la rivière sur sa rive droite donc (c’est bien fait ces panneaux quand même !).
Ceci dit (spoiler alert), de nombreux ponts et passages à gués nous feront passer de part et d’autre de la rivière tout au long de l’ascension…
C’est donc parti pour une belle ascension de 2h30, le long du gave et des multiples ruisseaux qui l’alimentent.
Nous passons traversons de belles prairies verdoyantes et fleuries dont la première est équipée de remontées mécaniques, qui alternent avec de belles forêts à flanc de montagne.
Juin est un mois idéal pour randonner en montagne, tant les couleurs sont belles : l’herbe est dense, les fougères déployées et les fleurs multicolores (rhododendrons, primevères, pissenlits, boutons d’or, campanules, digitales, anémones…) ajoutent des teintes vives et de belles senteurs mêlées à celle des sapins et de la terre chauffée par le soleil.



Nous traversons le gave du Marcadau en plusieurs points, grâce à des petits ponts et quelques passages à gués (avec toujours le risque, soit de glisser, soit de remplir les chaussures d’eau), et après avoir arpenté un grand pierrier, nous trouvons un endroit de rêve pour pique-niquer : au bord de la rivière, à l’ombre d’un sapin et face au Pic de Gaube (alt. 2377 m).


Parcival avait acheté du bon pain, des tomates cerises, du fromage, du saucisson, du jambon et des pêches… Pour un premier pique-nique, c’est un véritable festin !
N’ayant pas de café pour ponctuer le pique-nique, nous reprenons notre marche, le long de la rivière, jusqu’à une intersection.
Là, nous prenons la direction de Wallon nous faisant traverser une dernière fois le gave du Marcadau, puis le chemin s’enfonce dans une belle forêt, en serpentant à flanc de montagne.
Le sentier est bien aménagé, avec des pierres disposées telles des marches, laisse à penser qu’il est bien fréquenté. Il est d’ailleurs tellement bien arrangé et tracé qu’il n’y a d’ailleurs pas de balisage. Donc, sauf à y mettre une sacrée dose de mauvaise volonté, il est impossible de se perdre.

Nous dépassons des bergers qui accompagnent un troupeau de moutons et brebis dans les alpages, aidés d’un Border Collie qui canalise les bêtes qui seraient tentées de s’échapper. Le chien nous laisse passer dans l’indifférence la plus totale, sans nous regarder ni aboyer… Cette race est vraiment plus sympa que les Patous (ceci dit, ils n’ont pas les mêmes rôles auprès du troupeau)!
Les cloches du troupeau carillonnent à tout rompre et cette mélodie pastorale rend d’ailleurs un bien meilleur hommage à la fête de la musique que certains groupes entendus dans les rues de Bordeaux quelques jours plus tôt…

Plongés dans la forêt, baignés d’une douce lumière qui traverse les sapins et les bouleaux, nous apercevons au loin les sommets dont certains sont couverts de névés.

Puis, à la sortie de la forêt, nous passons sur une crête rocheuse qui se prolonge en un petit promontoire lequel offre une belle vue sur le refuge de Wallon Marcadau perché à 1965 m d’altitude, que nous rejoignons en quelques enjambées.

Arrivés à destination à 16h30, après quelques 8,5 kms, nous faisons le check-in, et allons déposer les affaires dans notre dortoir.
Le refuge a été refait récemment et les dortoirs sont divisés en petits groupes de 4 lits. C’est super confort (il y a tout de même 112 couchages).
Ici, il n’y a pas de réseau 4G, ni de wifi… La déconnexion est bien confirmée !
Nous faisons une pause pour nous hydrater d’une bonne bière, face à un paysage grandiose : en contrebas du refuge coule une petite rivière dans une prairie, qu’entourent de belles barrières montagneuses dont on distingue et surtout le Vignemale (3298 m) caché derrière une barrière de pics acérés, dont le Pic Wallon (2645 m) qui donne son nom au refuge.


A quelques encablures au-dessus du refuge est érigée une petite chapelle que nous décidons d’aller voire après la petite pause, et avant d’aller plonger nos pieds dans l’eau glacée du torrent, afin de les délasser dans une eau glacée.
En sortant de ma douche plus tard, un randonneur me dit s’y être baigné et qu’elle était plutôt froide (sans blague ?) mais revigorante (je veux bien le croire, là…).

De retour au refuge, alors que le linge sèche au soleil, nous prenons un petit apéritif en attendant le dîner (prévu à 19h00), où nous retrouvons les bergers croisés plus tôt qui dégustent aussi une bonne bière bien fraîche.
Après un bon repas – constitué d’une soupe, d’une daube accompagnée de riz, du fromage et un brownie chocolat-coco – et de grosses discussions avec des randonneurs et des pêcheurs de truite passionnés (et bien que supporteurs du Stade Toulousain et non pas de l’UBB, ils étaient sympas et rigolos quand même) nous partons prendre un peu l’air sur la terrasse face aux montagnes.
Au loin, sur l’autre rive de la rivière, les cloches du troupeau retentissent, les moutons et brebis prennant possession des flancs de la montagne, bien gardés par un patou.
Alors que le soleil a disparu derrière les montagnes, nous regagnons le dortoir à 22h00, car c’est déjà l’heure de l’extinction des feux.
Et avant de m’endormir, je caresse le secret espoir que la marche au cours des 4 prochains jours sera aussi facile que cette première journée (Spoiler Alert : non, pas du tout !) et que les paysages seront aussi beaux (Spoiler Alert : absolument, voir encore plus beaux !).
Avec 2h15 de marche, 8,5 kms parcourus et 508 m de dénivelé positif (et 110 m de dénivelé négatif), sous le soleil et avec de beaux paysages colorés, force est de constater que cette première journée était une chouette petite promenade de remise en jambe pour ouvrir le bal de ces 5 jours !
Jour 2 > Randonnée itinérante dans les Pyrénées : du Refuge de Wallon-Marcadau (en France) vers le Refuge de Respomuso (en Espagne), par le col de Cambalès et le Port de la Peyre Saint Martin.
Je ne sais pas si c’est au fait que c’est la première nuit en altitude, ou fait que la température élevée durant la nuit (le refuge est bien isolé), mais force est de constater : je n’ai pas super bien dormi.
Ainsi donc, réveillé à 6h00 du matin par les claquements des portes, je me lève prestement péniblement, m’habille, range mes affaires et rejoins Parcival au petit déjeuner (il s’est réveillé encore plus tôt que moi, pour profiter du lever de soleil sur les montagnes… Je sais que comparaison n’est pas raison, mais j’ai presque l’impression d’avoir fait une grasse mat’ !).
Il est 7h30 : Nous partons en direction du Col de Cambalès (donné pour 2h45), dont le sentier passe par la petite chapelle avant de s’enfoncer dans la forêt.
Seuls sur le sentier, nous sommes accompagnés par le son des éclats de l’eau sur les rochers qui descend de la montagne à cheval en cascade, auxquels se mêlent les chants des oiseaux… La nature qui réveille après moi (et vu comme je suis matinal, cette précision revêt pour moi une certaine importance) !
La pente se raidit et ça commence à grimper fort. Heureusement les racines des pins à crochets et les rochers forment des marches le long d’un sentier fleuri.


Nous sortons de la forêt et nous trouvons à une intersection où un panneau indique la direction vers le lac de Cambalès et le col éponyme ; et après avoir franchis une rivière à gué, nous traversons une plaine parsemée de fleurs et de rochers où quelques sapins font de la résistance.
Alors que le soleil se détache des cimes en venant colorer les montagnes qui s’enchainent les unes derrière les autres, nous franchissons des ruisseaux qui dévalent les flancs de la montagne, ainsi que de petites cascades en sautant de rocher en rocher (sans glisser, ni se mouiller les pieds… un gageure !), dans un paysage qui confère au sublime, entre rochers, bruyères et rhododendron bien fleuris.




Il commence à faire déjà bien chaud, alors qu’il n’est que 8h00 du matin !
Un promontoire rocheux offre une belle vue dégagée sur la vallée et surtout sur le Vignemale qui s’est détaché des pics.
Nous poursuivons notre ascension vers le lac de Cambalès le long d’un sentier fait de rochers, entouré de quelques fleurs éparses.



Au loin, une marmotte lève la tête intriguée par notre passage, avant de poursuivre sa course à flanc de montagne et disparaître derrière des rochers.
Nous passons au loin de 3 petits lacs et remontons le long d’une jolie petite cascade qui vient du déversoir du Lac de Cambalès, au pied du Pic de Peyregnets de Costalade (alt. 2740 m).


Une brise légère caresse les herbes et font onduler l’eau des lacs, alors que résonnent les piaillements des oiseaux au-dessus de nos têtes.
Nous arrivons au lac de Cambalès Lac de Cambalès (alt. 2350 m) et poursuivons en direction du col Cambalès.
Le problème est qu’il n’y a plus de panneau directionnel. Nous apercevons quelques cairns qui indiquent un chemin et qui nous amène à contourner le lac par la gauche. Mais l’ascension nous semble un peu étrange, car mal tracé. Le doute nous assaillant, Parcival regarde sa carte GPS et s’aperçoit que ce chemin n’amène pas du tout vers le col et que nous ne sommes pas du tout sur le bon tracé.
Nous rebroussons donc notre chemin et redescendons en direction du lac jusqu’au niveau du déversoir. Une ascension pour rien… ou presque pour rien, car avec les montagnes, le lac, les rhododendrons en fleurs, les gentianes violettes et boutons d’or, ainsi que les fougères qui se déploient, la vue était quand même magnifique !

Nous traversons alors le lac au niveau du déversoir, en passant à gué sur les rochers, puis nous poursuivons notre chemin en contournant le lac par la droite.

Puis nous remontons en direction du col de l’autre côté du lac, en traversons un énorme et long pierrier.
Le pic de Cambalès (alt. 2965 m) se dresse fièrement face à nous, avec une belle écharpe blanche de névé.
L’ambiance alpine est alors à son comble !


Il n’y a pas qui vive, à part 2 randonneurs qui avaient bivouaqué au bord du lac et qui poursuivent l’ascension avec nous, des milans qui fendent le ciel à la recherche de leur petit déjeuner et que, au loin, retentissent les cloches de quelques vaches, venu se repaître des rares herbes vertes.
Et puis, à quelques 2560 mètres d’altitude, les premiers névés apparaissent sur le chemin de pierres : d’abord sporadiques et petits, ils deviennent de plus en plus conséquents, à tel point que le chemin disparaît totalement sous la neige.

Parcival dégaine de nouveau sa carte qui confirme le sentier à suivre, lequel sera rapidement sera confirmé par quelques cairns qui émergent ça et là au-dessus de la neige. Nous les traversons (pour l’instant) sans avoir à chausser nos crampons, ni à l’aide de piolet (ça tombe bien, je n’ai que des crampons dans le sac…).
Par endroit les névés sont recouverts de sable du Sahara, leurs donnant une teinte orangée, et sur lesquels prolifèrent aussi des algues rouges.
Arrivés à 2600 mètres, nous sommes encore loin du col et déjà il n’y a plus de végétation ; seulement des rochers blancs, gris et oranges, dont les couleurs sont plus intenses sous le ciel bleu, entre lesquels poussent des petites plantes grasses en forme d’artichaut et entourés de névés.
Au pied du pic de Cambalès, un nouveau lac se détache du relief entre rochers et névés et révèle une eau bleu roi encore partiellement prise par les glaces.

Le dernier névé franchis, l’ascension vers le col se fait soudain plus raide sur la dernière partie.
Si nous n’avons pas glissés lors de la traversée des névés (avec une pente pourtant bien raide, pour le dernier), là cailloux et gravillons se dérobent sous nos pas, rendant chaque foulée plus incertaine ; j’avance au ralenti, non sans une certaine appréhension.


Alors que Parcival est en tête (loin devant), loin derrière je n’en mène pas large.
Un des randonneurs qui fait l’ascension vers le col avec nous, se tourne vers moi, blême et m’avoue qu’il ne se sent pas du tout à l’aise (c’est marrant, moi non plus !), car il a peur du vide (c’est marrant, moi aussi !), alors que son binôme appréhende aisément la montée. A sa remarque, je me sens beaucoup moins seul dans cette phase finale de l’ascension et d’un coup cela enlève un peu de crainte… A croire que verbaliser et partager ses peurs aide se sentir plus solidaire et redonne un coup d’énergie !
Et à 11h10, nous arrivons au col de Cambales (alt. 2706 m), soit 3h40 après le départ du refuge.
Le col est assez étroit, mais offre un sublime panorama de part et d’autre : côté est, sur la vallée du Marcadau, dont nous venons. Et côté ouest, sur la vallée d’Arrens.


Nous laissons les 2 acolytes et descendons le chemin en lacets (pas loin d’une cinquantaine) le long d’une pente bien raide, exposée, avec des cailloux qui se dérobent parfois régulièrement sous nos pas (ils sont joueurs…). Je me fais d’ailleurs quelques petites frayeurs en glissant. Et pour éviter tout risque, et assurer une descente plus « sereine » (autant qu’elle puisse l’être en pareille circonstance), j’adopte une technique beaucoup moins esthétique, mais tout aussi efficace : en descendant sur les fesses.
C’est pas le gros kif de la matinée, mais dans ce décor très minéral se dégage une beauté brute qui fait oublier la difficulté (ou en tous cas l’atténue) ! Seuls, dans l’immensité de ce massif vieux de quelques 40 millions d’années, ça appelle à l’humilité (surtout quand on descends sur les fesses)…

La descente du col de Cambalès effectuée, nous poursuivons à flanc de montagne, et traversons un grand pierrier, interrompu par 2 grands névés.
Le 2ème névé franchis, nous apercevons, caché derrière les rochers les cornes de ce qui semble être soit un isard, soit un bouquetin.
Et le temps de contourner le rocher, ce n’est pas un, mais tout un troupeau de bouquetins pyrénéens, rapidement rejoint par un deuxième troupeau… C’est magique !



Peu farouches, nous arrivons à les approcher de près et les voyons évoluer à flanc de montagne aussi alertes sur ce terrain accidenté que moi sur un terrain plat ! Nous voyons que certains portent des bagues aux oreilles. Ils font en fait partie d’un vaste plan commencé en 2010, de réintroduction de bouquetins dans les Pyrénées, après leur disparition en 1910, les derniers mâles ayant été abattus au lac de Gaube.


Nous restons un bon petit moment à les observer évoluer, puis reprenons notre chemin.
Nous quittons les pierres instables et poursuivrons sur un sentier bien plus stable (ce qui n’empêche pas de se vriller la cheville de temps en temps, sinon ce n’est pas rigolo) en direction du port de la Peyre Saint Martin dont le chemin partage le GR11, mais aussi une étape du Chemin de St Jacques de Compostelle.
Il est 13h00 : nous arrivons au Port de la Peyre Saint Martin (alt. 2295 m), qui marque la frontière entre la France et l’Espagne, dans la province d’Aragon.
Nous entamons la descente et profitons du changement de pays pour faire une pause pique-nique bien méritée (si, si quand même !) et nous régalons des restes de la veille (je crois que le saucisson et encore meilleur !), dans un décor magnifique entre rochers petite rivière et lac de Campo Plano en contrebas, le tout ponctué de rhododendrons bien fleuris.

Puis nous partons en direction du lac de Campo Plano (alt. (2150 m) que nous rejoignons en 1h30 de descente et contournons sur sa rive gauche.
Entre les pics et leurs écharpes blanches de neige, les prairies colorées de fleurs roses et les eaux bleues cristallines du lac qui reflètent un beau soleil, l’endroit est vraiment magnifique. A tel point que, comme il fait bien chaud, nous décidons de faire un petit arrêt afin de s’y baigner.
L’eau est fraîche, mais ça fait tellement de bien ! Surtout après la longue marche de ce matin.


Le vent se lève faisant des petites vagues sur le lac.
Dans le ciel, les nuages s’amoncellent, et les cumulonimbus, annonciateurs d’orage, semblent s’accumuler là d’où nous venons. C’est donc le moment idéal pour partir en direction du refuge de Respomuso !
Le lac contourné, le chemin nous conduit vers un grand mur en béton que nous longeons, avant de remonter en direction d’une brèche qui ouvre un beau paysage avec, au fond les sommets et, en dessous de nous 2 petits lacs naturels qui alimentent un grand lac, artificiel : le lac de Respomuso (alt. 2114 m).
Nous passons à proximité d’un vieux refuge non gardé et construit en pierre : le refuge Alfonso XIII.

Nous contournons le lac par la droite, sur un sentier en pierre qui le surplombe et nous offre des panoramas sublimes, entre pins à crochet, rhododendrons bien fleuris, eaux du lac aux couleurs bleu foncé et turquoise.
Cela me rappelle le lac de Gréziolles (à proximité de La Mongie) en plus grand ; c’est tout aussi sublime.



Nous arrivons au Refuge de Respomuso (alt. 2200 m) qui surplombe donc le lac éponyme, alors que l’orage commence à gronder au loin (mais heureusement, pas sur nous !).
Nous faisons le check-in dans le refuge de Respomuso. Puis, je pars prendre un douche, pour me détendre, avant de rejoindre Parcival pour se désaltérer d’une bonne petite bière (qui finit de me détendre…), face au lac.
Il n’y a toujours pas de réseau 4G, ni de wifi… La cure de déconnexion se poursuit dans un décor grandiose.

Assis face au lac, nous observons le spectacle hypnotique du vent qui vient caresser sa surface, créant de petites vaguelettes aux déplacements erratiques qui, avec le scintillement des rayons du soleil semblent couvrir l’eau de milliers de paillettes d’or. C’est tout simplement magnifique.

19h30 : nous passons à table. Nous dînons avec une Mexicaine venue faire ses études et travailler à Madrid et qui a décidé de faire la traversée des Pyrénées par la Haute Route et s’est offert le luxe d’un refuge, délaissant sa tente et son duvet le temps d’une nuit.
20h15, le dîner terminé (c’était rapide, mais très bon…), nous allons récupérer le linge qui sèche dehors et profitons des magnifiques couleurs or du ciel, alors que le soleil disparaît derrière les sommets.

21h00 : nous nous couchons avec l’ambition de nous lever à 5h50 le lendemain (je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ça va piquer !).
Avec 6h50 de marche, 12,9 kms parcourus et 960 m de dénivelé positif (et 715m de dénivelé négatif), je ne me mets pas longtemps à m’endormir, les yeux pleins des paysages magnifiques que nous avons traversés et de notre rencontre magique avec les bouquetins…
Jour 3 > Randonnée itinérante dans les Pyrénées : du Refuge de Respomuso au refuge de Bachimaña via le col de Piedrafita et le col de l’Enfer ; une journée en Espagne.
Bonne nouvelle : Le réveil a bien sonné à 5h50 !
Les yeux encore collés, je me réveille étonnamment en forme !
Il faut dire que la journée de la veille avait été physiquement intense et, à 21h15, je ne me suis pas fait prier pour m’endormir (surtout que le jeu dans les dortoirs est de s’endormir idéalement avant les gros ronfleurs) et force est de constater que le sommeil a été réparateur.
Les affaires rangées dans le sac, je descends en salle de petit déjeuner où je retrouve Parcival face à la carte topographique. Après étude de celle-ci et des chemins possibles, il me soumet une petite idée (aïe) pour rejoindre le refuge de Bachimaña : rallonger le trajet (re-aïe) – donné initialement pour 5h de marche – et faire un détour en empruntant des chemins de crêtes (re-re-aïe)…
J’avoue que, si « le sommeil a été réparateur » (pour me citer), à 6h00 je ne suis pas encore assez bien réveillé pour argumenter, peu excité à l’idée de marcher avec le vide de part et d’autre du chemin (la randonnée au Mont Aorai à Tahiti – se rappelant à mon bon souvenir).
Mais bon, vu l’enthousiasme de Parcival, je capitule (mais ai-je bien eu le choix ?) et me fais une raison : la vue depuis le chemin des crêtes devrait largement récompenser les efforts et cela me donnera l’occasion d’affronter ma peur du vide.
Enfin, j’espère…
7h00 : nous quittons donc le refuge de Respomuso et nous mettons en marche sur le chemin direction le refuge de Bachimaña qui emprunte le GR11.
Mais plutôt que de revenir sur nos pas de la veille, nous décidons de rejoindre l’autre côté du lac en passant par le barrage (construit en 1954), ce qui rallonge un peu la marche (on a le temps après tout, pourquoi prendre un raccourci ?).

A proximité du barrage, sous le pic du Balaïtous (alt. 3146 m), se dresse une petite chapelle, avec une vue magnifique sur le lac entouré au loin de pics remarquables (Cambalès, Grande Fache, Piedrafita, Tebarrai, Forqueta).
Au pied du mur du barrage, nous distinguons à quelques 55 mètres plus bas, 3 isards en recherche de nourriture. Mais, nous ayant eux aussi repérés, ils s’enfuient dans les rochers en quelques bonds bien assurés. C’est fou comme les isards sont bien plus farouches que les bouquetins rencontrés la veille.

Nous traversons les 207 mètres de la crête bétonnée du barrage – avec, d’un côté, le lac et de l’autre un dévers particulièrement vertigineux (wow, ça fait haut 55 mètres en fait… et les rochers en bas ont l’air bien saillants ! bon, regarde côté lac, plutôt qu’en bas et avance… mais dis donc, mais qu’il est beau ce lac !). Heureusement il y a un de bons garde-corps tout le long !
Et l’autre rive du lac atteinte, nous poursuivons notre marche le long d’un sentier à flanc de montagne, entre rhododendrons fleuris et cascades qui alimentent le lac, que nous devons traverser sans trop nous mouiller les pieds (bon, tant pis, le pied sèchera dans la journée…).


Nous profitons du magnifique lever de soleil qui émerge au-dessus des montagnes et dont les rayons, rasant les sommets et transperçant la brume matinale, viennent progressivement éveiller les couleurs d’un paysage onirique.
Plongés dans ce paysage immense où le sublime se révèle doucement, nous avons soudain l’impression d’être transporté quelque part en Terre du Milieu, à arpenter les pages du Seigneur des Anneaux de Tolkien.



Alors que le soleil recouvre d’or la surface du lac dessinant les contours de ses îles arborées, autour de nous les boutons-d’or, bleuets, chardons, œillets, rhododendrons, fougères, colorent de mille fleurs la prairie que traverse le sentier.
» La marche est un grand dispensateur d’émerveillement » – Charles Wright (Le Chemin des Estives).
Et en effet, à 2200 mètres, le chemin offre, entre lac et sommets, des panoramas particulièrement sublimes, source intarissable d’émerveillement.

A tel point que, manque de vigilance ou d’indications claires sur le terrain (je penche plutôt pour cette explication), nous manquons la bifurcation qui fait reprendre le GR11 en direction du col de Piedrafita et continuons de marcher sur quelques centaines de mètres.
Parcival, ayant l’intuition que nous avons trop marché, sort son téléphone pour rechercher le sentier sur la carte et notre positionnement par rapport à celui-ci. Le verdict tombe : nous ne sommes pas du tout sur le chemin qui mène au col. L’absence de panneaux sur le terrain nous a donc bien fait marcher 500 mètres de plus.
Nous rebroussons donc notre chemin et après quelques hésitations (et surtout grâce au positionnement sur la carte GPS), nous retrouvons bien le chemin du GR11 et partons en direction du col de Piedrafita, avec un petit détour d’un kilomètre, juste pour le plaisir !

Le vent se lève ; les marmottes aussi.
Perchée sur un promontoire rocheux au-dessus de nous une marmotte, siffle à notre passage en véritable gardienne de la vallée (ou alors elle se moque ouvertement de nous…).
Nous passons à l’ombre des pics de Campo Plano (alt.2717 m) et de Llena Cantal (alt. 2941 m) et montons le long d’une grande prairie verte, dans laquelle une autre marmotte nous observe avant de rapidement rentrer dans son trou, à mesure que nous approchons d’elle.


Alors que des bouquetins évoluent en amont de nous, nous remontons alors le ruisseau en direction du pic de Llena Cantal que nous allons contourner. Parcival m’annonce tout fier (alerte divulgachage) : ça va grimper sévère !
Je sens qu’on va bien rigoler…
Et en effet, la montée fut raide… Mais honnêtement, sans grande difficulté !
Et surtout elle offre une belle récompense à l’arrivée, puisque, dans un décor de haute montagne, niché au sein un petit cirque un lac, bordé d’un joli névé, siège sous le pic du Llena Cantal (alt. 2941 m) et le pic de Tabarrai (alt. 2886 m) : le lac Llena Cantal (alt. 2440 m).

Nous contournons le lac Llena Cantal (où nous apercevons au loin le Pic du Balaïtous – alt. 3146 m), et montons en direction du col de Piedrafita en enchaînant traversée de névés et de rocaille, sans avoir à chausser les crampons.
Arrivés à 2600 mètres d’altitude, le chemin se met à grimper sévèrement. A tel point que l’ascension vers le col se fait désormais en marchant en zigzag.
Parcival ouvre la marche et grimpe comme une fusée avec l’assurance d’un dahu (Non, mais c’est pas possible, il a chopé un Cheat Code ou quoi ?) !


Puis le chemin disparaît sous la neige et la pente se raidit fortement pour monter les 40 mètres qui nous séparent du col.
Nous évoluons désormais face à la pente, plantant vigoureusement nos bâtons et les pointes des pieds dans la neige pour grimper ardemment.
La pente est tellement raide qu’elle en est vertigineuse, faisant d’ailleurs passer la traversée de la corniche en direction du Pic du Taillon, durant laquelle j’avais eu un joli petit vertige, pour une promenade de santé.
J’avoue : j’ai connu des ascensions plus sereines !
Et pour ajouter un peu de « piquant », un vent frais s’engouffre dans le col de Piedrafita alors que les nuages s’accumulent au-dessus de nos têtes et quelques gouttes se mettent à tomber du ciel.
Et dire que la météo annonçait beau temps pour la matinée (soupirs)… Je crois que quelqu’un a croisé une marmotte noire un chat noir ce matin (re-soupirs) !

Là, face à la pente, dans l’ombre des pics de Piedrafita (alt. 2952 m), de Marmoleras (alt. 2908 m) et de Tebarrai (alt. 2886), dans le vent et sous les gouttes de pluie, la neige accroche de moins en moins rendant l’ascension glissante et incertaine, je me demande ce que je fous là plante mon pied qui dérape, entrainant avec lui un petit paquet de neige molle, des cailloux et mon deuxième pied…
Je commence alors à glisser et réalise que je n’ai rien pour m’agripper !
Je tente bien de m’aider des bâtons et les planter dans la neige meuble pour enrayer la chute, mais rien n’y fait ; je perds mes appuis et continue de dévaler dans la pente raide.
Heureusement j’arrive à stopper mon inexorable descente en plantant un bâton à l’horizontal et m’arrête net, alors que mon genou gauche vient s’écraser contre une pierre saillante cachée sous la neige, déclenchant une légère bonne décharge.
Bonne nouvelle : alors que cette « petite » glissade s’est passée très vite, je n’ai pas vu ma vie se dérouler devant mes yeux, seulement la pente ! J’en conclue donc tout naturellement que je suis encore en vie et en une seule pièce (Ouf ! Je vais pouvoir continuer d’écrire sur cette randonnée), hormis une douleur au genou.
Plus de peur que de mal donc, car je n’ai pas dévissé et je ne m’en tire qu’avec une petite égratignure et surtout un gros coup de chaud !
Le cœur battant à tout rompre, les jambes flageolantes et les bras abandonné de toute force, je me remets de mes émotions en invoquant le Créateur respirant lentement et profondément et reprends lentement l’ascension les yeux fixés vers ce satané col de Piedrafita.
« Dans mon angoisse, j’ai crié vers le Seigneur et lui, il m’a exaucé » (Psaume 117 ; oui, j’avoue, je n’ai pas fait que respirer profondément), car sur la gauche du sentier aux pierres glissantes, les rochers émergent que l’on peut grimper en mettant les mains.
Mais surtout, un câble métallique a été fixé dans la montagne : il va bien faciliter les derniers pas de l’ascension vers le col, qui s’apparente donc plus à de l’escalade qu’à de la randonnée !
Ainsi, j’avance à tâtons, le câble dans une main, les bâtons dans l’autre et une main pour m’agripper à la roche (comment ça, t’as 3 mains ? Non, je mais je me débrouille comme je peux pour grimper et attraper les rochers avec les bâtons dans ma main… Et c’est pas simple ! Et puis me déconcentre pas, c’est assez exposé et vertical !) et avec une douleur de plus en plus vive dans le genou.
Heureusement, il ne reste que quelques pas (et mains) jusqu’au col de Piedrafita…
Et à 10h15, j’arrive enfin au col de Piedrafita (alt. 2771 m) !
Vu que j’étais bien concentré sur l’ascension, je n’ai bizarrement pas pris de photo ; mais pour vous donner une petite idée de l’ascension du col de Piedrafita par sa face nord, voici une vidéo trouvée sur Youtube (en revanche, il n’a pas eu la chance d’avoir de la neige, lui) :
Ça me coûte de l’avouer, mais Parcival avait finalement bien raison : ça a vraiment bien grimpé !
Et je crois que j’avais un peu « trop pris la confiance » lors de la première étape de l’ascension…
Mais bon, la vue offerte de l’autre côté du col vient, à elle seule, récompenser la difficulté car le panorama est vraiment sublime : en contrebas, le lac de Tebarrai (alt. 2738 m) aux eaux couleur bleu-roi, trône dans un décor minéral.
Entouré d’un côté du flanc de la montagne aux pierres bien noires, au travers desquelles serpente le sentier, il ouvre de l’autre côté, au niveau de son déversoir sur une succession de sommets à l’horizon. Quelques larges blocs de glace flottent sur la surface du lac, à peine perturbée par le vent qui se renforce.

Après le coup de stress de l’ascension, je reste silencieux, dans un état extatique à contempler le paysage et heureux d’avoir surmonté mes peurs et frayeurs.
Nous y retrouvons Gretchen, une jeune allemande rencontrée la veille au refuge et qui fait la traversée des Pyrénées en solo (ce n’est pas un nom d’emprunt pour conserver son anonymat, c’est jusque que j’ai oublié son prénom). Elle semble rassurée de nous voir arriver, après l’ascension qui lui a créé quelques frayeurs (elle aussi… je me sens moins seul !).
Là, au col de Piedrafita, entre le pic de Tebarrai (alt.2886 m, sur notre droite) et le pic de Marmoleras (2908 m ; sur notre gauche), pris face au vent qui redouble d’intensité, vient s’ajouter au plaisir d’être arrivé au col, la pluie mêlée de grésil. Le kiff !
Nous enfilons coupe-vent et couverture de protection pour le sac ; et mélangeant vitesse et précipitation entre 2 rafales, dans un geste d’adresse la plus absente, j’en viens à déchirer la cape du sac contre un roche saillant.
Gretchen m’avoue avoir le vertige et, alors qu’elle se remet de ses émotions, préfère me laisser descendre en premier (enfin, en second car Parcival est déjà loin devant… ou plutôt en bas).
C’est drôle (bon, je ne suis pas sûr que « drôle » ce soit le meilleur qualificatif), car c’est la deuxième fois depuis le début de cette randonnée que je croise des randonneur sujets au vertige et qui pourtant n’hésitent pas à venir en montagne exorciser leur peur en montagne. La nature a quand même un don pour nous tester et nous aider à repousser nos limites, et en plus dans un cadre sublime.
Compte tenu de la météo, Parcival préfère changer de plan et s’en tenir finalement à l’itinéraire initial, donc ne pas faire le détour par les crêtes. Étrangement, j’ avoue que suis trop déçu approuve sa décision…
Nous entamons donc la descente en direction du col del Infierno (c’est marrant, vues les conditions d’ascension, j’aurais pensé que c’était celui-ci le col de l’enfer…).
A partir de maintenant, la randonnée n’est plus qu’une longue descente jusqu’au refuge de Bachimaña.
Celle-ci commence d’ailleurs par une pente un peu raide sur une quinzaine de mètres, avant que le sentier ne se prolonge, à iso-altitude, à flanc de montagne sous le pic de Marmoleras et en surplombant le lac de Tebarrai.

Cela me rappelle les randonnées sur les crêtes de volcan en Indonésie (Kawah Ijen et Mont Bromo à Java, ou encore le Volcan Batur à Bali).
Sous le ciel nuageux et les cailloux du sentier, tout est gris autour de nous.
Et si la randonnée avait commencé avec l’impression d’être en Terre du Milieu, autour du lac de Respomuso, le passage du col de Piedrafita sous les nuages et dans le vent, nous a fait basculer en plein Mordor.

Heureusement, arrivés au col del Infierno (alt. 2721 m), la pluie s’arrête et les nuages restent haut dans le ciel.
Là encore, la vue depuis l’enfer le col del Infierno est sublime : ouverte sur 2 lacs – le Lac Bleu Supérieur (alt. 2410 m) et le Lac Bleu Inférieur (alt. 2370m) – nous apercevons au loin le Vignemale (alt. 3298 m) qui émerge majestueusement derrière les pics de Sarrato (alt. 2881 m) et de las Neveras (alt. 2892 m).


Alors que des éclaircies apparaissent dans le ciel, nous enlevons nos coupe-vent et descendons en direction des lacs en traversant un très long névé, ponctué de gros rochers…
Lestés de nos sacs et en mettant le poids sur les talons, on arrive presque à glisser (bon, pas aussi bien qu’en ski… mais l’idée est là)…
Presque… En tous cas, c’est plus fun que de descendre en marchant sur les cailloux !
A mesure que nous approchons du petit lac Bleu Supérieur en forme d’un cœur bleu au sein des montagnes, les derniers névés s’estompent


Nous le longeons le long d’un sentier où le chemin verdit, entre les cailloux et rochers multicolores (blancs, gris, noirs et rouge), les fleurs percent çà et là (boutons d’or, perce neiges, petits blanches, narcisses, bleues).
Puis nous poursuivons notre marche le long du ruisseau qui vient alimenter le Lac Bleu inférieur, puis le long du torrent qui quitte ce dernier pour rejoindre le lac de Bachimaña (alt. 2207 m) en formant parfois de jolies petites cascades, à mesure que nous perdons de l’altitude.
Nous traversons le torrent à gué, plus en aval, afin d’arpenter le sentier qui surplombe les eaux bleues du lac de Bachimaña sur notre gauche, entre rochers et rhododendrons aux fleurs bien roses.


Encore une fois, le panorama est particulièrement sublime – surtout sous le ciel bleu bordé de nuages – et donne envie de se poser pour pique-niquer afin de profiter de la quiétude du lieu car, à part Gretchen, nous n’avons croisé que 4 randonneurs durant toute la matinée.
Qu’elle est agréable cette impression d’être coupé du monde, sans réseau, loin du bruit des vallées et vociférations des villes.
Plongé dans le calme de la montagne, dans l’effort d’une marche lente mais régulière, les sens en éveil – sentir l’air sur la peau, se régaler des odeurs de fleurs et d’herbes fraiches, s’émerveiller des panoramas, se réjouir des couleurs – provoque un vrai sentiment de plénitude là, à 2500 mètres.
Face à la beauté du lieu, cette sensation de sérénité est particulièrement saisissante – surtout après l’ascension assez stressante engagée et la joie de descendre les névés le long des lacs – voire apaisante (ouh punaise, je crois que je suis à 2 doigts de devenir agoraphobe…).


Il est déjà 13h00 et le petit déjeuner nous apparaît comme un lointain souvenir (en tous cas, j’ai hyper faim !).
Mais le vent se lève et souffle en grosses rafales. Les nuages, alors empêchés par les montagnes, se regroupent et viennent obscurcir le ciel.
Par mesure de précaution, j’enfile mon coupe-vent et remets la protection du sac (sans le déchirer cette fois…).
Le tonnerre se fait entendre, là où les nuages les plus noirs se sont accumulé dans la vallée voisine.
Nous avons de la chance : au-dessus de nos têtes, des nuages gris déversent seulement quelques gouttes, mêlées de grésil. L’orage reste cantonné de l’autre côté de la montagne, nous épargnant… En tous cas pour l’instant !
Finalement, nous décidons de rejoindre le refuge de Bachimaña afin d’y pique-niquer, au cas où l’orage décidait de changer de vallée et se rapprocherait de nous (ça peut être fourbe un orage en montagne…).
A mesure que nous nous rapprochons du barrage (ah oui, c’est un lac artificiel), lequel alimente un deuxième réservoir, le chemin – jusque-là de terre et cailloux – devient une voie construite, ressemblant à une voie romaine.
En contournant le 2ème petit lac artificiel, nous croisons (enfin ?) quelques randonneurs, avant de traverser la passerelle et rejoindre le Refuge de Bachimaña (alt.2200 m), érigé sur un promontoire rocheux et surplombant le lac artificiel.



13h45 : Nous arrivons au refuge de Bachimaña !
Nous nous asseyons sur la terrasse, à l’abris du vent et entamons notre repas face au lac.
Mais…
14h05 : Quelques petites gouttes, suivies d’une rafale musclée et accompagnée d’une grosse averse de grésil, nous force à rapidement plier nos affaires et vite rejoindre l’intérieur refuge, que nous atteignons à moitié trempés (nous n’avons pas été assez rapide, il faut croire…).
Nous finissons de déjeuner à l’abris à l’intérieur et en profitons pour déguster un bon café, au sec, avant d’aller poser nos affaires dans la chambre.
15h00 : La météo s’étant améliorée (le soleil a refait son apparition et les nuages semblent avoir disparus), nous décidons de partir explorer l’autre rive du lac (oui, après 6h45 de marche et 13 kms, il y avait un goût de trop peu…).
Le chemin surplombe les petites criques aux eaux clairs, du haut desquelles les rhododendrons fleuris ajoutent des couleurs rose magnifique aux variations de bleu.




Cependant le vent frais s’engouffrant entre les montagnes nous décourage de toute tentative de baignade !
Le chemin s’arrête au pied d’une corniche qui surplombe le lac et qu’il est possible d’arpenter en sécurité car un câble a été installé dans la roche, en main courante.
Ayant eu mon lot d’émotions pour la journée, je fais demi-tour et laisse Parcival continuer sa rando.


De retour au refuge, je file prendre une bonne petite douche bien chaude (quel confort d’avoir le refuge construit à côté d’un barrage hydroélectrique…), avant de faire une petite session lecture sieste (je vous jure monsieur l’arbitre : j’ai voulu lire… J’ai ouvert le livre, lu 3 lignes et… Il m’a vaincu par K-O !). D’autant que la literie est super confortable !
Entre le super accueil du couple de gérant, le confort (eau chaude, literie), la déco chaleureuse (tout en bois), le nombre de places limités et les panoramas – sur le lac d’un côté et sur la vallée de l’autre côté – le refuge de Bachimaña est vraiment une belle surprise ! J’avoue que j’ai bien envie d’y rester une nuit de plus…
Parcival rentre enchanté de son expédition (aïe), et est bien décidé à reprendre ce chemin demain matin, pour continuer notre périple pyrénéen (re-aïe) : « non, je t’assure, le passage de la corniche, c’est facile » (re-re-aïe).

Puis, alors que les nuages ont recouvert le ciel et que la pluie vient taper contre les carreaux, nous entamons un petit apéro qui finit de bien à nous détendre après une journée quelque peu chargée.
Entamé à 19h30, nous finissons le délicieux dîner à 20h20, interrompus par un énorme orage, doublé d’une grosse pluie qui se manifeste à l’extérieur.
Sortant sous le porche du refuge, quelques chasseurs d’éclairs s’équipent de leurs appareils photo, dans l’espoir de faire un beau cliché.
Avant de rejoindre nos lits, nous discutons avec le gardien du refuge qui nous donne des explications pour la rando de demain, dont le passage d’un col un peu dangereux car il y a eu des morts suite à un éboulement… Je sens qu’on va encore bien rigoler !
Couché à 21h15, alors que l’orage dehors se fait de plus en plus fort (tellement fort que, « àmandonné », j’ai cru que la foudre était tombée sur le refuge !), j’ai un peu du mal à m’endormir, entre les infos du gardien (pourtant très sympa au demeurant), l’idée de traverser la corniche rendue glissante par la pluie et les coups de tonnerre…
Finalement, avec les 6h25 de marche dans les pattes, pour parcourir 13,2 kms et 771 m de dénivelé positif (et 742m de dénivelé négatif) faisant traverser une belle variété de sublimes paysages, l’orage se fait progressivement moins présent (tout comme les ronflements des camarades de chambrée) à mesure que Morphée m’entoure de ses bras.
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